Justice. Cameroun. Les autorités doivent libérer 36 manifestants détenus arbitrairement depuis cinq ans, alors que la répression des droits humains s’intensifie
Les autorités camerounaises doivent immédiatement libérer les 36 sympathisants de l’opposition détenus arbitrairement depuis cinq ans pour avoir exercé leur droit de réunion pacifique et mettre fin aux détentions arbitraires dans le pays, a déclaré Amnesty International à l’occasion du cinquième anniversaire de leur arrestation.
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AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
22 septembre 2025
Le 22 septembre 2020, plus de 500 personnes avaient été arrêtées arbitrairement pour avoir participé à des manifestations pacifiques organisées par le parti d’opposition Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dans plusieurs villes du pays. Parmi les manifestant·e·s arrêtés, 36 sont toujours en détention, dépérissant dans la prison de Kondengui à Yaoundé après avoir été condamnés par un tribunal militaire à des peines de cinq à sept ans d’emprisonnement.
« Les autorités camerounaises doivent immédiatement libérer ces personnes, qui n’ont commis aucun crime si ce n’est celui d’avoir exprimé leur opinion », a déclaré Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
« Les autorités doivent répondre à ces préoccupations et veiller à ce que personne ne soit arrêté ou détenu arbitrairement pour avoir simplement exercé son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Elles doivent également s’abstenir de juger des civil·e·s devant des tribunaux militaires car c’est incompatible avec le droit à un procès équitable et constitue donc une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. »
À la fin du mois de septembre, 24 des personnes emprisonnées auront purgé leur peine de cinq ans. L’une d’elles a subi trois accidents vasculaires cérébraux et n’a pas été libérée pour raisons médicales malgré ses demandes, selon l’avocat Hippolyte Meli Tiakouang, coordinateur d’un collectif de défense des sympathisants de l’opposition détenus.
« Trente-six recours ont été déposés depuis 2022 auprès de la Cour suprême du Cameroun, qui ne s’est encore prononcée sur aucun d’eux. Les délais sont déraisonnables. On pourrait penser que le pouvoir judiciaire fait traîner les choses afin que les peines prononcées soient exécutées », a déclaré Hippolyte Meli Tiakouang.
Le 4 novembre 2022, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire avait publié un avis dans lequel il concluait que la détention de 15 de ces leaders et sympathisants du MRC était arbitraire.
« Nous sommes profondément déçus que les autorités n’aient pas reconnu le caractère arbitraire de la détention prolongée de ces manifestants », a déclaré Marceau Sivieude.
Des arrestations et détentions abusives en hausse à l’approche de l’élection présidentielle
À quelques semaines de l’élection présidentielle lors de laquelle le président Paul Biya briguera un huitième mandat, les restrictions de l’espace civique et démocratique s’aggravent, a averti le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme le 2 septembre.
Le 4 août, au moins 54 sympathisants du MRC ont été arrêtés à proximité du Conseil constitutionnel à Yaoundé lors d’audiences préélectorales, selon Hippolyte Meli Tiakouang. Tous sont désormais en liberté sous caution. Vingt-trois d’entre eux sont poursuivis pour ‘incitation à la révolte et trouble à l’ordre public’, et risquent plusieurs années de prison s’ils sont reconnus coupables.
Le 9 août, un homme qui avait publié des vidéos appelant à manifester contre le rejet de la candidature du leader du MRC, Maurice Kamto, a été arrêté et est détenu depuis lors à la prison de New Bell à Douala sur ordre du tribunal militaire de Douala. Selon ses avocats, il est poursuivi pour ‘apologie publique du crime d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État’.
« Ces sympathisants de l’opposition n’auraient jamais dû être arrêtés. Le fait qu’ils aient été arrêtés témoigne de la répression alarmante de la liberté d’expression et de réunion pacifique au Cameroun. Les charges retenues contre les personnes poursuivies pour avoir exercé leurs droits humains doivent être abandonnées », a déclaré Marceau Sivieude.
