Cameroun - Communication. Les réseaux sociaux. Un couteau à double tranchant ?

La Cité Dimanche le 13 Novembre 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
De Facebook à WhatsApp, en passant par Twitter et autres, il devient très aisé d’être informé à la seconde près. Que ce soit une banale histoire d’un couple à Etam-Bafia qu’à l’ampleur dévastatrice de l’Ouragan Matthew à Haïti, on aura des avis, des appréciations, et même des détails croustillants et « aromatisés » des commentateurs. Les réseaux sociaux sont devenus un moyen d’information très présent dans notre quotidien.

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Autant on peut louer ce nouveau média de par la célérité avec laquelle il nous fait parvenir ce flot d’informations plus ou moins utiles qu’on n’aurait pas eu avec les médias classiques que sont la presse écrite, la radio ou la télévision ; autant on peut se mordre les doigts d’avoir fait une confiance aveugle à une information avec pour source les réseaux sociaux qui au final sera non-avérée.

La crédibilité des informations provenant des réseaux sociaux est mise en mal à cause des individus pas toujours bien intentionnés (encore que l’enfer est pavé de très bonnes intentions nous diton) qui, pour des motifs divers et/ou des desseins inavoués (cupidité, avidité, lésinerie, naïveté, recherche de notoriété, etc.) se croient obligés, d’inventer des récits montés de toutes pièces.

Quand ils ne déforment pas tout simplement une histoire réelle pour qu’elle puisse servir leurs intérêts.

Nous avons tous vu, les informations erronées sur le déraillement du train 152 à Eseka devenu « train de la mort » il y a plus d’une semaine ont plongé le ministre des transports Edgard Alain Mebe Ngo’o dans un embarras manifeste, l’obligeant à se fourvoyer pendant les communications liées à la gestion du véritable drame. Mythomanes ou blagueurs, les Camerounais sont passés maitres dans l’art de la désinformation sur les réseaux sociaux. Allant jusqu’à prédire l’avenir comme des diseuses de bonne aventure. C’est ainsi que la défunte Anne Marie Nzié voix d’or de la musique camerounaise s’est retrouvée plusieurs fois morte le même jour. Revenant à la vie au gré des internautes, avant de succomber finalement et véritablement cette fois à la maladie contre laquelle elle luttait.

Un autre cas très récent, celui de l’ancien défenseur et capitaine des Lions indomptables Rigobert Song, victime d’un malaise cardiaque auquel il survivra finalement. Il sera annoncé mort à maintes reprises, avec des publications associées ici d’une photo, là-bas d’un verset biblique dit à sa mémoire.

Les Camerounais en particulier et les Africains en général semblent encore ignorer ou alors du moins sous-estimer le pouvoir véritable de ces nouveaux outils de communication malgré leur présence de plus en plus évidentes dans notre quotidien. Lors du printemps arabe, il y a quelque années, Facebook a aidé a montrer la réalité et la violence des affrontements. On peut même se hasarder à dire que le réseau social le plus utilisé au monde a oeuvré pour le renversement de certains de ces régimes autoritaires, pour ne pas dire dictatoriaux. Le rôle des réseaux sociaux notamment Facebook dans le printemps arabe a été abusif, me direz-vous. Mais tout de même: ils ont servi à mobiliser, à s’informer et aussi à informer. Bien sûr, on ne peut pas dire que seuls les réseaux sociaux étaient la cause de ces révolutions, ils ont tout de même donné un coup de pouce pour poursuivre ces manifestations. On sait tous que les populations arabes ont été poussées à se révolter pour des raisons politiques et sociales.

La légèreté avec laquelle les réseaux sociaux sont gérés par les membres du gouvernement au Cameroun est étonnante. Rares sont les membres du gouvernement qui ont un compte Facebook. On entendra par exemple lors d’un point de presse le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary ironiser à propos. Un sourire narquois au coin des lèvres il dira : « Les gens sur Internet sont toujours fâchés», Une façon de dire que les internautes Camerounais sont de « nerveux névrosés. » Toujours est-il que dans la logique du Président Paul BIYA, il est grand temps de relever les défis liés aux technologies de l’information et de la communication.

Lui qu’on croyait vieux jeu l’a bien compris. Cela ne semblait pourtant pas dans son discours à la jeunesse le 10 février 2015 lorsqu’il disait : « Vous devez surtout vous méfier des chants trompeurs des oiseaux de mauvais augure, ces marchands d’illusions qui n’ont pour projet que la déstabilisation via les réseaux sociaux. Ces prophètes irresponsables cherchent de façon évidente à vous instrumentaliser…» il est revenu récemment encourager son gouvernement à « …être plus présents sur les réseaux sociaux… » avec un discours différent à la veille de la fête de la jeunesse 2016, il dira « …A tout ceci, il faut ajouter un domaine qui, je le sais, vous est très cher, à vous de la génération dite « Android ». Il s’agit du développement de l’économie numérique.

« A chaque génération ses défis historiques, pour le devenir de la nation ! Je puis dire que, pour notre jeunesse, l’un des défis majeurs est de réussir l’arrimage à ce phénomène marquant qu’est l’économie numérique. » Oui, le président de la République l’a bel et bien compris, et bien que dans ce discours du 10 février 2016 sa cible principale soit la jeunesse [Fer de lance de la nation] à laquelle il demande de façon générale de mettre un accent particulier sur les TIC. Ce discours concerne également l’ensemble des Camerounais qu’il exhorte de façon implicite à s’arrimer aux TIC en général mais aussi à leur différent produit.

Seulement il faudrait que nous soyons plus responsables tous ensemble et individuellement dans la gestion de ces nouveaux médias qui peuvent tout aussi bien accompagner nos causes, ou être la cause de notre perte. Parce qu’il est temps de le reconnaitre et d’en prendre réellement conscience, les réseaux sociaux sont fatalement des couteaux à double-tranchant à manipuler avec précaution.

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