Cameroun - Gouvernance. Minee - Minader, Les ministères les plus budgétivores : plus de 2000 milliards de Fca en 5 ans

Nestor DJIATOU | Sans Détour Lundi le 22 Aout 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Des projets y pleuvent à profusion, mais les énormes financements consentis, très souvent sur fond d’emprunts, ne dévoilent toujours pas la visibilité espérée.

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Conséquence, le Cameroun reste à la traine dans le développement de ces deux secteurs pourtant porteurs de croissance.

Le diagnostic demeure aberrant, en dépit d’une volonté politique clairement affichée par le chef de l’Etat qui dans ses sorties officielles depuis près d’une décennie, appelle à la valorisation de ces deux domaines de l’intervention gouvernementale.

Pourtant situé au coeur de l’Afrique centrale, le Cameroun dispose des atouts naturels qui en font un pays potentiel de développement agricole et de fourniture de l’énergie. Une position stratégique que beaucoup d’autres pays lui envient, mais pour laquelle le pays ne parvient toujours pas à tirer le meilleur tribut pour son développement.

Plus grave, malgré ces atouts, les secteurs de l’énergie et de l’agriculture sont parmi les départements ministériels qui absorbent des grosses enveloppes liées aux emprunts internationaux, la plupart des projets et programmes développés dans les deux ministères étant soutenus par des financements extérieurs.

Depuis 2011, c’est plus de 2 000 milliards de Fcfa que l’Etat a injectés pour la valorisation de ces deux domaines, dans la perspective d’atteindre son émergence.

Malheureusement, les résultats sont inversement proportionnels aux espérances, l’agriculture autant que l’énergie, étant toujours à la traine. Malédiction ou incompétence ? Sans Détour sonne l’alerte afin que des correctifs soient apportés au management de ces deux ministères qui sont les creusets de croissance pour l’économie nationale.

Secteur de l’électricité : Plus de 3 700 milliards de Fcfa dans le pipe des investissements

L ’actualité de ces derniers jours a déroulé le tapis à certains projets développés par le gouvernement dans le cadre de sa politique de construction des infrastructures énergétiques. Et l’opinion a eu droit à toute une campagne orchestrée autour de ces projets, comme si le gouvernement voulait tempérer les inquiétudes liées au déficit énergétique dans le pays, et justifier ce que nombre d’observateurs considèrent comme un échec qui freine le processus d’industrialisation du Cameroun. L’on a ainsi appris la mise en eau partielle du barrage hydroélectrique de Memve’elé. Comme si une telle opération conjurait les délestages récurrents sous lesquels ploient encore les villes et les campagnes camerounaises. Au même moment, les responsables en charge de la construction du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar tambourinaient sur les avancements du chantier à plus de 95 %, alors même que la région de l’Est croupit dans le noir. Des assurances qui ne diluent en rien les critiques nourries autour du déficit énergétique du Cameroun. C’est depuis au moins 3 ans que le ministre de l’Eau et de l’Energie avait annoncé la fin des délestages, et malgré d’énormes débours financiers dégagés pour y parvenir, la situation ne s’est pas améliorée. Entre 2011 et 2016, ce n’est pas moins de 1 700 milliards de Fcfa que l’Etat a débloqués pour les investissements dans le secteur énergétique, sur fonds d’emprunts réalisés auprès de certains bailleurs. Le réseau interconnecté Sud, qui en est jusqu’ici le meilleur bénéficiaire, ne se porte pas mieux que les autres parties du pays. La centrale à gaz de Kribi, déjà opérationnelle, a bénéficié d’un financement de 175 milliards de Fcfa, et devait apporter 216 mégawatts dans le réseau, avec une possibilité d’extension de 330 mégawatts. Mais malgré son opérationnalisation, le déficit énergétique reste déconcertant dans le Ris - le Réseau interconnecté Sud.

Memve’elé dont l’exploitation est prévue en 2017, a absorbé la rondelette somme de 420 milliards de Fcfa, dont seulement 14 milliards de contribution financière du Cameroun, dédiés à l’aménagement de la route d’accès au barrage. Lom Pangar respecte le même schéma de financement. 238 milliards de Fcfa dont 99,5 milliards de participation camerounaise. Toujours dans le Ris, Le barrage de Mekim, sensé dégager 15 mégawatts d’énergie électrique, a vu son financement bouclé depuis 2013, avec en prime la construction de 100 Km en cours de ligne d’évacuation d’énergie de 225 Kv. Toutefois, la triste situation est loin d’être inversée.

Des projets en cours de financement On n’a pas encore fait le bilan de tous ces investissements que le gouvernement continue de rechercher d’autres financements pour des projets contenus dans son pipeline. L’ambition est de trouver encore 3 700 milliards de Fcfa pour financer une panoplie d’autres projets d’ici 10 ans. Il en est ainsi de la construction du barrage hydroélectrique de Natchigal sensé produire 420 mégawatts d’électricité d’ici 2020, et dont les financements de 655,7 milliards de Fcfa sont déjà trouvés, suivant la même formule des emprunts internationaux. Les travaux devront démarrer dans les mois à venir, avec l’espoir de mettre fin au délestage dans le Ris. Le Rin – le réseau interconnecté Nord, attend aussi de voir se développer ses projets. La construction du barrage de Bini-Warak dans l’Adamaoua, a déjà trouvé son financement de 280 milliards de Fcfa auprès d’Exim Bank de Chine, comme beaucoup d’autres projets. Elle devrait apporter une production supplémentaire de 75 Mw d’énergie électrique.

