Arrêté de façon rocambolesque à Douala le 24 octobre 2025 par la gendarmerie, après avoir publiquement présenté Issa Tchiroma comme le vainqueur de la présidentielle du 12 octobre, l'octogénaire militant était gravement malade, souffrant de problèmes respiratoires chroniques. Un fait connu des autorités qui, selon la défense, ont pourtant confisqué son extracteur d'oxygène vital pendant plus d'un mois.
Une « confiscation criminelle » dénoncée
Ce n'est que le 27 novembre, sous la pression des appels répétés de ses avocats et de la société civile, qu'une équipe de cinq gendarmes non identifiés aurait restitué l'appareil au détenu, alité au Centre Médical de la Gendarmerie (CMG) de Yaoundé. « Ces appareils désormais remis à sa disposition n'ont pas encore fait l'objet de tous les checks nécessaires avant usage », alertait vendredi dernier son avocat, Maître Hippolyte Meli, annonçant le dépôt d'une plainte contre le commandant de la Légion de gendarmerie du Littoral pour « fait criminel ».
La mort d'Ekane intervient ainsi dans un contexte où ses soutiens dénoncent une « torture psychologique » et un « manque d'humanisme révoltant » du régime. La question fuse sur les réseaux sociaux, portée par des voix comme celle de l'artiste Zafrane : « Quel crime a commis EKANE au point de ne pas pouvoir bénéficier de ses soins ? »
De la découverte d'un héros à sa mort en martyr
Le parcours du défunt est retracé avec émotion par Aristide Bounah, qui se souvient d'un adolescent de 16 ans fasciné, en 2003, par la prose du militant dans les colonnes du Messager de Pius Njawe. « Je découvris un homme de conviction, constant, fidèle aux idéaux de l’UPC, un acteur clé des contestations des années 1990 », écrit-il, dépeignant Ekane comme un « artisan de la construction du Cameroun » et un « héros national ».
Aujourd'hui, le symbole est brisé. Non pas dans le combat idéologique, mais dans l'ombre d'une cellule, privé du souffle même que lui refusait le pouvoir qu'il contestait depuis des décennies. « Le régime lui a repris cette vie, sans procès, sans pitié, sans honte », tonne la sphère opposante.
Une onde de choc politique
Cette mort en détention, dans des conditions aussi controversées, jette une lumière crue sur les tensions postélectorales et les méthodes de répression au Cameroun. Elle transforme Anicet Ekane, le vieux militant nationaliste, en martyr de la lutte pour l'alternance, et pose une question brûlante au régime de Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies : jusqu'où ira-t-il pour étouffer toute contestation ?
La réponse, pour beaucoup, est désormais écrite dans le silence d'un extracteur d'oxygène confisqué pendant 38 jours.
CAMEROON – STATE SCANDAL: ANICET EKANE DIES IN DETENTION, DEPRIVED OF OXYGEN
Cameroon is reeling from a political drama with overtones of state crime. Anicet Ekane, the historic president of the African Movement for New Independence and Democracy (Manidem), died this Monday in detention in Yaounde, after 38 days of what his lawyer calls a "criminal" deprivation.
Arrested in a spectacular fashion in Douala on October 24, 2025 by the gendarmerie, after publicly presenting Issa Tchiroma as the winner of the October 12 presidential election, the elderly activist was seriously ill, suffering from chronic respiratory problems. A fact known to the authorities who, according to the defense, nonetheless confiscated his vital oxygen concentrator for over a month.
A "Criminal Confiscation" Denounced
It was only on November 27, under pressure from repeated calls by his lawyers and civil society, that a team of five unidentified gendarmes reportedly returned the device to the detainee, bedridden at the Gendarmerie Medical Center (CMG) in Yaounde. "These devices, now returned to him, have not yet undergone all necessary checks before use," his lawyer, Maître Hippolyte Meli, warned last Friday, announcing the filing of a complaint against the commander of the Littoral Gendarmerie Legion for "criminal act."
Ekane's death thus occurs in a context where his supporters denounce "psychological torture" and a "revolting lack of humanism" by the regime. The question is exploding on social media, voiced by figures like the artist Zafrane: "What crime did EKANE commit to the point of not being able to receive his medical care?"
From the Discovery of a Hero to His Death as a Martyr
The deceased's journey is recounted with emotion by Aristide Bounah, who remembers being a fascinated 16-year-old in 2003, captivated by the militant's prose in the columns of Pius Njawe's Le Messager. "I discovered a man of conviction, constant, faithful to the ideals of the UPC, a key player in the protests of the 1990s," he writes, portraying Ekane as a "craftsman of Cameroon's construction" and a "national hero."
Today, the symbol is shattered. Not in ideological combat, but in the shadow of a cell, deprived of the very breath denied to him by the power he had challenged for decades. "The regime took back this life, without trial, without mercy, without shame," thunders the opposition sphere.
A Political Shockwave
This death in detention, under such controversial conditions, casts a harsh light on post-election tensions and repression methods in Cameroon. It transforms Anicet Ekane, the old nationalist militant, into a martyr for the fight for political alternation, and poses a burning question to the regime of Paul Biya, in power for over four decades: how far will it go to stifle all dissent?
The answer, for many, is now written in the silence of an oxygen concentrator confiscated for 38 days.
Anicet Ekane mort, détention Cameroun, Manidem, présidentielle 2025 Cameroun, Issa Tchiroma, privation oxygène, mort en détention, gendarmerie Cameroun, tension postélectorale, répression Cameroun, Paul Biya, opposition camerounaise, scandale droits de l'homme, Maître Hippolyte Meli, nationaliste camerounais, martyr politique.
Didier Cebas K.