Iran. La Lettre de Xavier Messè : Accord de Vienne, de l’hypocrisie
Le 14 juillet dernier, les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, de Russie, de Chine, d’Allemagne, de France, du Royaume-Uni, d’Iran, auprès desquels on observait la présence des représentants des Nations Unies et de l’Union européenne, cet aréopage de diplomates de haut niveau venait d’achever une réunion épreuve sans interruption pendant 8 heures d’horloge. Ils ont ensuite posé pour l’histoire sur les marches de Cobourg.
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Ce palace de Vienne, la capitale de l’Autiche, est entré lui aussi dans l’histoire pour avoir hébergé le dernier round des négociations qui ont abouti, après 12 années d’incompréhensions, de menaces et de chantages de part et d’autre, à la signature de cet accord. Il interdit à jamais à l’Iran de se doter de la bombe atomique. En contre partie, les grandes puissances qui avaient mis ce pays en marge de la communauté internationale, se sont engagés à lever progressivement l’embargo qui lui interdisait de vendre son pétrole, de ou s’approvisionner en armes. Citons ces deux volets seulement.
Comme on devait s’y attendre, les acteurs de cet accord, de quelque bord qu’ils soient, l’ont qualifié « d’historique ». Téhéran et certains de ses amis ont estimé qu’il constitue pour le pays, « une grande victoire ». Hilary Clinton, la candidate à l’investiture démocrate pour l’élection à la Maison Blanche, cette dame dont on connait la brutalité du langage contre les Palestiniens et son soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël, elle a commenté l’accord en ces termes : « Si je suis élue présidente, l’Iran n’aurait jamais l’arme nucléaire ! ».
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre d’Israël a qualifié cet accord d’ « erreur historique » Il a ajouté : « Israël n’est pas lié par cet accord avec l’Iran… Nous saurons toujours nous défendre ». En d’autres termes, il promet qu’Israël se réserve le droit de bombarder les sites iraniens d’enrichissement de l’uranium destiné à une production éventuelle de l’arme atomique.
L’Occident et l’Onu ont passé 12 ans à mettre sur pied des mécanismes de contrôle afin se rassurer que, même pour ses besoins d’industrie, l’Iran ne devrait jamais enrichir de l’uranium car, estiment les scientifiques de l’Agence internationale de l’énergie atomique, le pays finirait par se doter de l’arme atomique. Ce que ces diplomates occidentaux ne disent jamais en public c’est que, l’Iran disposant de l’arme nucléaire, il pourrait un jour menacer Israël. L’Iran est membre de l’Aiea depuis 1953. En juillet 1968, ce pays avait signé en même temps que le Pakistan et Israël, le Traité de non-prolifération nucléaire. Pourtant, depuis lors, ces deux autres pays ont acquis la bombe atomique sous des regards complices et avec l’accompagnement sournois des Occidentaux, qui se sont octroyé la mission de juger qui est bon, et qui est mauvais dans notre monde. L’Iran, comme la Syrie, comme l’Irak (de Saddam Hussein), comme la Libye (de Mohammad Kadhafi), comme le Yémen, se trouvent (malheureusement) du côté des pays qui estiment que les Palestiniens ont eux aussi, comme Israël, droit à un territoire, à un Etat, à la dignité et à la paix. Pour oser à chaque fois proclamer ces vérités de l’équité et de la justice, les grandes puissances dessinent aussitôt l’axe « du bien et du mal ». Comme ceux-là ne seront jamais du « bon » côté, ils seront voués aux gémonies.
Il faut accepter volontairement d’avoir la berlue pour croire que les guerres qui s’allument partout dans le monde, ont des origines autres que les injustices, les frustrations et les humiliations des uns, voulues par les autres. Un être humain, conscient qu’il a été crée à l’image de l’autre, mais qu’il est contraint de vivre perpétuellement avec les maux énumérés plus haut, sa réaction serait indéfinie et imprévisible. Des centaines de millions de personnes sont dans cette situation dans le monde. Il faut que la justice soit rétablie en Palestine, on verrait beaucoup de choses changer dans ce monde. Isoler éternellement l’Iran pour protéger Israël n’est pas la solution, car d’autres Iran naîtront, là où personne ne les attendait. On soigne le mal par la racine, et non par des saupoudrages externes tel l’accord de Vienne.
On se rappelle, lors de la deuxième attaque terroriste à Sousse en Tunisie, le tueur, arme au poing, rencontra sur son passage meurtrier un jeune tunisien ; celui-ci paniqua, sachant que son heure avait sonné. Que lui dit le terroriste : « Dégage vite, tu n’es pas mon problème, je vais vers les Occidentaux ! ». Nous savons la suite du carnage. Ce fut un message à l’Occident. Il mérite méditation, même après les 109 pages d’accord de Vienne, fruit de 12 années de négociations hypocrites. Tout peut voler en fumée à tout moment, à cause des frustrations et des humiliations permanentes des uns par les autres.
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