Dans le même sillage, le gouvernement espère trouver 640 milliards de Fcfa pour la construction du barrage hydroélectrique de Kilot, adossé sur la Sanaga, et qui est sensé produire 630 mégawatts d’énergie électrique. Dans le même ordre d’idées, le barrage de retenue d’eau de Mape cherche toujours son financement, de même que celui d’aménagement de Njock sur le Nyong qui nécessite 160 milliards de Fcfa pour la production de 120 mégawatts d’électricité.

Energies renouvelables : des solutions à l’abandon

Des milliards renversants à acquérir sous la forme d’emprunts pour un pays en mal d’équilibre financier. Pourtant, selon des expertises avérées, des solutions moins douloureuses existent qui pourraient permettre au pays d’alléger son déficit en matière énergétique. Des solutions qui vont du biogaz à l’énergie solaire en passant par l’énergie éolienne. Un projet de développement du biogaz a été développé en 2009 dans l’Adamaoua et a permis de construire à titre expérimental 108 bio digesteurs. Mais depuis lors, le gouvernement semble négliger cette solution sans qu’on ne comprenne les raisons. Parallèlement, les hauteurs du Mont Bamboutos offrent des opportunités pour le développement de l’énergie éolienne. Les études de faisabilité réalisées au ministère de l’Eau et de l’Energie réclament seulement 80 milliards de Fcfa pour la construction d’une centrale éolienne sur ce sommet qui devrait dégager 75 mégawatts d’électricité.

Mais le gouvernement peine manifestement à réunir cette ardoise pourtant moins onéreuse, préférant recourir à des emprunts de centaines de milliards pour des productions énergétiques presqu’équivalentes. Quant au solaire, quelques projets ont vu le jour avant que le gouvernement ne s’en détourne manifestement. La phase pilote était sensée générer quelque 100 mégawatts d’électricité à travers la construction de 283 mini centrales. On peut à cet effet citer la ligne Yaoundé-Soa, des centrales de Tibati dans le Djérem, et la ligne qui dessert Ngoumou dans le département du ministre de l’Eau et de l’Energie.

Minader : une flopée de programmes pour des rendements insuffisants

I l est incontestablement que le ministère de l’Agriculture et du Développement rural est le département ministériel où fleurit le plus grand nombre de projets et programmes, tous sensés booster l’agriculture camerounaise en mal de production ces dernières années. On y dénombre une trentaine pour un financement cumulé qui dépasse les 200 milliards de Fcfa depuis 2009. Mais en termes de retombées, on y assiste plutôt à des séries de scandales qui se développent autour de quelques uns de ces projets. Le projet Maïs a défrayé la chronique il y’a quelques années, avec des détournements massifs qui ont ouvert la porte à une procédure judicaire. Et pourtant reconnaît un Ingénieur agronome, le Cameroun est un pays où le maïs pousse même sur des rochers. Une référence à la fertilité des sols sous-exploités. Des projets à scandales, le Minader en compte suffisamment. C’est également le cas du Partec - le Projet d’appui à la relance de la tabaculture à l’Est-Cameroun, dont on cherche sans trouver les retombées concrètes. Principal corolaire avec son acolyte du Minee, le financement des multiples projets qui pullulent au Minader s’adosse sur des financements extérieurs.

Parmi les plus garnis financièrement, le programme national de sécurisation alimentaire qui est doté d’une enveloppe de 70 milliards de Fcfa cofinancés par le Cameroun et la Fao. Au sein de l’opinion, on cherche sans trop comprendre de quoi retourne sa substance. Seule vérité qui pourrait justifier sa pertinence, l’autosuffisance alimentaire dont jouit le Cameroun.

Pourtant Dieu seul sait si la nature à elle seule ne garantit pas au pays cette autosuffisance, au point de ne plus justifier des endettements substantiels pour la consolider.

Des projets ignorés du grand public Malgré d’énormes sommes dégagées pour le financement de certains de ces projets, les résultats restent très mitigés, parfois même négligeables. Il en est ainsi du projet d’appui à la protection du verger café cacao, doté d’un financement de 6 milliards de Fcfa. Si la production de ces deux produits de rente, qui ont contribué à l’essor économique du Cameroun durant les décennies 1960-1980 connaît une remontée, il reste que les objectifs fixés ne seront pas atteints selon les spécialistes.

Concernant le cacao par exemple, les prévisions arrêtées il y a 5 ans fixent à 600 000 tonnes la production d’ici 2020. Mais à sensiblement 3 ans de l’échéance, la production nationale est évaluée à environ 260 000 tonnes, même si elle est en hausse par rapport aux 120 000 tonnes de l’année 2010. Dans le même sillage, le projet stockage céréalier, doté d’un financement de 8 milliards de Fcfa, ne dégage pas des résultats très reluisants. A preuve, selon certaines estimations, la région septentrionale du Cameroun a frôlé la crise alimentaire l’année dernière, conséquence de la guerre contre la secte Boko Haram dans l’Extrême-nord, qui a limité les cultures céréalières. Mais pour la plupart, ces multiples projets qui prolifèrent au ministère de l’Agriculture et du Développement rural restent méconnus du grand public.

Il en est ainsi du projet d’appui à la maitrise d’ouvrages des administrations du secteur rural dont on se demande à quoi il sert et quelles sont ses réalisations. Il en est de même du programme d’amélioration de la compétitivité des exploitants agropastoraux, ou du programme de rénovation et de développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, pourtant doté d’un financement de 9,1 milliards de Fcfa. En tout cas, le site internet du Minader fourmille de récriminations de jeunes à qui ces différents projets sont destinés, qui se demandent pour la plupart comment faire pour bénéficier des financements, s’ils ne souhaitent pas simplement être formés aux métiers agropastoraux, trahissant ainsi leur méconnaissance de ces programmes. De quoi se demander à quoi servent finalement tous ces projets, si ce n’est à sucer le budget de l’Etat ou alors la fortune nationale.

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