Brésil 2014. Patrick Mboma : « La qualification fera du bien à tout le monde, qu’il y ait des clans ou non »

Mboafootball Mercredi le 13 Novembre 2013 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’ancien attaquant des Lions indomptables était l’invité de Martin Camus Mimb dans le cadre de l’émission « Le Matin de Martin » du 11 novembre sur RSI. Le ballon d’or africain 2000 revient sur le match aller entre les Aigles de Carthage et les Lions indomptables. Il analyse cette première manche avant de s’étendre sur le match de dimanche. Avec son franc parlé habituel, il n’hésite pas à proposer des solutions techniques pour venir à bout de la Tunisie.

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Bonjour Patrick…

Bonjour Martin Camus

Patrick Mboma comment ça va ?

Bien ! On a commencé à entrer dans une période de froid hier [Il est actuellement en Europe, Ndlr], je suis là, j’espère que ce matin il y a aura du soleil. Je reste positif. En plus c’est une journée de repos ici, c’est férié à Paris et on va encore pouvoir se détendre.

Comment avez-vous trouvé la prestation du Cameroun en Tunisie, vous qui êtes un ancien joueur de cette équipe du Cameroun et entraineur de football ?

Honnêtement, je l’ai trouvé intéressante. Intéressante en ce sens que c’est une équipe qui a souffert, notamment en première mi-temps, des assauts tunisiens et qui a réussi à garder la tête froide, une complicité dans le jeu. Avec ce qu’on a entrevu, des occasions de buts manquées, un penalty qu’on aurait pu siffler, tout ceci à l’extérieur, je me dis qu’il y a la possibilité de retrouver une équipe camerounaise conquérante à Mfandena pour pouvoir marquer des buts et gagner parce qu’il faut éviter le nul avec but car un résultat qui nous éliminerait. Je n’ose pas imaginer une défaite dans l’antre qui n’a pas connu de défaites depuis 72, si je me souviens bien. Et avec un Samuel Eto’o qui marque des buts, ça fait beaucoup d’éléments qui me font positiver quant au match de dimanche.

Qu’est-ce qu’on doit retenir de ce match aller ? Le fait que le Cameroun n’a pas encaissé de buts malgré cette flopée d’occasions de buts des Tunisiens et un Charles Itandje des grands jours, ou que le Cameroun n’a pas pu marquer devant une équipe qui était finalement prenable ?

Je resterai dans le positif et je prendrai la première des informations, c’est-à-dire que le Cameroun n’a pas encaissé de buts. Charles Itanje a été bon, la défense a tenu et c’est quand même un élément essentiel quand on pense que le sélectionneur joue avec beaucoup de défenseurs et un milieu constitué de beaucoup de défenseurs. Il avait un schéma plutôt défensif, même s’il y a eu des actions qui auraient pu être concrétisés. C’est vrai, je pense que ces occasions seront plus nombreuses à Yaoundé, et si on a plus d’occasions de buts avec la chance de marquer et une meilleure rigueur défensive parce qu’on est passé pas très loin de la correctionnelle à l’aller, on peut penser que le Cameroun sera parmi les cinq qualifiés de la zone Afrique de cette coupe du monde.

Quand on prend votre équipe de 2000 qui carburait en Afrique, on est surpris quand on donne l’impression au Cameroun qu’il n’y a pas de joueurs offensifs capables de porter le danger dans le camp adverse. Comment expliquez-vous cela ?

