Cameroun - Economie. Ciment au Cameroun : l'explosion chinoise à Edéa fait-t-elle enfin baisser les prix ?

Malgré une offre nationale qui dépasse désormais les 10 millions de tonnes, le sac de 50 kg reste obstinément au-dessus de 5 000 FCFA à Douala et Yaoundé, suscitant la colère des consommateurs et les suspicions des autorités.
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La bataille du ciment camerounais entre dans une nouvelle ère. Ce jeudi 19 septembre 2025, le ministre par intérim des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Fuh Calistus Gentry, a inauguré en grande pompe la nouvelle usine de la Central Africa Cement (CAC) à Edéa. Portée par des investisseurs chinois, cette unité d'une capacité initiale d'un million de tonnes (extensible) confirme la transformation de la ville en un véritable hub cimentier, dominé par l'empire du Milieu.
Cette inauguration n'est qu'un épisode de la révolution en cours. CAC devient le deuxième cimentier chinois à sortir sa production à Edéa, après Sinafcam Sarl dont les premiers sacs sont arrivés sur le marché en juin dernier. Et le mouvement n'est pas fini : un troisième géant, Yousheng Cement, prépare son entrée avec une capacité annuelle colossale de 1,8 million de tonnes.
Finie l'hégémonie, place à la guerre ouverte. Ce trio chinois porte à neuf le nombre de producteurs actifs au Cameroun, sonnant définitivement le glas du monopole historique des Cimenteries du Cameroun (Cimencam), filiale de Lafarge, qui a régné sans partage pendant 48 ans. Une domination ébranlée dès 2015 par l'entrée du nigérian Dangote Cement, suivie par un déferlement de concurrents marocains (Cimaf), turcs (Medcem), portugais (Cimpor) et locaux (Mira Company).
Le paradoxe du marché : offre record, prix tenaces. Sur le papier, le Cameroun n'a jamais été aussi bien loti. Les capacités de production cumulées frôlent désormais les 10 millions de tonnes, dépassant la demande nationale estimée, il y a peu, à 8 millions de tonnes. Pourtant, sur le terrain, le consommateur ne voit pas la différence. Le sac de ciment de 50 kg s'arrache toujours entre 5 100 et 5 300 FCFA dans les grandes métropoles, un niveau jugé prohibitif.
Entente illicite ou coûts réels ? Les producteurs, soutenus par le gouvernement, invoquent la facture salée des intrants, notamment l'importation du clinker, matière première essentielle. Un argument qui ne convainc plus le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui soupçonne ouvertement les cimentiers de se livrer à des « ententes illicites » pour maintenir les prix artificiellement haut.
Alors que les usines chinoises multiplient les lignes de production, la question est sur toutes les lèvres : cette guerre industrielle se traduira-t-elle enfin par une guerre des prix, offrant un réel soulagement aux Camerounais et au secteur du BTP ? Le suspense reste entier.
Cement in Cameroon: Chinese Boom in Edéa – Will Prices Finally Drop?
Despite a national supply now exceeding 10 million tonnes, the 50 kg bag remains stubbornly above 5,000 FCFA in Douala and Yaoundé, sparking consumer frustration and government suspicions.
The battle for Cameroon's cement market is entering a new era. This Thursday, September 19, 2025, the Interim Minister of Mines, Industry, and Technological Development, Fuh Calistus Gentry, inaugurated the new Central Africa Cement (CAC) plant in Edéa. Backed by Chinese investors, this plant with an initial capacity of one million tonnes (expandable) confirms the city's transformation into a major cement hub, dominated by the Middle Kingdom.
This inauguration is just one chapter in an ongoing revolution. CAC becomes the second Chinese cement producer to begin operations in Edéa, after Sinafcam Sarl, whose first bags hit the market last June. And the movement isn't over: a third giant, Yousheng Cement, is preparing to enter the fray with a massive annual capacity of 1.8 million tonnes.
The end of hegemony, the beginning of open war. This Chinese trio brings the number of active producers in Cameroon to nine, definitively ending the historic monopoly of Cimencam, a subsidiary of Lafarge, which ruled unchallenged for 48 years. This dominance was first shaken in 2015 by the entry of Nigeria's Dangote Cement, followed by a wave of competitors from Morocco (Cimaf), Turkey (Medcem), Portugal (Cimpor), and local players (Mira Company).
The market paradox: record supply, stubborn prices. On paper, Cameroon has never been better supplied. Combined production capacity is now close to 10 million tonnes, exceeding the national demand recently estimated at 8 million tonnes. Yet, on the ground, the consumer sees no difference. The 50 kg bag of cement still sells for between 5,100 and 5,300 FCFA in major cities, a level deemed prohibitive.
Illicit agreements or real costs? Producers, supported by the government, point to the high cost of inputs, particularly the importation of clinker, an essential raw material. An argument that no longer convinces the Minister of Trade, Luc Magloire Mbarga Atangana, who openly suspects cement manufacturers of engaging in "illicit agreements" to keep prices artificially high.
As Chinese plants multiply their production lines, the question on everyone's lips is: will this industrial war finally translate into a price war, offering real relief to Cameroonians and the construction sector? The suspense remains.
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Silognhia Edwige (Stagiaire)
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