Cameroun - Musique. Cameroun - Scènes - BIFTY 2014: Arnaque et filouterie au nom de Chantal Biya?

Christian TCHAPMI | Le Messager Lundi le 11 Aout 2014 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Entre flou artistique autour de l’organisation, doublée d’un conflit de compétence des structures y afférentes et vives polémiques autour du contrat avec une tête d’affiche attendue, le projet caritatif parrainé par la première dame du Cameroun, s’apparente à une friponnerie organisée.

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Ambiance inhabituelle samedi 9 août 2014 à l’entrée de la Fondation Muna de Yaoundé. Il est 9h. Deux puissants hauts parleurs disposés à l’intérieur d’un chapiteau paré aux couleurs de la Cameroon télécommunication (Camtel), diffusent de la musique nigériane. En boucle, «testymony», le dernier tube à succès du groupe P-Square. Une dizaine de véhicules sont garés dans l’espace parking. Un étrange dispositif qui ne laisse pas indifférents les passants. Lesquels questionnent l’air surpris, les hôtesses vêtues de tee-shirts floqués Bifty. « Il y’a quoi ici ? », interrogent-ils. « T-Pain et les P-Square arrivent tout à l’heure. Ils vont donner un concert cet après midi au stade omnisport », répondent-elles poliment avant d’inviter leurs interlocuteurs à se procurer un pass qui leur permettra de vivre en live ce spectacle qu’elles présentent comme de l’inédit.

En effet, une conférence de presse en prélude à l’événement est prévue ici. La preuve, dans la salle d’attente, des journalistes de culture piaffent d’impatience. L’échange qu’on a annoncé à 8h n’a pas encore démarré. Raison ? Les routes sont barrées parce que le président de la République, de retour du sommet Afrique-Etats-Unis, regagne le Palais de l’unité. Comme il est de coutume, la circulation au centre ville en prend un coup. En guise d’avant-propos, la cellule de communication informe les Hommes de médias de l’absence de T-Pain, l’une des têtes d’affiche du show. «Pour des raisons de sécurité, il ne peut plus venir. Nous tenons cette information de l’ambassade des Etats-Unis. Vous savez qu’avec l’actualité dominée par les attaques de la secte islamiste Boko Haram et tout ce que cela comporte, il n’est pas évident pour lui de faire le déplacement avec ce niveau d’insécurité (…)», apprend-on.


Versions contradictoires

De quoi plomber l’euphorie des fans du rappeur américain qui espéraient le voir pour la première fois au Cameroun. Quarante minutes plus tard, le cortège qui accompagne les P-Square débarque enfin. La conférence chronométrée à 25 minutes peut enfin commencer. De ce «forfait» de T-Pain, des versions différentes s’entremêlent. Pendant que les responsables de On Spot Enterprises, producteur exclusif du spectacle confirment l’argument de l’insécurité grandissante, Camtel, le sponsor officiel, tient à recadrer le débat afin d’éviter toute polémique. « Je tiens à rassurer la presse que le contrat avec T-Pain ne souffre d’aucune contestation. Je pourrais même vous le présenter tout à l’heure. En notre qualité de sponsor, nous avons rempli toutes les clauses y afférentes. Si à la dernière minute, il arrivait que T-Pain ne vienne pas, je ne voudrais pas que cela laisse libre cours à des interprétations erronées. A notre niveau, nous continuons de l’attendre», explique Benjamin Gérard Assouzo'o, le chef du département marketing et communication commerciale. Deux versions contradictoires qui montrent bien qu’il y’a anguille sous roche.

Cerise sur le gâteau, T-Pain, informé du buzz que la nouvelle a créé sur la toile, va se déchaîner sur son compte certifié Twitter. Le contenu traduit en français se résume comme suit : « la promotion de cet événement était censé prendre fin il y a deux mois. Je n'ai jamais signé de contrat pour un show au Cameroun. La promotion de ce concert a été fait sans avoir été programmé et sans que je ne sois informé. Désolé pour mes fans mais des gens utilisent mon nom pour se faire de l'argent à mon insu. J'espère pouvoir dealer avec des promoteurs sérieux dans le futur». Le rappeur américain qui s’était fait connaître grâce à une reprise du tube d’Akon «Locked Up», vient donc lancer un pavé dans la mare. A le croire, il y a eu tromperie sur la marchandise, usurpation et mensonge. Bien plus, cette sortie vient apporter la lumière dans une histoire digne d’un polar… américain. Où est donc passé l’argent du deal avec l’artiste ? Y’avait-il concrètement négociations ? On spot dans sa posture de négociateur, aurait donc vendu du vent à Camtel ? A quelle fin ?


Enquête ouverte

De ces trois versions antithétiques, on a du mal à savoir où se trouve la vérité. Dans la foulée, des sources proches de l’organisation confient que On spot était au courant depuis deux semaines que T-Pain ne viendrait pas mais, a choisi de « cacher la nouvelle pour éviter que son bizness ne foire ». Info ou intox ? Cela reste à savoir. En rappel, les activités du «Be involved for the youth » (Bifty) ont débuté le 21 juillet dernier au Cameroun sous le thème: «La musique au service de l’engagement humanitaire des jeunes». Le but de ce projet parrainé par Chantal Biya est d’aider la jeunesse africaine et, plus particulièrement, les Camerounais. Etaient inscrits au programme, une soirée privée avec un concert et la projection de reportages humanitaires destinés à sensibiliser les personnes présentes et à lever des fonds pour les orphelinats et les centres de réinsertion pour les jeunes.

Puis ce concert exceptionnel au stade omnisport de Yaoundé avec de nombreuses guests stars qui devaient participer au préalable à une table ronde autour du sujet «les maux qui touchent la jeunesse africaine». Ce concert caritatif devrait être dédié au mouvement « Don’t forget our girls!» qui réclame la libération des lycéennes enlevées au Nigéria en mars dernier. Lorsque nous mettions sous presse, nos sources confiaient que les services de renseignements auraient ouvert une enquête à l’effet de faire la lumière sur ce qui apparaît aujourd’hui une escroquerie organisée.

Christian TCHAPMI

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