Le problème c’est qu’on n’aime pas l’équilibre. Il y a des joueurs qui jouent dans les meilleurs championnats, peut-être moins leader au sein de la sélection. Si on regarde bien dans tout ce qui nous a été proposé, il n y a pas meilleurs milieux de terrain défensifs que de milieux offensifs, pas assez de relayeurs et on a de bons attaquants, mais s’il faut encore trouver la bonne combinaison. Il y a trop d’atermoiements, trop d’hésitations. Je pense que l’inquiétude ne doit pas être en défense, même si on n’a toujours pas une sérénité affichée alors qu’on a des éléments intéressants. Si on doit continuer la comparaison avec la génération 2000/2002, il y avait un système de jeu bien rodé et quand on voit le problème qu’on a aussi pour évoluer sur les côtés, je crois qu’on doit revenir vers ce système en 3-5-2 parce que de toutes les façons, on a de la qualité en défense centrale et on a de la qualité plus sur le côté gauche que sur le côté droit. Je dois avouer que je ne suis pas très solidaire de la façon dont évolue le Cameroun sur le plan tactique, mais je reste solidaire de cette équipe, de ses joueurs, de son entraineur et de son staff. J’espère qu’elle trouvera beaucoup de ressources pour nous donner beaucoup de plaisir. Et ce plaisir, c’est rien d’autre que la qualification.

Vous parlez du côté gauche qui est fourni, notamment au poste de latéral. Le côté droit est complètement désert depuis le départ de Geremi Njitap. Pourquoi appeler trois joueurs à gauche si on ne peut pas adapter un à droite ? Si vous étiez l’entraineur des Lions indomptables, quel serait la meilleure façon de pallier cette absence de talent du côté droit ?

Je n’aurai déjà pas commencé par appeler trois joueurs si je n’utilise pas au moins deux. Je crois qu’il y a la possibilité pour le coach d’utiliser deux, mais lors des dernières sorties, on voit bien que ce n’est pas sa volonté. Si on doit parler d’Assou Ekotto, Henri Bedimo et Gaétan Bong, il y a la possibilité d’aligner deux. Je vois bien Henri Bedimo avancer d’un cran par rapport à l’un des deux autres, mais là ce serai dans un système à trois défenseurs avec un couloir qui serait pris sur le côté gauche par l’un des trois avec un favoritisme affiché pour Henri Bedimo. Sur le côté droit, si on ne trouvait pas exactement le même équilibre, avec quatre joueurs au milieu de terrain, on trouverait quand même une formule pour les faire évoluer pour qu’il y ait soit un relai pris par au moins deux joueurs de ce milieu de terrain, soit par une attaque avec deux vrais attaquants ou bien deux et demi et un joueur qui serait le soutien des attaquants avec la possibilité d’évoluer sur le côté droit. Bref, c’est encore beaucoup de spéculations. Si on interroge les Camerounais d’un point de vue tactique, on n’arrivera pas à un consensus. Il faut espérer que ce que nous proposera Finke sera suffisant pour obtenir ce qu’on attend depuis.

Qu’est ce qui peut expliquer que le Cameroun ait plus de milieux défensifs qu’offensifs ?

On ne peut pas l’expliquer. C’est un hasard de la génération actuelle. On n’a pas envoyé des joueurs hors du Cameroun en leur disant de se former à défendre. On n’a peut-être pas produit les joueurs qu’il faut dans ce secteur dans le championnat domestique et je dis peut-être parce que je n’ai pas la possibilité de le suivre. Je suis les résultats, mais ça ne me permet pas de voir évoluer les joueurs de ce secteur-là. Peut-être qu’on n’a pas bien fouiné dans le reste du globe pour trouver ces joueurs-là. Après, on va encore revenir sur le problème du suivi des joueurs qu’on a toujours décrié.

Il y a un débat au Cameroun sur la convocation des joueurs évoluant dans les championnats locaux. Est-ce qu’à votre avis ce débat doit encore avoir lieu aujourd’hui. Est ce que le Cameroun n’est pas en train de poser un problème qui doit être tranché par le talent et par la compétence ?

C’est bien entendu talent et compétence qui doivent être les premiers éléments de sélection de joueurs. Je ne pense pas que ce soit un problème de joueurs du terroir ou joueurs expatriés. En réalité, on n’a pas une vraie politique sportive. Autrement dit, il faut une Direction technique qui doit travailler dans ce sens.

