Alerte Rouge pour la Planète : Les Forêts Africaines, Nouvel Épicentre des Émissions de CO?

Alerte Rouge pour la Planète : Les Forêts Africaines, Nouvel Épicentre des Émissions de CO?

Une étude-choc menée par un collectif international de climatologues et relayée par l'Université de Leicester sonne le glas d'un mythe environnemental : le poumon vert de l'Afrique a cessé de respirer. Pis, il étouffe la planète. Les premières preuves formelles révèlent qu'au début des années 2010, les immenses forêts du continent, jusqu'alors bastions de la lutte contre le réchauffement climatique, sont devenues une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre. Un basculement aux conséquences planétaires, qui place la déforestation massive au cœur de l'urgence absolue.

Le Point de Non-Retretour


« Cette découverte doit être un signal crucial pour l'agenda climatique international », alerte le Professeur Heiko Balzter de l'Université de Leicester, principal auteur de cette recherche. Le message est sans équivoque : si les forêts africaines, qui stockaient plus de 85 milliards de tonnes de carbone, ne jouent plus leur rôle de puits, le fardeau pour le reste du monde s'alourdit dramatiquement. Atteindre les objectifs de l'Accord de Paris et contenir la hausse des températures à 2°C devient une équation bien plus complexe, exigeant des réductions d'émissions bien plus radicales.



Pour parvenir à cette conclusion glaçante, les scientifiques ont croisé pendant une décennie (2007-2017) une quantité colossale de données : observations du satellite japonais ALOS, mesures du lidar spatial GEDI de la Station Spatiale Internationale, et relevés terrain dans pas moins de 10 800 zones forestières.



Leurs calculs sont implacables. Avant 2010, la biomasse africaine augmentait de 433 millions de tonnes par an. Après cette date, la courbe s'est inversée, plongeant en raison des feux de forêt et d'une déforestation tropicale effrénée. Entre 2010 et 2015, l'hémorragie a atteint un pic de 133 millions de tonnes de biomasse perdue annuellement. Si le rythme a ralenti par la suite (41 millions de tonnes/an entre 2015 et 2017), le mal est profond. Les régions tropicales, en particulier Madagascar, la République Démocratique du Congo et l'Afrique de l'Ouest, sont les plus touchées.


Un contexte politique africain en pleine effervescence


Cette alerte environnementale survient dans un paysage politique africain marqué par des transitions cruciales.



En Guinée, la campagne électorale pour la présidentielle du 28 décembre a débuté vendredi pour un mois. Neuf candidats sont en lice, dont le chef de la junte au pouvoir, le Colonel Mamadi Doumbouya, favori du scrutin. L'opposition, représentée par des figures comme Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, voit cependant ses candidatures rejetées par la Cour suprême, créant un climat de tension autour d'un processus censé restaurer un régime civil après le coup d'État de 2021.



En Tunisie, la justice a rendu un verdict lourd dans l'affaire dite de "complot contre la sûreté de l'État". La cour d'appel de Tunis a condamné une quarantaine de personnes, dont des politiques et des militants de la société civile, à des peines allant de 5 à 45 ans de prison. Des figures de l'opposition, comme Ghazi Chaouachi et Issam Chebbi, figurent parmi les condamnés, dans un contexte de durcissement du pouvoir.



La transformation des forêts africaines de bouclier carbone en source d'émissions est un tournant historique. C'est un avertissement sans fard adressé à la communauté internationale : la préservation des écosystèmes forestiers n'est plus une option, mais la condition sine qua non pour éviter le pire. Alors que le continent est également le théâtre de recompositions politiques majeures, la question est de savoir si les dirigeants africains et mondiaux sauront entendre ce cri d'alarme avant que le dernier arbre ne soit tombé.

 




Code Red for the Planet: African Forests Become a New Epicenter of CO? Emissions


A groundbreaking study by an international team of climatologists, reported by the University of Leicester, shatters an environmental myth: Africa's green lung has stopped breathing. Worse, it is now suffocating the planet. The first formal evidence reveals that in the early 2010s, the continent's vast forests, once bastions in the fight against global warming, became a major source of greenhouse gas emissions. This tipping point has planetary consequences, placing massive deforestation at the heart of the absolute emergency.



The Point of No Return



"This finding must be a crucial signal for the international climate agenda," warns Professor Heiko Balzter of the University of Leicester, lead author of the research. The message is unambiguous: if African forests, which stored over 85 billion tonnes of carbon, no longer act as a sink, the burden on the rest of the world increases dramatically. Achieving the Paris Agreement goals and limiting temperature rise to 2°C becomes a much more complex equation, requiring far more radical emission reductions.



To reach this chilling conclusion, scientists cross-referenced a colossal amount of data over a decade (2007-2017): observations from the Japanese ALOS satellite, measurements from the GEDI space lidar on the International Space Station, and ground readings from no fewer than 10,800 forest areas.



Their calculations are relentless. Before 2010, African biomass was increasing by 433 million tonnes per year. After that date, the curve inverted, plummeting due to wildfires and rampant tropical deforestation. Between 2010 and 2015, the hemorrhage peaked at 133 million tonnes of biomass lost annually. Although the pace slowed thereafter (41 million tonnes/year between 2015 and 2017), the damage is profound. Tropical regions, particularly Madagascar, the Democratic Republic of Congo, and West Africa, are the most affected.



A Context of African Political Shifts



This environmental alert comes as Africa experiences crucial political transitions.



In Guinea, the campaign for the December 28th presidential election began on Friday and will last one month. Nine candidates are in the race, including the head of the ruling junta, Colonel Mamadi Doumbouya, the poll's favorite. However, the opposition, represented by figures like Cellou Dalein Diallo and Sidya Touré, has had its candidacies rejected by the Supreme Court, creating a tense atmosphere around a process meant to restore civilian rule after the 2021 coup.



In Tunisia, the courts have delivered a heavy verdict in the so-called "conspiracy against state security" case. The Tunis Court of Appeal sentenced about forty people, including politicians and civil society activists, to prison terms ranging from 5 to 45 years. Opposition figures such as Ghazi Chaouachi and Issam Chebbi are among the convicted, in a context of the government's hardening stance.



The transformation of African forests from a carbon shield to an emission source is a historic turning point. It is a stark warning to the international community: preserving forest ecosystems is no longer an option, but a prerequisite for avoiding the worst. As the continent is also the stage for major political realignments, the question remains whether African and world leaders will heed this wake-up call before the last tree falls.



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Moussa Nassourou

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