Cameroun - Football. Affaire Fecafoot :Au service de la raison pure, l’Etat.

Mutations Jeudi le 03 Décembre 2015 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le mélodrame de la Fecafoot continue de bondir et de rebondir sous nos yeux, porté par cet esprit d’éblouissement juridique qui, à l’occasion, peut abuser certains, et prolonger plutôt les ténèbres…

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Il faut savoir lever le nez !

Mais, disons le tout de suite, la guerre des tranchées n’aura pas lieu qui opposerait le droit au reste de la société, ni à l’Etat, sur le modèle d’une compétition des alternatives. En tout état de cause, le droit demeure pour tous la voie royale, la voie idéale, l’idéal type de fonctionnement de toute société civile et démocratique. Et, il ne viendrait à personne l’idée de théoriser la jungle, ni de proclamer la fin du droit pour un hypothétique retour à l’état de nature. L’Etat de droit n’est donc pas négociable.

Seulement, ce droit là a un visage humain,  avec des caractéristiques précises, la  justesse plutôt  que la justice, le bon plus que le beau, l’utile plus que l’agréable, le vrai plus que le vraisemblable, avec pour finalité,  l’humaine condition qui doit demeurer l’ultime mesure de toute chose.  Evidemment, dans le cas d’espèce,  il est loin de la coupe aux lèvres quant au droit applicable et appliqué  à la  Fecafoo, au regard du jeu et des enjeux locaux, internationaux et à termes complexes que cette dernière  charrie. Le cas peut d’ailleurs devenir symptomatique des limites du droit, lorsque certains enjeux dépassent le jeu…



Elle est  donc, à nos yeux, superflue, la fronde des juristes élevée  contre ceux dont le seul tort est un constat sans huissier, sur  l’impasse du droit, qui n’est pas encore un échec, après plusieurs années de joyeuse pagaille juridique au sujet de la Fecafoot .

Mais, le développement des débats ces derniers jours a surtout eu le mérite de mettre en lumière une menace inattendue, portant sur l’explosion d’une nouvelle dictature, celle du droit, dans un total déni de droit, adossé à un désespérant trouble de jouissance, lorsqu’il campe sa propension à nier, ou à dénier, toute autre tentative de conciliation ou de réconciliation sociale, qui ne soit pas du pur jus de droit. Pourtant, le Chef traditionnel peut le dire ici, Attention à la complexité propre de l’objet, mais aussi, à la complexité de la trajectoire des acteurs !!!

En tout état de cause, l’on est que partiellement étonné du yoyo révélateur de M.  Begheni Ndeh , grand prêtre malgré lui, lorsqu’il consent, enfin aujourd’hui, à caler son curseur sur une position qui se veut définitive au sujet du litige de la Fecafoot. A l’en croire donc, seule une stricte application intégrale du verdict de la Chambre de Conciliation  et d’arbitrage du CNOSC est de nature à crever l’impasse actuelle, à moins d’un appel auprès du TAS. Soit, et passons sur  ce ralliement – ! – chargé de symbole, qui fait déjà des gorges chaudes auprès de ceux qui se préoccupent de la solidité du bloc régalien. Néanmoins, la messe est loin d’être dite.

Passons aussi sur ces développements opportunistes qui tendent à transformer un débat républicain en champ de ruine où prospèrent, en vrac, dénonciation des voleurs, des mécréants et autres condottières de toute nature, tous accusés – par qui et comment ?- de conspirer contre le bon droit. Mais à y regarder de près, l’on aurait dit que  leur commun péché originel, à tous, est d’avoir voulu frayer un chemin original à la raison humaine, en marge d’un droit devenu incertain alors que des échéances catégoriques frappent à la porte.

L’auto épuisement du droit

Depuis le communiqué du MINSEP du 18 novembre 2015, aux fins de stabilisation de la situation à la Fecafoot l’ivresse spéculative célébrant l’ethnocentrisme des juristes est à son firmament. Toutes les forces de droit et du droit sont en ordre de batail pour crier haro  sur le baudet. Pour tous, le Ministre n’aurait pas dû, parce qu’il n’y est pas fondé, par le droit. Le cirque de la pensée dominante a depuis lors posé son chapiteau ici pour délimiter un territoire souverain d’où sont exclus tous ceux qui ne sont pas géomètres. Le débat amorce ainsi une pente douce vers la dictature d’opinion, où l’on ne survit qu’à partir d’une alternative, se taire,  ou se taire, à défaut de suivre la voix dominante.   Or, justement,  ici prend corps l’Etat, dans sa mission de protéger équitablement tous ses citoyens, les bons, les moins bons, les justes, y compris les mécréants, tous égaux devant la loi, tant que tout ceci est compatible avec la survie de la collectivité, finalité supérieure de tout. Mais revenons aux faits dans le dossier Fecafoot

