AES. Double crise au Sahel : Le Mali asphyxié par le blocus jihadiste, le Niger submergé par des inondations meurtrières

cameroun24.net Samedi le 25 Octobre 2025 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Tandis que Bamako suffoque sous la menace des groupes terroristes qui étranglent son approvisionnement en carburant, Niamey est confrontée à une montée des eaux dévastatrice. Le Sahel, entre terre et eau, sombre dans une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent.

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Le Sahel est en proie à une tempête parfaite. Alors que les inondations au Niger ont déjà fait plus de 120 victimes, le Mali voisin, lui, est confronté à une crise sécuritaire d'une nouvelle nature : un blocus économique imposé par les armes. Les deux pays, déjà fragilisés, sombrent un peu plus dans une instabilité aux conséquences humaines dramatiques.

Mali : L'essence coule, la tension monte

L'alerte est venue de l'ambassade des États-Unis à Bamako. Dans un communiqué percutant diffusé sur la plateforme X, la mission diplomatique a appelé ses citoyens à "la plus grande prudence". La raison ? Des "perturbations sévères" dans l'approvisionnement en essence et en gazole qui paralysent progressivement le pays. Ces pénuries ont engendré des files d'attente interminables devant les stations-service, affectent déjà la fourniture d'électricité et pourraient, selon Washington, "avoir des répercussions imprévisibles sur la situation générale en matière de sécurité".

Derrière cette crise, une stratégie de terreur assumée. Depuis septembre, le groupe jihadiste Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), lié à Al-Qaïda, a officiellement décrété le blocus des importations de carburant vers la capitale. Leurs cibles : les camions-citernes venant des ports de Guinée, de Côte d'Ivoire et du Sénégal. Le bilan est lourd : l'Association des importateurs de pétrole du Mali rapporte que plus de 100 camions-citernes ont été réduits en cendres par les terroristes.

Enfermé dans ses terres, le Mali, qui ne produit pas de pétrole et dépend entièrement de ses voisins pour ses 2 millions de tonnes annuelles d'importations, est vulnérable. Face à cette asphyxie programmée, l'armée malienne, au pouvoir depuis 2021, a riposté en renforçant les contrôles routiers et en escortant les convois vers Bamako. Mais pour les experts, ce blocus constitue un défi de taille pour les militaires et une menace existentielle pour une économie locale déjà exsangue.

Niger : Le déluge après la terreur

À quelques centaines de kilomètres de là, le Niger lutte contre un ennemi d'une autre nature : l'eau. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (BCAH) dresse un bilan macabre des inondations qui frappent le pays : "plus de 120 personnes ont péri". Un chiffre qui ne rend que partiellement compte de l'ampleur de la catastrophe.

Près de 55 000 habitations ont été détruites et plus de 10 000 hectares de terres agricoles submergées. Au total, ce sont environ 550 000 Nigériens qui ont été touchés par ce déluge, les régions de Dosso, Tillabéri et Maradi payant le plus lourd tribut. L'ONU et ses partenaires tentent de soutenir les efforts du gouvernement, mais lancent un cri d'alarme : les ressources pour venir en aide aux sinistrés "restent extrêmement limitées".

Un Sahel au bord de la rupture

Ces deux crises simultanées, l'une sécuritaire et économique, l'autre humanitaire et climatique, illustrent la extrême vulnérabilité de la région du Sahel. Tandis que le Mali se bat pour garder ses artères énergétiques ouvertes sous la menace jihadiste, le Niger tente de survivre à la furie des éléments. Une double peine pour une région prise en tenaille entre la violence des hommes et la force de la nature, plongeant des centaines de milliers de civils dans une détresse grandissante.
 


Twin Crises Grip the Sahel: Mali Choked by Jihadist Blockade, Niger Reels from Deadly Floods

The Sahel region is facing a perfect storm. As floods in Niger have claimed over 120 lives, neighbouring Mali is confronting a new kind of security crisis: an economically suffocating blockade imposed by jihadist groups. Both nations, already fragile, are sinking deeper into an instability with devastating human consequences.

The U.S. Embassy in Bamako has issued a stark warning, urging its citizens to exercise "increased caution" due to severe disruptions in the supply of gasoline and diesel. The shortages have caused interminable queues at service stations, impacted electricity supply, and could, according to Washington, have "unpredictable repercussions on the overall security situation."

Since September, the Al-Qaeda*-linked jihadist group Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) has officially declared a blockade on fuel imports. They have targeted tanker trucks arriving from ports in Guinea, Ivory Coast, and Senegal, burning and destroying over 100 vehicles according to the Malian Oil Importers Association. Landlocked Mali, which produces no oil and relies entirely on imports, is highly vulnerable. The Malian military has responded by escorting convoys, but experts see the blockade as a major threat to the country's fragile economy and a significant challenge for the ruling junta.

Meanwhile, Niger is battling a different foe: water. The UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) has described the ongoing floods as "deadly," with a death toll exceeding 120. The scale of the disaster is vast: nearly 55,000 homes destroyed, over 10,000 hectares of farmland flooded, and approximately 550,000 people affected. The UN is supporting government relief efforts, but warns that resources are "extremely limited."

These twin crises—one man-made and security-driven, the other natural and climate-related—highlight the acute vulnerability of the Sahel, trapping hundreds of thousands of civilians between violence and nature's fury.
 

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Moussa Nassourou

 

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