Cameroun - Transports. Yaoundé: des garde-fous pour les « clandos »

Alfred MVOGO BIYECK | Cameroon-tribune Mardi le 18 Juillet 2017 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Face à la dangerosité et l’illégalité de leur activité, les autorités « mettent l’œil sus » le secteur.

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Samedi 1er  juillet 2017, au lien dit ancien stationnement de Douala à Yaoundé. De nombreux véhicules sont en partance pour les départements de la Lekié, du Nyong et Kellé, Otélé, etc. Sur ce qui sert de quai, six voyageurs à destination de Ndangueng, petite bourgade à une dizaine de kilomètres d’Okola veulent voyager. Une petite voiture conçue pour cinq passagers s’empresse de les mener à destination. Soit sept personnes y compris le chauffeur. Quinze kilomètres plus loin, entre Zamengoé et Enam Beyalla, c’est l’accident. Heureusement pas mortel, mais des blessés enregistrés. Préjudice, des arrivées tardives au deuil. Une seule explication à ce malheureux incident, la surcharge. Le chauffeur n’a pas pu faire la manœuvre adéquate pour éviter le choc.

Les « clandos » à Yaoundé sont hyper actifs et même réactifs sur diverses lignes de transport : de Yaoundé-Soa, Yaoundé-Oyom-Abang, Yaoundé-Mendong, Yaoundé-Zamengoé, Yaoundé-Mfou… Les usagers voulant se rendre dans ces diverses destinations s’entassent à Niki Mokolo, Camair, Poste centrale, Coron, principaux sites d’embarquement. Ici et là, les « clandos » dictent leur loi, et en périodes de grande affluence et en fin d’année, ils imposent les prix et le nombre de passagers à bord des véhicules.

Et les passagers en partance pour ces destinations. « En réalité, les transporteurs clandestins sont pour nous un mal nécessaire ; on n’a pas vraiment le choix. C’est eux qui nous laissent dans nos zones reculées où les agences de voyage ayant pignon sur rue ne peuvent  aller à cause de la mauvaise qualité des routes », lance Symphorien Amougou, qui pour partir de Yaoundé à Ngat Bené après Mbalmayo, est bien obligé d’accepter la surcharge. « C’est bien de s’insurger contre ce mode de transport, mais encore faut-il pouvoir nous offrir à nous, passagers, des alternatives crédibles. Qu’ils soient dans le collimateur des pouvoirs publics, tant mieux. Mais nous pensons qu’il vaut mieux les organiser et réguler, compte tenu des risques pris », conclut-il. Les équipes de prévention et de sécurité routière déployées sur le terrain depuis quelque temps par les autorités, si elles sont les bienvenues pour les usagers, sont au regard des pratiques sur le terrain, bien obligées de s’accommoder de certaines pratiques, l’offre de transport étant bien en deçà de la demande.

 

Réactions

 

 Victoire Sandjo: « Ils n’ont aucun papier »

Taximan.

 

« Les clandos nous gâtent le travail parce que quand les clients se trouvent à un endroit, ceux-ci discutent avec nous et quand bien même ils les portent, c’est à bas prix. Les clandos n’ont aucun papier, ils ont de faux badges, et lorsqu’ils cognent un usager, ils s’enfuient. Pour la satisfaction de tous, nous proposons au gouvernement de veiller à la régularisation des papiers des clandos, s’ils doivent rouler dans la ville. Si tel n’est pas le cas, ces derniers doivent faire le transport  dans les brousses ».

 

 

 Fidel Tchintchoua: « Qu’ils ne roulent pas en ville »

Taximan.


 

« Les clandos nous empêchent de travailler. Conséquence, nous avons du mal à verser nos recettes. Puisque ces derniers n’ont pas de papiers, ils ne doivent pas rouler en ville parce qu’ils portent tous les clients à des prix très bas. En plus de cela, ils n’ont aucun papier et discutent les clients avec nous. Nous proposons au gouvernement de veiller à la régularisation des papiers des clandos et de donner à ces derniers des lignes de transport spécifiques ».