« Ces dernières années, toute personne qui ose critiquer les autorités, qu’il s’agisse d’un·e défenseur·e des droits humains, d’un·e journaliste, d’un·e militant·e politique ou d’un·e manifestant·e, court le risque d’être arbitrairement arrêté et détenu, torturé ou maltraité, et jugé par des tribunaux militaires. Malheureusement, cette tendance s’accentue à l’approche de l’élection présidentielle. Cette parodie de justice doit cesser. »
« Les autorités doivent respecter les obligations internationales du pays en matière de droits humains, notamment celles découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auxquels le Cameroun est partie. »
Le président Paul Biya, 92 ans, au pouvoir au Cameroun depuis près de 43 ans, fera face à 11 autres candidats lors de l’élection présidentielle du 12 octobre, pour laquelle il brigue un nouveau mandat de sept ans.
AMNESTY INTERNATIONAL
PRESS RELEASE
22 September 2025
Cameroon: Authorities must release 36 protesters arbitrarily detained for five years amid crackdown on human rights
The Cameroonian authorities must immediately release 36 opposition supporters arbitrarily detained for five years for exercising their right to peaceful assembly and put an end to arbitrary detention in the country, Amnesty International said on the fifth anniversary of their arrest.
On 22 September 2020, over 500 people were arbitrarily arrested for participating in peaceful protests organized by the opposition party ‘Movement for the Renaissance of Cameroon’ (MRC) in several cities across the country. Of the protesters arrested 36 remain in detention, languishing in Kondengui prison in Yaoundé after being sentenced by a military court to between five- and seven-years’ imprisonment.
“The Cameroonian authorities must immediately release these individuals, who have committed no crime other than to express their opinion,” said Marceau Sivieude, Amnesty International's Regional Director for West and Central Africa.
“The authorities must address these concerns and ensure that no person is arbitrarily arrested or detained solely for exercising their rights to freedom of expression and peaceful assembly. The authorities must also refrain from trying civilians in military courts, as it is incompatible with the right to a fair trial and therefore in violation of the International Covenant on Civil and Political Rights and the African Charter on Human and Peoples’ Rights.”
By the end of September, 24 of those imprisoned will have served their five-year sentences. Among them, one has suffered three strokes but has not been released on medical grounds despite their requests, according to the lawyer Hippolyte Meli Tiakouang, coordinator of a collective defending detained opposition supporters.
“Thirty-six appeals have been lodged since 2022 with the Supreme Court of Cameroon, which has not yet ruled on any of them. The delays are unreasonable. One might think that judiciary drag things out so that the sentences handed down will be carried out” said Hippolyte Meli Tiakouang.
On 4 November 2022, the UN Working Group on Arbitrary Detention published an opinion which found that the detention of 15 of the MRC leaders and activists was arbitrary.
“We are deeply disappointed that the authorities have failed to recognize the arbitrary nature of the ongoing detention of these protesters,” said Marceau Sivieude.
Increasing wrongful arrests and detentions ahead of presidential election
A few weeks ahead of the presidential election in which President Paul Biya runs for an eighth term, restrictions on civic and democratic space are worsening, the UN High Commissioner for Human Rights warned on 2 September.
On 4 August, at least 54 MRC supporters were arrested next to the Constitutional Council in Yaoundé during pre-election dispute hearings, according to Hippolyte Meli Tiakouang. All of them are now on bail. Twenty-three are facing prosecution for allegedly inciting revolt and disturbing public order, and if convicted face several years in prison.
On 9 August, a man who posted videos calling for demonstrations against the rejection of the candidacy of MRC leader Maurice Kamto was arrested and has been held at New Bell prison in Douala on the orders of the Douala military court. According to his lawyers, he is being prosecuted for ‘publicly condoning the crime of undermining the internal security of the state’.
“These opposition supporters should never have been arrested in the first place. The fact that they were arrested points to the alarming crackdown on freedom of expression and peaceful assembly in Cameroon. The charges against those who are prosecuted for exercising their human rights must be dropped,” said Marceau Sivieude.
“In recent years, anyone who dares criticize the authorities, whether a human rights defender, a journalist, a political activist or a protester, runs the risk of being arbitrarily arrested and detained, tortured or otherwise ill-treated, and tried by military courts. Unfortunately, this trend increases as the presidential election approaches. This travesty of justice must end.”
“The authorities must uphold the country’s international human rights obligations including under the African Charter on Human and Peoples’ Rights and the International Covenant on Civil and Political Rights to which Cameroon is a state party.”
President Paul Biya, 92, who has been in power in Cameroon for nearly 43 years, will face 11 other candidates in his bid for a new seven-year term on 12 October.
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