Coup d’État en Guinée-Bissau : la Cédéao suspend le pays, la junte installe Horta N’Tam/Inta à la tête d’une transition d’un an

Coup d’État en Guinée-Bissau : la Cédéao suspend le pays, la junte installe Horta N’Tam/Inta à la tête d’une transition d’un an

La Guinée-Bissau s’enfonce dans une nouvelle zone de turbulence politique. Après le coup d’État militaire du 26 novembre, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé, le 27 novembre à l’issue d’un sommet extraordinaire, la suspension de la participation de la Guinée-Bissau à l’ensemble de ses organes directeurs.

Les dirigeants régionaux, soutenus par l’Union africaine et le Nigeria, ont condamné avec fermeté la prise de pouvoir par la force et exigé le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel, ainsi que la libération de toutes les personnalités arrêtées, dont le président déchu Umaro Sissoco Embalo.



Ironie du calendrier, les missions d’observation régionales avaient pourtant salué le déroulement calme et ordonné du scrutin présidentiel et législatif du 23 novembre, dont le dépouillement a été brutalement interrompu par les militaires.


Un président déchu, un général installé


Destitué par l’armée, Umaro Sissoco Embalo a finalement été libéré après une médiation régionale et a rejoint Dakar, selon le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Niang. Il serait sain et sauf.



Dans la foulée, le général de division Horta N’Tam (également cité comme Horta Inta) a prêté serment en tant que président de transition, lors d’une cérémonie organisée au siège de l’état-major. La junte a fixé une période transitoire d’un an, durant laquelle le pays sera dirigé par le Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre.



Par son premier décret, Horta N’Tam a nommé le général Tomas Djassi au poste de chef d’état-major des forces armées. Ce dernier était jusque-là chef de la sécurité présidentielle et ancien commandant de la Garde nationale.



Pendant ce temps, le chef de l’opposition Fernando Dias revendique la victoire à la présidentielle du 23 novembre et accuse Umaro Sissoco Embalo d’avoir lui-même « organisé » le coup d’État.



« Je suis le président élu de la Guinée-Bissau », a-t-il déclaré à l’AFP, assurant être en sécurité.


Bissau sous contrôle militaire


Dans la capitale, la situation reste sous haute tension. Selon l’ambassade de Russie citée par l’agence TASS, Bissau est totalement sous contrôle militaire :

 



  • Routes bloquées et checkpoints installés

  • Déploiement massif de soldats et policiers

  • Fermeture des banques, marchés et commerces

  • Véhicules contrôlés, y compris diplomatiques

  • Réseaux sociaux comme TikTok et Facebook bloqués

  • Seul l’opérateur internet Orange fonctionne




Les rues sont restées désertes, sans mouvement de contestation signalé.



Même si la junte a annoncé la levée du couvre-feu et la réouverture des frontières à partir du 28 novembre, toutes les manifestations, marches et rassemblements sont formellement interdits.


Pressions internationales et médiation régionale


Face à la gravité des événements, une commission de médiation de la Cédéao a été mise en place. Elle regroupe les présidents du :



  • Cap-Vert

  • Sénégal

  • Sierra Leone

  • Togo


De son côté, le Nigeria a condamné « une mutinerie armée qui menace la stabilité de toute l’Afrique de l’Ouest » et promis de travailler activement au retour à l’ordre constitutionnel.



L’Union africaine, à travers la voix de Mahamoud Ali Youssouf, a rappelé sa politique de “tolérance zéro face aux changements anticonstitutionnels” et a exigé la libération immédiate et inconditionnelle du président déchu et de tous les détenus politiques.


Un pays fragilisé


Avec seulement 2,2 millions d’habitants et un revenu moyen annuel de 963 dollars par habitant, la Guinée-Bissau reste l’un des pays les plus pauvres au monde. Ce nouveau coup de force militaire risque d’aggraver une situation déjà marquée par l’instabilité chronique, la fragilité des institutions et la dépendance extérieure.



Pour de nombreux observateurs africains – y compris au Cameroun – le cas bissau-guinéen relance le débat sur la démocratie en Afrique de l’Ouest, la montée des juntes militaires et l’efficacité réelle des organisations régionales à endiguer ces dérives.



 




Coup in Guinea-Bissau: ECOWAS Suspends the Country as Military Junta Installs Horta N’Tam/Inta as Transition Leader


Guinea-Bissau has plunged into fresh political turmoil following the military coup of November 26, prompting the Economic Community of West African States (ECOWAS) to announce the suspension of Guinea-Bissau from all its decision-making bodies after an emergency summit held on November 27.



ECOWAS, backed by the African Union and Nigeria, strongly condemned the takeover and demanded an immediate return to constitutional order and the release of all detained political leaders, including deposed President Umaro Sissoco Embalo.



Ironically, regional observation missions had previously praised the peaceful conduct of the November 23 presidential and legislative elections, whose vote-counting process was interrupted by the military.



A deposed president, a new general in power



After international mediation, Embalo was released and arrived safely in Dakar, Senegal, according to the Senegalese Foreign Minister.



Meanwhile, General Horta N’Tam, also known as Horta Inta, was sworn in as transitional president, with the junta announcing a one-year transition period under the authority of the High Military Command for the Restoration of Order.



His first decision was to appoint General Tomas Djassi as the new Chief of Staff of the Armed Forces.



Opposition leader Fernando Dias has also claimed victory in the November 23 election, accusing Embalo of orchestrating the coup and declaring himself “the elected president”.



Capital under military control



Bissau remains under tight military control:

 



  • Roads blocked, checkpoints installed

  • Heavy military and police patrols

  • Banks, markets, and shops closed

  • Social media platforms blocked

  • Only Orange internet network operating




Although the curfew has officially been lifted and borders reopened, all protests and public gatherings remain banned.



International pressure mounts



ECOWAS has established a mediation committee, including the presidents of Cape Verde, Senegal, Sierra Leone, and Togo.



Nigeria, the African Union, and even Russia have expressed deep concern and called for restraint, dialogue, and restoration of democratic order.


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Moussa Nassourou

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