Cameroun - Politique. Jean Nkuete :Un capitaine sans gouvernail

Yanick Yemga | Mutations Samedi le 05 Décembre 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La gestion des élections internes au Rdpc donne l’impression que le patron du secrétariat général du Comité central ne contrôle pas grand chose.

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Les détracteurs de Jean Nkuete, secrétaire général du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Sg/Cc Rdpc) ne boudent certainement pas leur plaisir en ce moment. Eux qui assistent comme tout le monde, au spectacle pitoyable que donne « le parti du flambeau » à l’occasion de l’opération de renouvellement des bureaux de ses organes de base. Une élection interne qui dans de nombreuses circonscriptions à travers le triangle national, suscite le courroux de militants désabusés par des joutes viciées.  Les doigts accusateurs des camarades de Paul Biya – comme lors du processus foireux des investitures des plénipotentiaires du Rdpc aux sénatoriales d’avril 2013 qui avait débouché sur la disqualification des listes proposées dans l’Adamaoua et à l’Ouest –  sont pointés en direction du Comité central. Précisément vers le secrétariat général dont a hérité Jean Nkuete le 09 octobre 2011. Un homme dont l’autorité a ces dernières semaines, été mise à rude épreuve.

Jean-Nkuete

En témoigne, les nombreuses plaintes qui fussent au sujet du placement des cartes du parti confisquées, et distribuées de manière intéressée par des responsables à divers niveaux. Une manœuvre machiavélique à laquelle certains soupçonnent fortement des proches collaborateurs de Jean Nkuete d’avoir participé dans le but notamment de saboter l’entreprise d’éradication des « états-majors » au Rdpc. En conséquence, les premières élections au suffrage universel dans cette formation politique ont été dans bien des cas, une gigantesque mascarade qui a permis à des hommes et femmes honnis par la base du parti, mais soutenus par des « amis » au Comité central, d’accéder ou de se maintenir aux affaires. Quel rôle a joué au juste Jean Nkuete dans cette vaste machination ?

Dans l’entourage de l’ancien vice-Premier ministre en charge de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) on met en cause sa propension à « déléguer et faire confiance un peu trop ». En d’autres termes, ce sont les délégués qui seraient devenus les véritables maitres du navire au détriment du capitaine, réduit comme un autre à contempler son gouvernail plutôt qu’à s’en servir. Une erreur monumentale qui fait presqu’oublier les faits d’armes de ce natif de Balessing, dans  la Menoua (région de l’Ouest) dont la légendaire bonhommie et les difficultés d’élocution suscitent au mieux compassion, au pire, sarcasmes.

Le dernier en date est l’orchestration du retour au Rdpc d’Albert Dzongang, chef de file de la Dynamique, et challenger de Paul Biya – champion naturel du Rdpc – lors de la présidentielle du 09 octobre 2011. Si cette opération a eu autant d’écho, c’est surtout en raison de ses ressorts politiques. De fait, dans une correspondance datée du 06 juillet dernier, que Jean Nkuete adresse à Paul Biya, il la justifie par « la nécessité de contenir et de neutraliser l’activisme des personnes incontrôlables comme messieurs Nintcheu à Douala, Kouemo à Bafang et Maurice Kamto dans les Hauts-Plateaux ». L’on apprendra en outre de la même missive, que l’autre objectif affiché de ce mercato politique, est de « faire face efficacement au vide créé à Douala par le décès de la présidente Foning », en ramenant Albert Dzongang au bercail, « et si possible, avant le renouvellement des organes de base ».

Aminatou Ahidjo

Autre action d’éclat de Jean Nkuete, la réception le 06 septembre 2013, d’Aminatou Ahidjo, la fille du premier chef d’Etat du Cameroun. Un véritable coup de poker politique selon certains observateurs avertis qui s’appuient sur les rapports ombrageux entre Germaine Ahidjo et le président de la République. C’est également sous le magistère du successeur de René Emmanuel Sadi que certaines décisions phares ont été prises au Rdpc. Citons entre autres, et à titre d’illustration, la décision fixant les indemnités des membres et des responsables du secrétariat du Comité central, l’élargissement des collèges électoraux au sein des organes de base du Rdpc, la création de 21 nouvelles sections, et l’entrée en service de la commission de discipline (ad hoc).

A 71 ans, celui qu’on dit avoir l’oreille de Paul Biya et qui a tour à tour été directeur des affaires économiques, conseiller technique dans les services du Premier ministre, secrétaire général-adjoint de la présidence de la République, secrétaire général du gouvernement, directeur général de Paribas Cameroun, directeur de l’agence Beac de Douala, secrétaire exécutif de la Cemac, peut-il sortir indemne de cette nouvelle cacophonie au Rdpc ?


 

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Lire aussi : Ce que pense Maurice Kamto du tribalisme au Cameroun

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