Sénégal. Sénégal: Premiers enseignements de la crise actuelle

cameroun24.net Samedi le 06 Mars 2021 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans une tribune parvenu à la rédaction de cameroun24, le secrétaire général du CPP tire les premiers enseignement de la crise qui secoue actuellement le Sénégal.

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 PREMIERS ENSEIGNEMENTS DE LA CRISE ACTUELLE.



Ce qui se passe depuis quelques temps au Sénégal est historique et riche en enseignements.
De notre point de vue, ce qui s'y joue parle à tous les pays africains, à leurs peuples et à leurs dirigeants.

Dans une certaine mesure, elle interpelle aussi les "partenaires" occidentaux des gouvernements en place dans nos pays.

L'histoire est certes entrain de s'écrire. Elle est susceptible de se développer dans plusieurs directions possibles. Il faut donc rester prudents, circonspects et attentifs à tous les développements possibles de la situation.

En attendant le dénouement de la crise actuelle, il n'est pas inutile, en tant qu'africains du Cameroun de tirer des premiers enseignements; enseignements dont la particularité est qu'ils ne pourront pas être forcément remis en cause par les aboutissements futurs de cet énième épisode de crise.


1- L' alternance ne garantit pas la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas l'alternance. Je crois qu'elle est aussi  nécessaire à la démocratie que l'air l'est à la respiration.

C'est juste le constat lucide qu'elle est une condition nécessaire mais pas suffisante d'un changement positif de la société.

On voit partout dans le monde, y compris dans des pays dits démocratiques tels que les États - Unis et la France, qu'il y a un rétrécissement de l'espace démocratique.

On en est même arrivé à parler de "démocraties illiberales" pour caractériser l'émergence de leaders politiques "populistes", " conservateurs" et opposés à certaines conséquences  de la mondialisation néolibérale.

2- Rien ne doit être considéré comme définitivement acquis sous nos tropiques.

Le Sénégal qui est apparu depuis des années comme un exemple d'alternance et d'élections dont les résultats sont acceptés de tous n'est plus exemplaire.

Ce qui a été obtenu de haute lutte peut être perdu.

Ce qui nous rappelle que la démocratie ne se limite pas seulement aux élections transparentes, libres et crédibles. Elle est aussi l'équilibre des pouvoirs, l'existence de contre - pouvoirs, l'État de droit, le respect des engagements pris et des institutions fortes.

Quand tout ceci manque, les choses s'écroulent sous l'effet de la corruption et de la volonté de confisquer le pouvoir des dirigeants pour mieux jouir en exclusivité des richesses du pays.


3- La qualité du pouvoir dépend de la qualité des contre - pouvoirs

Le Sénégal est quand même le pays où les forces politiques alliées à une société civile engagée a fait échec à plusieurs projets d'eternisation au pouvoir.

C'est le pays où, de temps en temps, les citoyens ont su faire foule et faire bloc pour exprimer de manière claire, nette et forte leur refus des tentatives de confiscation du pouvoir.

Cela doit nous conforter dans l'idée que "lorsque le peuple se lève, les choses changent!".
On ne le dira jamais assez, la qualité d'un pouvoir dépend de la qualité des contre - pouvoirs.
Dans cet ordre, " l'apolitisme ", le non -engagement de beaucoup fait le lit de la mal gouvernance.

On peut être non - aligné mais engagé !

On peut être non - partisan mais très politique !

Si l'on exprime pas son ras - le - bol, si l'on ne sait pas mettre la pression à des moments clés, on ne doit pas s'attendre à une quelconque inflexion des pratiques et des politiques publiques initiées par les dirigeants.

Parce que les promesses des politiciens n'engagent que ceux qui y croient, il est vital pour les citoyens de maintenir la vigilance et la pression sur ces derniers.

Sans cette vigilance et cette pression permanente, le plus doux des agneaux, grisé par le pouvoir, ne manquera pas de se transformer en loup redoutable pour les populations.
Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument.

4- Les idées et la trajectoire des leaders politiques, ça compte !

Ce qui se joue aussi, ce n'est pas seulement l'exigence de démocratie contre la tentative d'autoritarisme.

Ce qui se joue aussi, c'est  le choc des idées, des projets et des générations.
Indépendamment de l'affaire de moeurs dont on accuse Mr Sonko, sur laquelle je suis incapable de me prononcer, il est évident que s'affronte une gouvernance de maintien de l'ordre néocolonial contre une aspiration à la rupture avec les mécanismes de domination monétaire, économique, politique et culturel qui perdurent.

Il y a aussi un affrontement entre la vieille garde et la nouvelle génération de leaders politiques qui ne veut plus attendre docilement son heure ou son tour.

Si l'on regarde bien la trajectoire et les actes posés par le président actuel, on est difficilement surpris par le cours que prennent les choses aujourd'hui.

Ne crions pas "changement", " alternance " sans regarder de très prêt ce que disent et surtout ce qu'ont fait les personnes qui souhaitent incarner l'alternance et le changement.

5 - Les manifestations dans la rue sont une voie d'expression citoyenne pertinente en contexte autoritaire

Si des partis politiques et des organisations de la société civile excluent cette voie d'action, elles se condamnent à être les éternels faire valoir et alibis des pouvoirs en place.

Encore une fois, quand le peuple se lève, les choses changent !

Lorsque les institutions sont verrouillées et les lois piégées, les personnes assoiffées de changement doivent avoir recours à des actions de protestation massives et déterminées.
Il est souhaitable que cela se fasse sans heurts ni morts. Très souvent, ce sont les décisions politiques de gestion des crises et la répression policière qui transforment des mouvements pacifiques en mouvements violents.

Quand bien même il y aurait des débordements violents, tout en les condamnant et les prévenant, il faut garder à l'esprit qu'ils ne sont pas significatifs au regard des enjeux.

Avec Helder Camara, nous n'oublions pas qu'il y a trois types de violence :
▶ La première est celle des dirigeants qui appauvrissement, volent et tuent par leurs politiques a petit feu des milliers voire des millions de personnes. Elle n'est pas spectaculaire mais a des résultats très négatifs.

▶ La seconde est celle des couches populaires qui, parce qu'elles n'en peuvent plus, sont conduites à faire exploser leur malheur et leur colère dans des protestations plus ou moins canalisées. Elle peut être spectaculaire mais produit moins de dégâts à court et à moyen terme que la capture de l'État par oligarchies mafieuses et anti - populaires !

▶ La troisième est celle des forces dites de l'ordre qui, activées par les premiers (Les dirigeants politiques) viennent écraser les secondes (Les classes populaires). Au nom du maintien de l'ordre, on maintient souvent l'ordre injuste, anti démocratique et anti - populaire.

Le Sénégal est donc une fois de plus à la croisée des chemins.

Quel sera l'aboutissement de la crise actuelle ?

Seul l'avenir nous le dira.

En attendant, pour les camerounais que nous sommes, il est important de méditer sur les voies et moyens par lesquels, chacun à son niveau peut devenir un acteur positif des changements nécessaires dans notre société.

Franck Essi, 06 mars 2021

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