Chronique. Qui veut être fils de chef d’Etat en République Cacaoyère ?

François Bimogo Lundi le 27 Mai 2013 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Qui veut gagner des millions ? Tout le monde dit, moi ! Les employés du PMUC ont eux aussi, à défaut de gagner de millions, voulu travailler là où on gagne des millions.

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A force de ne pas voir leurs millions arriver rapidement, ils sont descendus récemment dans la rue pour les réclamer leur argent, alors même qu’il fallait courir. Au PMUC, on ne parie pas sur les marcheurs, on parie sur les courses, et à quatre pattes. Et vaut mieux ne pas être un toquard, sinon, zéro banko ! Bingo.

Qui ne rêve pas d’une vie de fils de chef d’Etat, qui ne rêve pas de renaître avec une cuillère d’argent dans la bouche ? Encore là, tout le monde lève le doigt !

D’accord, bienvenue donc dans le monde des enfants bien nés : grandes écoles, pensionnat en Suisse, Panthéon-Sorbonne à Paris, Harvard en Grande Bretagne, MIT aux Etats-Unis. Poste de conseiller de son père de Chef d’Etat par-ci, prospère Homme d’affaires par-là, costumes élégants, Ferrari, Porsche, bateau à 300 milliards de F CFA… Oui, elle est belle la vie !

Ce n’est pas tout, on peut être député, sénateur, ou tenter d’être maire pour ceux qui veulent vraiment avoir l’argent et les honneurs de jeunes loups de la politique. Mais pourquoi aller suer dans la poussière et la chaleur des meetings, s’enrailler la voix sur des tribunes, recevoir des tomates pourries via les médias dans ce marigot politique de nos démocraties cacaoyères africaines, lorsqu’on peut être bombardé Ministre du ciel et de la terre, donc à peu près ministre de tout ce qui marche et qui vole. Si donc on est ministre de « tous ceux qui marchent et qui volent », c’est qu’on est ministre des « marcheurs » et des « voleurs ».

Karim Meissa Wade est un jeune homme brillant, pas parce que son père, Abdoulaye Wade fut président jusqu’à il y a peu, mais parce qu’il a fait des choses que peu de gens de son âge feront même en renaissant un million de fois en Afrique. Il a fait construire des infrastructures (en français facile, des grandes routes des grandes maisons et d’autres grandes choses publiques) en 2008 pour accueillir l’OCI, une conférence islamique, en gérant des centaines de milliards de F CFA. Les salons feutrés Sénégalais l’avaient alors rebaptisé « Monsieur 15% ». Traduction, quand il donnait en public 100 F CFA, après, miraculeusement, 15 F se retrouvaient dans ses poches. Mais bon, Papa était content au sommet de l’OCI en 2008, tout le monde d’ailleurs. Dakar, où je suis passé à l’époque, a eu sa belle corniche, pavoisée de Palmiers que Karim avait fait grandir en quelques jour ! Il est brillant, on vous l’a dit, Karim.

En mai 2009, après l’Anoci qu’il dirigeait depuis  2004, il entre au Gouvernement comme ministre d’Etat en charge de « beaucoup de choses ». « Beaucoup de choses » veut dire Ministre de la Coopération internationale (un ministre des affaires étrangères en plus subtil), Ministre de l’Aménagement du territoire, (donc ministre de la terre), et puis, surtout, Ministre des transports aériens et des infrastructures (là c’est le Ciel). En octobre 2010, Wade fils se verra rajouter un autre ministère à son portefeuille, il récupère le portefeuille de ministre de l’Energie.

En plus d’être brillant, comme beaucoup d’esprits brillants en Républiques Cacaoyères d’Afrique, il est aussi cumulard !

Mais voilà, depuis le 25 mars 2012, Karim Wade n’est plus ministre d’Etat du ciel et de la terre, il est même durement descendu sur terre, où ne l’a attendu, non pas une cuillère en argent, mais bien un bruit de présumées casseroles de la gestion des différents budgets attachés aux responsabilités occupées dans la fonction publique sénégalaise. Depuis le 15 mars 2013, la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) lui demande de justifier dans un délai d’un mois l’équivalent de plus de 655 milliards de F CFA qu’on lui attribue comme fortune personnelle répartie en actionnariat via des sociétés écrans, prête-noms et montages financiers complexes. Il lui a également été interdit de quitter le territoire sénégalais depuis le 14 novembre. Meïssa Wade, qui depuis, à défaut de parler le wolof, le patois du Sénégal, a épousé une Sénégalaise après le décès en 2009 de sa première épouse française qui lui a donné 03 filles, ne peut plus trop compter sur son père reclus en France. Abdoulaye Wade, qui approche les 90 ans, n’a désormais plus que la tête dans ses mémoires, et a du tracas à se faire en rapport avec une plainte de l’Etat du Sénégal où il est cité pour recel de détournement de fonds publics et recel d’abus de biens sociaux. Voilà un brillant technocrate, c’est-à-dire chemise blanche cravate noire crane rasé, qui est entré avec des appétits de crocodile, dans un marigot politique où la règle est la saleté ! Sa cuillère en argent de fils de chef d’Etat aura du mal à se blanchir désormais.

Alors, on va revenir à  la question de départ : Qui veut travailler là où on gagne des millions ?

Qui veut naître fils de chef d’Etat en république cacaoyère ?

 

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