Cameroun - Politique. Tchiroma 2025 : Le « candidat de la foule » rattrapé par son bilan sur le chômage des jeunes

cameroun24.net Vendredi le 26 Septembre 2025 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le politologue Moussa Njoya démonte la thèse de l'ancien ministre, pour qui le chômage est une question de « mauvais choix » de filières. Une analyse cinglante qui interroge sur la capacité du candidat du FSNC à incarner le changement.

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Issa Tchiroma, candidat du Front pour la Stabilité et la Nouvelle République (FSNC) à la présidentielle du 12 octobre 2025, est incontestablement la surprise de cette campagne. L'ancien baron du régime RDPC, connu pour sa verve polémique, draine les foules dans ses meetings, surfant sur une vague de lassitude après 43 ans de pouvoir de Paul Biya. Certains électeurs, par dépit, affirment même préférer « le diable Tchiroma » au régime en place. Mais derrière l'effet de foule, son bilan et ses propositions résistent-ils à l'analyse ?

La question du chômage des jeunes, endémique au Cameroun, devient un point de friction. Et pour cause : Issa Tchiroma a longtemps occupé le poste de Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle. Une position qui lui vaut aujourd'hui une critique acerbe du politologue Moussa Njoya. Ce dernier fustige le « raisonnement qui transpire la paresse intellectuelle » de l'ancien ministre, qui impute régulièrement le chômage au fait que les jeunes camerounais optent massivement pour des études « littéraires » et « générales ».

Une analyse qui démonte la thèse officielle

Pour Moussa Njoya, cette rengaine est non seulement infondée mais elle « trahit toute l'ignorance » du candidat. « Si Tchiroma avait fait faire à ses collaborateurs (…) même une enquête sommaire, il aurait su que mêmes les jeunes issus des écoles d'ingénieur, y compris des écoles polytechniques, sont au chômage ! », assène le politologue. Il rappelle une réalité cruelle vécue par des « dizaines de milliers » de diplômés chaque année : ingénieurs en informatique, en génie civil, médecins ou agronomes sont contraints à la débrouillardise, au « jonglage » ou au « taclage », malgré leurs compétences et les sacrifices familiaux consentis.

L'argument de M. Njoya est imparable : le problème n'est pas la formation, mais « la morosité du climat des affaires, la faiblesse de notre tissu industriel, [et] le rachitisme de notre marché de l'emploi ». Il renvoie d'ailleurs Tchiroma à sa propre expérience, lui qui fut recruté à la REGIFERCAM avant d'être « formé sur le tas ». Preuve que « quand l'offre d'emplois est importante, les entreprises sont prêtes à transformer même des littéraires en techniciens ».

Le « converti » de la politique camerounaise face à ses contradictions

Cette charge violente met en lumière la contradiction fondamentale du candidat du FSNC. Après plus de 20 ans au cœur du gouvernement, peut-il crédiblement incarner une rupture ? Pour ses détracteurs, ses déclarations sur le chômage révèlent une méconnaissance profonde des réalités économiques ou, pire, une volonté de se dédouaner de l'échec des politiques qu'il a pourtant servies.

En conclusion, Moussa Njoya porte une estocade définitive, visant au-delà de Tchiroma l'ensemble d'une classe gouvernante « vaguement lettrée » : « vous ne comprenez rien à la "littérature", pour dire à la culture ! Par conséquent, c'est toujours de la faute de ce miroir si vous avez la gueule de travers... ».

Alors qu'Issa Tchiroma cherche à séduire un électorat jeune en quête d'avenir, cette analyse sonne comme un sérieux avertissement. La foule peut acclamer, mais le bulletin de vote, lui, pourrait bien être plus exigeant, demandant des comptes sur le passé plutôt que des promesses pour l'avenir.
 


Tchiroma 2025: The "Crowd-Puller" Candidate Haunted by His Record on Youth Unemployment

Political analyst Moussa Njoya dismantles the former minister's thesis that unemployment is due to "poor choices" in academic fields. A scathing analysis that questions the FSNC candidate's ability to represent change.

 Issa Tchiroma, candidate of the Front for Stability and the New Republic (FSNC) in the October 12, 2025 presidential election, is undoubtedly the surprise of this campaign. The former baron of the RDPC regime, known for his polemical verve, is drawing crowds to his rallies, riding a wave of weariness after 43 years of Paul Biya's rule. Some voters, out of despair, even say they prefer "the devil Tchiroma" to the current regime. But behind the crowd effect, do his record and proposals withstand scrutiny?

The issue of youth unemployment, endemic in Cameroon, is becoming a sticking point. And for good reason: Issa Tchiroma long held the position of Minister of Employment and Vocational Training. A position that now earns him a scathing critique from political analyst Moussa Njoya. The latter lambasts the former minister's "reasoning that reeks of intellectual laziness," who regularly attributes unemployment to young Cameroonians overwhelmingly choosing "literary" and "general" studies.

An Analysis That Dismantles the Official Thesis

For Moussa Njoya, this refrain is not only unfounded but it "betrays the utter ignorance" of the candidate. "If Tchiroma had asked his collaborators (...) even for a basic survey, he would have known that even graduates from engineering schools, including polytechnics, are unemployed!" asserts the political analyst. He highlights a harsh reality faced by "tens of thousands" of graduates each year: computer engineers, civil engineers, doctors, and agronomists are forced into hustling ("jonglage" or "taclage"), despite their skills and the family sacrifices made.

Mr. Njoya's argument is irrefutable: the problem is not training, but "the gloomy business climate, the weakness of our industrial fabric, [and] the stunted nature of our job market." He even refers Tchiroma to his own experience, who was recruited at REGIFERCAM before being "trained on the job." Proof that "when job supply is high, companies are ready to turn even literature graduates into technicians."

The "Convert" of Cameroonian Politics Facing His Contradictions

This sharp criticism highlights the fundamental contradiction of the FSNC candidate. After more than 20 years at the heart of the government, can he credibly embody a break? For his detractors, his statements on unemployment reveal a deep misunderstanding of economic realities or, worse, a willingness to shirk responsibility for the failure of policies he nevertheless served.

In conclusion, Moussa Njoya delivers a final blow, targeting beyond Tchiroma the entire "vaguely literate" governing class: "you understand nothing about 'literature,' meaning culture! Consequently, it's always the mirror's fault if your face is crooked..."

As Issa Tchiroma seeks to seduce a young electorate eager for a future, this analysis serves as a serious warning. The crowd may cheer, but the ballot paper could well be more demanding, asking for accountability for the past rather than promises for the future.
 

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Christ Ndiffong (Stagiaire)

 

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