Présidentielle 2025. Ce soir, on fête quoi exactement ? La chute de Kamto ou celle de notre dignité ?

LE SENS DE LA FÊTE QU’IL Y AURA CE SOIR
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Ce soir, il y aura de la bière. Du nkul nkul. Du ndolè. Du makossa. Du clash sur Facebook. Des cris dans les rues, des danses dans les quartiers, des brindilles dans les villas de Yaoundé. Et non, ce ne sera pas parce que le Cameroun a gagné une CAN, ni parce qu’on a trouvé du pétrole à Etoudi.
Ce sera parce que le Conseil Constitutionnel aura rendu son verdict. Et que Maurice Kamto, candidat (re)calé à la présidentielle, sera soit validé… soit éjecté. Mais dans les deux cas, il y aura fête. Et c’est bien là que le vrai film commence.
Parce qu’on peut comprendre qu’on fête une victoire. Mais depuis quand on fête le fait qu’un homme n’ait pas le droit de rêver ? Maurice Kamto, il a tué qui ? Il a volé quoi ? Il a insulté la mère de qui ? Ce monsieur, tout ce qu’il a fait, c’est vouloir devenir président. Et pour cela, il a tout pris : prison, insultes, calomnies, caricatures, censures et même un prix spécial de la haine nationale.
Alors pourquoi tant de Camerounais se réjouiraient de sa chute ? Pourquoi sabrer le champagne si un homme qui pense autrement que le pouvoir est balayé du jeu ?
? Non, ce n’est pas juste du Schadenfreude, ce plaisir sadique de voir tomber celui qui dérange. C’est plus profond. C’est une haine sociale intégrée. Une haine collective contre celui qui a osé lever la tête dans un pays où l’on vous apprend à marcher courbé depuis la maternelle.
? Kamto dérange non pas parce qu’il fait peur… mais parce qu’il fait penser. Parce qu’il rappelle que le Cameroun peut encore rêver. Et ça, dans une dictature à l’ancienne sauce, c’est plus grave que de voler les fonds du FMI.
Dans un pays normal, on débat, on propose, on critique, on espère. Ici ? On insulte ceux qui osent. On tape sur ceux qui parlent. On fête quand les plus courageux tombent. Et c’est ça, le vrai succès du régime Biya : il a réussi à transformer un peuple en arme contre lui-même. Plus besoin de police : la société s’auto-censure, s’auto-réprime, s’auto-détruit.
Kamto, qu’on l’aime ou pas, est devenu le miroir. Et ce miroir fait peur. Il nous renvoie notre résignation, nos rêves écrasés, notre lâcheté collective. Alors on préfère le casser. Et on le traite de tribaliste, d’arrogant, de menace. On oublie que ce qu’il propose, c’est justement une autre manière d’être Camerounais : plus digne, plus juste, plus responsable.
?? Ce soir, on fera la fête, oui. Mais on fêtera quoi exactement ? La fin de la misère ? La liberté de presse ? La fin des détournements ? Non. On fêtera juste qu’un homme a été empêché de rêver… à notre place.
Kamto ne fait pas pitié. Le vrai problème, c’est le Cameroun, ce pays qui rit quand on brise ceux qui veulent l’aimer autrement. Un pays qui rigole en matant ceux qui refusent de se taire.
Ce soir, dansez si vous voulez. Buvez si vous voulez. Mais pendant que le son monte, demandez-vous :
?? “Et moi, qu’est-ce que j’ai fait de mon courage ? De mes rêves ? De mon pays ?”
Bonne fête. Ou pas.
Tonight’s Celebration: Are We Cheering Kamto’s Fall or Our Own Collapse?
Tonight, there will be noise. Dancing in the streets. Laughs in the bars. Cheers in the neighborhoods. Not because Cameroon just won a trophy — but because the Constitutional Council will decide the fate of Maurice Kamto’s presidential candidacy.
And whether he's accepted or rejected, there will be celebration. Strange, isn’t it?
Kamto hasn’t killed anyone. He hasn’t stolen public funds. He hasn’t called for war. All he did was want to be president — and for that, he was imprisoned, demonized, insulted, humiliated. But what’s worse is the collective joy his pain seems to trigger.
This isn't just about political rivalry — it's about a broken society that punishes those who dare to hope, to stand, to dream. Kamto is hated not for what he did, but for what he represents: a mirror forcing us to confront our own submission.
In Cameroon today, the system no longer needs to repress — we do it ourselves. We ridicule those who speak for us. We cheer when the brave fall. That’s the real tragedy.
So go ahead, celebrate tonight. But don’t forget to ask yourself:
?? “What have I done with my courage? My dreams? My Cameroon?”
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Jean-Pierre Bekolo
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