Présidentielle 2011. Présidentielle camerounaise : Paul Biya, ça roule sauf coup de tonnerre (PORTRAIT)

Raphaël MVOGO | Xinhua Vendredi le 09 Septembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
YAOUNDE -- Face à une opposition usée et désorganisée, dont certains leaders se sont rendus coupables de rapports incestueux avec le pouvoir au point de saper leur cote d'amour auprès des sympathisants, le président camerounais Paul Biya n'a pas grand souci à se faire, sauf coup de tonnerre, pour être réélu le 9 octobre, de l'avis des observateurs de la scène camerounaise.

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Porté au pouvoir le 6 novembre 1982 suite à la démission du premier président camerounais Ahmadou Ahidjo, après avoir été Premier ministre depuis 1975, le chef de l'Etat sortant, 78 ans, brigue un second mandat consécutif de 7 ans, après de celui obtenu en 2004 avec 70,92% des suffrages selon les résultats officiels, et deux autres de 5 ans en 1992 et 1997.

Géostratège enseignant à l'Université de Yaoundé II, le Pr Joseph Vincent Ntuda Ebodé s'accorde à dire que Paul Biya, soutenu par une majorité présidentielle comprenant son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), et l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), formation du ministre d'Etat en charge des Transports Maïgari Bello Bouba, est quasiment sur un boulevard pour le rendez-vous du 9 octobre.

"On peut le dire effectivement, surtout si on tient compte du fait que l'UNDP, comme cela pouvait se pressentir, est directement entrée dans une majorité à laquelle elle appartenait déjà depuis 14 ans. Donc, sur la base de la sociologie électorale du Cameroun, on peut considérer deux parts sur trois sont pro-président et il reste l'autre part que les candidats, en tête desquels le " Chairman" Fru Ndi, doivent se partager", a analysé à Xinhua le spécialiste de la science politique.

Diplômé de droit public dans les années 60 de l'Institut des hautes études d'outre-mer, de l'Institut d'études politiques et de la Sorbonne à Paris en France, Paul Biya a toujours été président comme un dirigeant "providentiel" par ses partisans qui, ces derniers temps, ont adressé à son endroit une série d'"appels du peuple".

C'est une série de motions de soutien éditées sous forme d'un recueil en plusieurs tomes par la Société de presse et d'éditions du Cameroun (SOPECAM), éditrice du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune. A chacune de ces parutions, cette publication a donné a une grande cérémonie publique en présence du gotha politico-administratif de Yaoundé.

Aujourd'hui derrière les barreaux suite à sa condamnation dans une affaire de détournement de fonds publics, l'ex-directeur général de la Société immobilière du Cameroun (SIC), Gilles-Roger Belinga, a publié en septembre en 2004, peu avant la dernière élection présidentielle en octobre de la même année, un livre intitulé "Révélations : Paul Biya, l'homme qui a changé le Cameroun".

Préfacé par le Pr Joseph Owona, enseignant d'universités de renom et ancien membre du gouvernement, l'ouvrage dresse un bilan élogieux d'un homme d'Etat qui a réussi à s'imposer dans l'exercice de ses fonctions, au gré des situations et des défis.

"Plusieurs fois le régime de Paul Biya a vacillé. Mais jamais il n'a rompu. Par exemple en 1984 pendant le putsch. Comme au début des années 90 pendant les "villes mortes" ; au cours de l'élection présidentielle d'octobre 1992 où le pouvoir manqua de peu de lui échapper ; pendant la profonde et aiguë crise économique qui mit le pays complètement à genoux ; quand le Nigeria envahit Bakassi, etc.", souligne le livre.

Avec une carrière commencée au sommet même de l'Etat par les fonctions de chargé de mission à la présidence de la République à 29 ans en 1962, deux ans après l'accession du Cameroun à l'indépendance le 1er janvier 1960, Paul Biya a une longue expérience de la gestion des affaires publiques.

Par la suite secrétaire général du ministère de l'Education nationale, de la Jeunesse et de la Culture, il est promu directeur du cabinet civil puis secrétaire général de la présidence de la République, avant de se voir confier le poste de Premier ministre par Ahmadou Ahidjo avec qui il rompt après le coup d'Etat manqué du 6 avril 1984, épisode douloureux qui aboutit à l'exil de l'ex- président à Dakar au Sénégal où il décèdera en 1989.

Dans un livre-programme intitulé "Pour le libéralisme communautaire", le président énonça dès son entrée en fonction en 1982 ses idéaux politiques, portés par un slogan, "rigueur et moralisation". Mais pour ses adversaires, les années Biya sont sujettes à caution, le chef de l'Etat étant surtout taclé sur une corruption administrative tentaculaire, devenue une sorte de cancer social.

Parmi ses rivaux, en dépit d'un rapprochement caractérisé par une série de rencontres depuis décembre 2010 à Bamenda dans le Nord-Ouest à l'occasion de la fête des 50 ans de l'armée camerounaise, le leader du Social Democratic Front (SDF), Ni John Fru Ndi, continue de revendiquer son rôle de chef de file de l'opposition et laisse penser qu'il reste un challengeur redoutable, comme en 1992 où il manqua de justesse de l'emporter.

Secoué par une vague d'aspirations au changement politique du peuple camerounais, Paul Biya ne l'emporta que par 39,97% des voix contre 35,93% pour Fru Ndi, d'après les résultats officiels de la présidentielle du 11 octobre 1992. 5 ans plus tard, en l'absence de l'opposant et dopé par une alliance avec l'UNDP de Bello Bouba, il s'offre une victoire écrasante de 92,57% des voix.

Dans son analyse, Ntuda Ebodé apporte toutefois une nuance concernant les pronostics en faveur du chef de l'Etat sortant. " Jusqu'à présent, nous avons vu des candidatures. Il faut savoir qui sera avec qui lorsque l'élection sera véritablement annoncée comme le dernier sprint, c'est-à-dire qu'il y aura certainement des regroupements autour au moins des deux candidats qu'on peut dégager, Fru Ndi d'un côté, Paul Biya de l'autre".

Sur une population estimée à quelque 19,4 millions d'habitants, environ 7 millions seront appelés aux urnes le 9 octobre, à en croire les responsables d'Elections Cameroon (ELECAM), organisme chargé de l'organisation, la gestion et la supervision des élections au Cameroun.

Parmi ce fichier électoral, quelque 2,4 millions de nouveaux électeurs inscrits étaient recensés peu avant la publication du calendrier électoral le 30 août par un décret présidentiel. De tous les partis politiques, le RDPC est le seul à avoir mobilisé ses partisans pour les inscriptions sur les lites électorales, au profit de son candidat.

C'est ce qui fait dire à l'analyste politique Laurent Mbassi, enseignant associé à l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) à Yaoundé que "les forces en présence pour l'instant, c'est vrai, laissent penser que le parti gouvernant a une certaine avance sur les parties d'opposition".

Et pour s'est montré plus présent, le parti au pouvoir "pourra de ce fait être plus à même d'en recueillir les fruits", conclut celui-ci.

 

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