Revolution Abeilles. En résidence surveillée à Yaoundé, Maurice Kamto toujours prêt à discuter avec le Président Biya

cameroun24.net Dimanche le 27 Septembre 2020 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C'est ce qui ressort d'une interview exclusive qu'il a accordé à l'Agence France Presse.

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Au Cameroun, Maurice Kamto, le  leader de l'opposition, affirme qu'il est "retenu" contre son gré chez  lui depuis 5 jours pour avoir appelé à "des marches pacifiques" contre  le régime de Paul Biya, depuis 38 ans au pouvoir, mais qu'il est  toujours "ouvert au dialogue".
Son appel, co-signé par six autres partis de l'opposition, n'a guère  mobilisé, avaient constaté des journalistes de l'AFP à Yaoundé et  Douala. Mais le gouvernement avait, plusieurs jours avant, déployé un  impressionnant dispositif de sécurité, et promis de réprimer ce qu'il  qualifiait d'"insurrection" en vertu d'une loi antiterroriste.
La police a très violemment dispersé mardi le rassemblement de  quelque 500 manifestants à Douala, la capitale économique, réclamant le  départ de M. Biya, et arrêté ce jour-là des dizaines de personnes dans  cette ville et à Yaoundé, au moindre début d'attroupement, dont huit  journalistes.
Dans un entretien téléphonique avec l'AFP jeudi et vendredi soir, M. Kamto,  66 ans, célèbre avocat international, challenger de M. Biya à la  présidentielle de 2018, emprisonné neuf mois en 2019 pour avoir contesté  sa réélection déjà dans des "marches pacifiques", assure aujourd'hui  que l'appel de mardi n'est qu'un début mais qu'il est toujours disposé à  dialoguer avec le chef de l'Etat.
L'AFP a constaté que son domicile de Yaoundé est encerclé par les  forces de l'ordre depuis lundi mais le gouvernement, sollicité pour  savoir si M. Kamto était ou non libre de ses mouvements, n'avait toujours pas répondu samedi matin.

Q - Vous n'étiez pas dans la rue mardi à l'occasion de votre appel à des "marches pacifiques". Pourquoi ?
R - Parce que je ne pouvais pas (...) Jusqu'à présent (vendredi soir,  ndlr), je suis bloqué chez moi avec ma maisonnée depuis cinq jours.  Personne ne peut ni entrer ni sortir. Vendredi matin, le commissaire du  VIe arrondissement qui couvre mon secteur a dit à ses éléments: vous  prenez toute personne qui tente de sortir. Dans ces conditions, ni moi,  ni personne dans ma résidence, n'a essayé de sortir. J'ignore moi-même  quel est mon statut, car aucun acte ne m'a été signifié jusqu'à présent.  Séquestration, placement sous blocus, détention extrajudiciaire,  résidence surveillée... Je suis retenu contre mon gré.

Q - Vous vous êtes réjoui d'un "succès" de l'appel à des  "marches pacifiques" mardi mais nombre d'observateurs ont constaté une  faible mobilisation...
R - Les médias vont vite en besogne. Dans quel pays avez vous  vu un tel déploiement de forces répressives une semaine avant les  marches ? (...) Le dispositif, la militarisation des principales villes,  parfois y compris des petites villes, a été en place avant, pendant et  après. Et au moment où je vous parle, on continue d'arrêter les  militants et sympathisants (...). Si s'exprimer c'est mettre un million  de gens dans la rue pour qu'on comprenne que le peuple est mécontent,  probablement ils ne verront jamais ça au Cameroun parce qu'il y a, dans  notre pays, depuis avant les indépendances, une culture de la répression  et nos forces de défense et de sécurité sont formées à cela. Mais il y a  eu des milliers de manifestants (...) qui ont risqué leur vie pour leur  liberté. On a tiré sur eux à Douala. Des gens sont brûlés, je ne sais  pas par quoi. Actuellement, nous dénombrons 593 arrestations.


Q - Il y a quelques mois, vous étiez disposé à rencontrer M. Biya. Et aujourd'hui ?
R - Je reste dans le même état d'esprit. Je n'ai jamais cessé de  tendre la main. Je suis toujours disposé à dialoguer. Je suis prêt. Nous  sommes ouverts au dialogue. C'est une posture permanente. Nous avons  toujours pensé, au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC, dont  M. Kamto est le président, ndlr), dès  son lancement en 2012, que seul le dialogue permet de régler les  différends politiques (...). Il ne faut pas accepter qu'il y ait des  débordements jusqu'à la violence. Dans un contexte de répression, de  terreur, ceux qui ont marché mardi, comme lors de toutes nos précédentes  marches, l'ont fait pacifiquement. Ce n'était pas une insurrection. On  n'annonce pas une insurrection.
Le peuple camerounais s'est mis debout. Ce n'est pas une affaire de Maurice Kamto.  Ce n'est pas une affaire d'un parti. C'est une affaire d'un peuple qui  réalise que les perspectives sont sombres. Ils n'ont plus rien à offrir  au Cameroun. Dans ces conditions, s'ils n'ont pas compris, s'ils ne  créent pas les conditions d'une alternance, d'un changement pacifique,  les Camerounais vont continuer de s'exprimer.


Propos recueillis au téléphone par Reinnier Kaze à Yaoundé et Emmanuel Giroud à Libreville

Yaoundé, Cameroun | AFP | samedi 25/09/2020

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