 

 

 Bertin Zanga Mfegue: « Nous discutons les clients »

Taximan.


 

« Nous discutons les clients avec les clandos. Le gouvernement doit. Veiller à ce qu’ils n’exercent plus le transport clandestin, veiller à la peinture de tous les véhicules clandos en jaune et surtout veiller à ce qu’ils aient tous leurs papiers comme les taximen. Le ministère des Transports doit arranger le problème de la carte bleue. Lorsque nous allons à la délégation des transports, ils nous disent que cette carte n’est pas encore sortie et parfois sa délivrance prend un an ».

 

 

 Serge Dounla: « Leur trouver un endroit précis »

Taximan.

 


« Nos rapports sont mauvais avec les clandos car nous peinons pour nos papiers mais eux non. Ils nous empêchent de travailler car ils portent les clients à des prix dérisoires. Pour la satisfaction de tous, les clandos doivent avoir tous les papiers et avoir un endroit précis pour exercer leur transport et peindre leurs voitures en jaune ».   




Patrice Samen: « Les choses vont bientôt changer »

Président de la Confédération générale des syndicats des transports du Cameroun.

 

Quel impact l’activité des transporteurs clandestins a-t-elle sur celle des conducteurs de taxi ?

Lorsque nous parlons de transports clandestins, sur le terrain, nous avons affaire à plusieurs éléments qui fonctionnent dans la clandestinité et qui nous empêchent d’exercer normalement notre activité. Il y a notamment les transporteurs clandestins et les conducteurs clandestins.  Les transporteurs clandestins sont généralement des fonctionnaires qui cherchent à arrondir leurs fins de mois. Ou encore des individus qui laquent leurs voitures en jaune et inscrivent un numéro fictif sur la portière puis exercent l’activité comme un taxi normal. Aussi des cargos qui sont par exemple chargés de transporter les étudiants de Yaoundé pour Soa, laissent leurs lieux de service pour travailler dans le centre-ville. Or, dans notre secteur d’activités des chauffeurs de taxi, qui est bien structuré, il y a des taxes à payer tous les trois mois pour être reconnu, comme professionnel dans ce domaine. Un cargo qui ne paye pas de taxes exerce la même activité que nous, parfois avec une voiture plus spacieuse et il ne respecte même pas les prix homologués par le gouvernement. Tout ceci cause un manque à gagner énorme et crée une concurrence déloyale. Si chacun respecte son secteur d’activité, il n’y aura pas de problème.

Que faites-vous pour accompagner le gouvernement dans sa quête de solutions à cette situation ?

Après plusieurs plaintes, le ministère des Transports a porté notre préoccupation auprès du Premier ministère ; il a été créé un Comité national de lutte contre le transport clandestin avec notre collaboration. Ce comité est à l’œuvre. Depuis nous ne sommes plus descendus dans la rue pour protester car nous savons que la phase de répression va commencer et les choses vont changer.  C’est la raison pour laquelle nous insistons encore sur la sensibilisation.  

Les actions menées par ce Comité de lutte contre le transport clandestin portent-elles des fruits ?

Vous êtes sans ignorer que les hommes comprennent difficilement tant qu’il n’y a pas  d’actions concrètes. Mais nous ne nous décourageons pas. Au moins une fois par mois, nous sensibilisons ces transporteurs clandestins. Nous leur expliquons même les procédures à suivre pour se mettre en règle. Nous avons déjà pu convaincre une bonne quantité de conducteurs qui fonctionnaient dans l’illégalité, environ une centaine. Par contre, certains persistent dans l’illégalité. Sur le terrain, certains lancent même souvent qu’on a l’habitude de faire le bruit sans jamais agir. Nous disons à ces derniers que bientôt la phase répressive va débuter et la traque se fera chaque jour jusqu’à ce que ces clandestins se mettent en règle, afin que le chauffeur de taxi aussi puisse vivre de son métier.
 

Carine TSIELE

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