Il est, en effet, difficile de dire à quand remonte le dernier état de sérénité à la Fecafoot. Depuis plus de 4 ans, des rebondissements  succèdent à des verdicts, préparant de nouvelles procédures appelant d’autres rebondissements, sur les Hommes, sur les structures, sur les méthodes, sur les finalités. Il y en a eu tant et aussi bien qu’un collège d’agrégés de droit appelé à la rescousse n’a abouti qu’à enrichir notre code  pénal d’un nouveau délit, le délit d’agrégation en droit. L’on ne peut que concevoir de l’émotion devant les mêmes qui aujourd’hui défendent la souveraineté du droit, alors que hier, ils  pourfendaient les agrégés de droit, taxés de manque de substance, révélant, ce faisant, combien le droit juste est simplement incompatible avec la mafia du football. En fait,  fait historique constant, un droit diurne ne peut sereinement objectiver une activité de l’ombre. A partir de là, railler des agrégés de droit devient simplement aveu d’impuissance ou de complicité. A l’évidence,   le droit ordinaire n’est ni  mafiocompatible, ni mafiosoluble… Ici commence la raison d’Etat, et voilà qui devrait donner sens et puissance à la réaction du MINSEP dans le dossier Fecafoot

Le Dialogue Démocratique

L’affaire de la Fecafoot dure donc depuis tant d’années, à coups de rebondissements,  de nouvelles accusations et dénonciations, dans un total complexe de l’empire éclaté. L’alternative n’était donc plus le droit ou la chao, mais, le chao ou l’Etat de droit. Dans ce processus, le MINSEP s’est certainement  souvenu de certain précédent, comme l’affaire de la CMC où, à la fin du droit, dit jusqu’à la Cour Suprême, seule une implication du gouvernement a pu permettre un début de solution au sort des professionnels de la musique. Action saluée en son temps par des juristes, tour à tour, séduits et résignés à  la justesse d’une action publique rendue nécessaire par l’impasse de l’encadrement juridique et l’insuccès de l’action judiciaire. Bien sûr, quelques grands maîtres du droit ont eu le temps d’être « broyés » au passage, exactement comme les agrégés de la Fecafoot Autre façon de dire que le droit ne circule que sur les lignes droites. Quand ça devient très tortueux, il conviendrait de faire appel à un droit ad hoc…L’Etat.

A quelques mois de la CAN Féminine 2016, l’intervention du MINSEP dans l’affaire de la Fecafoot  tient quelque chose du précédent évoqué Plus haut.

Et à ceux qui arguent que le communiqué de presse n’est pas un acte administratif unilatéral,  l’on peut utilement leur rétorquer qu’il ne l’est pas effectivement, et qu’il ne saurait l’être, parce qu’il est largement au-dessus. Le communiqué de presse tire sa légitimité dans le dialogue démocratique. Il est acte républicain intégrateur que rend justice à la souveraineté du peuple arbitre.

Au demeurant, l’on aurait d’ailleurs mal compris que le MINSEP, en constatant la fin du droit dans l’affaire Fecafootby défère à nouveau, du moins sur les aspects de la procédure. Car, il faut bien pouvoir se le dire aussi, la Constitution de la République, les missions régaliennes du MINSEP autant que le Texte qui le nomme sont pour lui source de droit.  C’est donc en toute conscience démocratique que le MINSEP a choisi d’activer le levier intégrateur de la communication politique, par un communiqué de presse, pour aller plus haut et plus loin que l’acte administratif unilatéral… Ce faisant, le ministre a eu l’intelligence de nous plonger au cœur d’un dialogue démocratique intégral qui subsume la règle de droit,  sur la question de la Fecafoot . Les événements lui donnent d’ailleurs raison, puisque tous ceux qui lui font querelle depuis lors n’osent plus faire œuvre substantielle de droit, mais bien, œuvre de communication, par une inflation de communiqués de presse, au cœur des franchises démocratiques.

Tout ceci, en fin de compte, vise l’affirmation d’un Etat responsable qui, quoique justiciable lui-même, ne demeure pas moins le garant d’un droit au service de l’intérêt supérieur  de la collectivité nationale. Et lorsque cet intérêt supérieur est en jeu, le droit se doit de se mettre au service du et de la politique.

Dernière remarque circonstancielle pour les juristes effarouchés ; si tant est que le droit se veut le reflet idéal codifié du fonctionnement d’une société humaine donnée, il en résulte qu’une société en mutation ne peut disposer d’un droit achevé. Il n’y a donc pas honte à ce que le droit trébuche de temps en temps au Cameroun, à l’image de la société dont il est le reflet. Au finish, dans l’affaire de la Fecafoot  il n’y a nulle part déni de droit, mais plutôt consolidation de l’Etat de droit qui seul assure au droit prééminence sociale, en même temps qu’il doit veiller au légitime droit des camerounais de disposer d’un milieu footballistique apaisé, au nom des droits de l’Homme. Les juristes n’ont donc pas à s’en trouver minorés, ignorés, ni méprisés.

Bref, 4 ans de tâtonnement à la Fecafoot , ça suffit ; et les CAN c’est déjà demain !!!

Voilà qui est au dessus du droit procédural ; voilà qui est l’intérêt supérieur de la collectivité nationale ; voilà ce vers quoi les efforts d’un droit au service d’une humanité humaine doivent s’orienter. Oui assurément, un communiqué de presse peut avoir valeur de délivrance nationale ; en cela, il réconcilie le juridique et le Républicain. Cela rappelle opportunément l’éthique de la communication qui vise, rappelons-le, à bâtir des théâtres de consensus !!!

Pour les CAN 2016 et 2019, il ya urgence à un consensus national fort et probant, par voie réglementaire si possible, par voie régalienne s’il le faut. Ainsi se structure la communication pour le développement.

 

Sir Alphonse ATEBA NDOUMOU

Chef traditionnel,

Promoteur d’un droit traditionnel centré sur l’Homme.

 

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