Insécurité. Cameroun,Abus : La Gp fait un mort à Obala

Patricia Ngo Ngouem | Mutations Vendredi le 10 Juin 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le sous-préfet et le commandant de la brigade ont reçu des coups lors des affrontements provoqués par la Garde présidentielle.Selon une source généralement bien informée, le nommé Noah, chauffeur de «Charité Voyages», une compagnie de transport faisant la ligne Yaoundé-Obala, a trouvé la mort après les affrontements ayant opposé les commandos du centre d’instruction de la Garde présidentielle (Gp) de Minkama, sis à près de 3 km d'Obala, à la population hier, jeudi 9 juin 2011. Son corps a été placé à la morgue de l’hôpital de district de cette ville. Informé de la situation, le sous-préfet, Victor Mbemi, qui tentait de calmer les esprits, a été giflé et jeté au sol par la Gp.

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Incapable de ramener le calme, ce dernier a quitté les lieux, préférant faire appel aux forces de l’ordre. Descendu sur le terrain avec ses éléments, le commandant Zanga de la brigade de gendarmerie en est reparti avec un œil poché, suite à un coup de poing reçu. Ne parvenant pas non plus à ramener l’ordre. Dans la mêlée générale, plusieurs blessés ont été enregistrés. Bertrand Owona Ndzana, moto-taximan interné au centre de santé des chauffeurs, se souvient d’avoir reçu un coup à la nuque qui lui provoque de violents maux de tête. «J’ai perdu connaissance quand j’ai reçu le coup de tabouret à la tête. La douleur à la cuisse, selon ce qu’on m’a dit, vient du fait que j’ai été piétiné pendant que je gisais inconscient au sol», dit-il.

Il affirme avoir perdu une somme de 120.800 Fcfa destinée à l’achat de cacao. Selon les informations recueillies sur les lieux, tout serait parti d’une altercation dans la matinée, entre un moto-taximan et un soldat de l’unité spéciale chargée de la protection du chef de l’Etat. Selon une autre source bien informée, l’incident serait survenu au moment où les commandos faisaient leur sport quotidien.

De ce fait, apprend-on, ils ont pris l’habitude de bloquer la route. «Des moto-taximen sont entrés dans leurs manœuvres, ce qu’ils n’aiment pas. Conséquence : ils les ont arrêtés et les ont tabassés», assure notre source. Les autres conducteurs de moto-taxi, voyant un des leurs en difficulté, ont volé à son secours. Mais c’est une autre version qu’ont les «bendskiners» et les populations. Aux alentours de 9h, «les hommes en tenue ont barré la route comme ils le font souvent lors de leur marche quotidienne. Une moto qui voulait passer par là a été sommée de s’arrêter, ce que le conducteur a fait. Seulement, dans le même temps, une voiture est passée sans problème. Alors, le moto-taximan a demandé au militaire devant lui pourquoi la voiture a le droit de passer et pas lui. C’est à ce moment que le militaire l’a giflé. Le moto-taximan a répliqué. Les autres militaires sont venus en renfort et se sont mis à le tabasser», disent-ils.

Machette

«J’ai vu un attroupement et je me suis rapproché pour savoir ce qui se passait. C’est à ce moment que je me suis aperçu qu’un des nôtres, couché au sol, étaient en train d’être roués de coups par les militaires», raconte Joseph Mpesse, le président du Groupement des moto-taximen d’Obala. Couché sur un lit dans une des salles à l’hôpital de district, une perfusion plantée dans sa veine, ce dernier dit avoir également été roué de coups par les commandos en furie.

Deux autres blessés couchés dans les lits voisins disent aussi être des victimes des exactions des militaires. L’un a l’oreille à moitié coupée, des bandages au menton et à la tête. «J’ai reçu un coup de machette qui m’a fendu la tête», relate avec peine Fabien Avoro, jardinier, en se plaignant d’une douleur atroce au dos. Après le premier affrontement, les soldats du président se sont repliés dans leur base, et sont revenus dans un camion, armés de machettes, de gourdins et de leur fusil d’assaut dans l’intention de donner une correction aux moto-taximen.

Certaines personnes, étrangères au conflit, et qui ont eu le malheur de passer par là par hasard, seront également tabassées. Dans leur furie, les soldats du président vont casser des motos et même des véhicules garées sur le bas côté de la route. A la suite de ces événements, deux réunions se sont tenues à la sous-préfecture dans l’après-midi d’hier, impliquant le sous-préfet, le préfet, les forces de l’ordre de la ville, le capitaine et le commandant de la Gp.

Joint hier au téléphone, le commandant de la brigade de gendarmerie d’Obala n’a pas souhaité parler de cette affaire. «Je ne veux pas parler d’une affaire qui est encore en cours d’instruction». Ce qui fait le plus paniquer les habitants qui le répètent en chœur, c’est que «ce n’est pas la première fois que les Gpistes s’attaquent à la population. C’est même devenu une habitude».

En effet, en novembre 2009, Dominique Etémé, un prestataire de services bien connu dans cette localité située à une quarantaine de kilomètres de Yaoundé, avait été tabassé par des commandos en formation au centre d'instruction de la Gp de Minkama, sis à près de 3 km d'Obala. «A chaque fois qu’il y a des exactions de la Gp, c’est toujours moi qu’on envoie à Obala», s’est laissé allé à dire un homme qui se présentait comme un émissaire de la présidence de la République dépêché pour s’enquérir de la situation qui prévalait dans la ville.
 

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