Le Cameroun depuis six matches ne marque pas beaucoup et dimanche, il faut marquer pour se qualifier. Vous croyez cette équipe du Cameroun capable de marquer dimanche ?

Je rappelai aussi que Samuel Eto’o ne marquait plus beaucoup, il marque déjà un peu plus régulièrement. Il a marqué quatre buts en l’espace de quinze jours et il reste le fer de lance de cette attaque. Mais il n’est pas exclu de voir quelqu’un d’autre donner ce bonheur suprême, cette sanction immense qui est de marquer un but. Je crois qu’il y en a plus d’un qui la connaissent et ont envie de la revivre. J’en sais quelque chose, qualifier son pays pour la coupe du monde grâce à un but est motivant et je crois qu’il y a plus d’un joueur qui sont motivés. Il reste à voir avec qui il jouera en attaque, Eric Maxim-Choupo ou Aboubakar Vincent, on verra. Mais avec la détermination, il faudra leur apporter de la sérénité, la confiance dans le jeu. Il s’agit d’un match couperet et c’est les plus motivés qui l’emporteront. Je n’ai pas le sentiment que cette équipe tunisienne soit plus expérimentée que la nôtre et venir à la cuvette de Mfandena nous mettre à défaut, je n’y crois pas. Ou du moins je n’ose pas l’imaginer.

Après le match aller contre la Tunisie, il y a beaucoup de problèmes qui ont été évoqués au sein de cette sélection, le marchandage des places, les problèmes relationnel avec le coach, les joueurs, etc. Aujourd’hui, quelle est l’approche qu’il faut avoir pour ce match ? Rappeler aux joueurs l’importance d’une coupe du monde, la nécessité qu’il y a à sauver la patrie, le drapeau avant de régler les problèmes personnels ?

Vous me posez des questions qui me font rire. Je ne sais pas si je dois m’expliquer sur cette affaire plus que Volker Finke. Il y a des gens pour répondre à cette question. Mais ceci dit, il faut savoir qu’on ne joue pas pour soi-même. Il y a 20 millions de personnes qui sont dans l’attente d’un résultat, il y a un stade qui sera plein et ce n’est que l’amour de la patrie qui fera la différence. La qualification fera du bien à tout le monde, qu’il y ait des clans ou non. Quand vous parlez de marchandage de places, je crois que ça reste pour l’instant du commérage. Apportez-moi la preuve et on prendra les sanctions. S’il y a que des bruits et pas de sanctions, c’est qu’il y a de la fumée sans feu.

Il peut aussi avoir des informations sans avoir la force et le courage de prendre les sanctions…

Là ce serait inquiétant. Il y a plus d’une chose qui m’inquiète depuis belle lurette. Si on se pose aujourd’hui la question de savoir si on va se qualifier, ce n’est pas simplement parce que sportivement çà reste du 50-50, c’est aussi parce qu’il y a beaucoup trop d’incertitudes depuis bien trop longtemps. Il y a beaucoup trop de discussions qui ne devraient pas être. Cela est dû à un manque de professionnalisme criard et c’est dommage. C’est vraiment dommage que malgré tous les moyens qui sont déployés, on ne trouve pas d’autres solutions pour parvenir à nos fins, à savoir former de bons joueurs et les utiliser pour arriver à des résultats pérennes. C’est déplorable, mais est-ce le débat du moment ? Les joueurs ont besoin de sérénité. Il faut passer cette semaine à les encourager, à laisser toutes les fausses problématiques. Je dis fausses parce qu’on a un enjeu important et l’absence du Cameroun à la Coupe du monde ne permet nécessairement pas de reconstruire. Il faut le résultat en espérant qu’on va construire quelque chose pour la jeunesse.

Patrick Mboma je vous dis merci

Merci Martin Camus, au revoir

Par Martin Camus Mimb ( RSI)

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