Cameroun - Football. Pascal Atangana : « Le comité de normalisation est venu tuer notre football »

Mboafootball Vendredi le 25 Avril 2014 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le président du Conseil d’administration du célèbre centre de formation « Semences Olympiques » fait le bilan du tournoi qu’il vient d’organiser à Douala. Il donne les raisons de la délocalisation et évoque le prochain tournoi du mois d’août. Avec la verve qu’on lui connait, Il en profite aussi pour faire son bilan du comité de normalisation à la tête de notre football depuis neuf mois.

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Quel bilan faite vous de cette 41ème séquence du tournoi « Semences Olympiques » organisée à Douala ?

Il s’agissait exactement de la 14ème édition qui était à sa 41ème séquence de suite parce que depuis 2000, c’est tous les trimestres que les enfants se retrouvent. Quel est le sentiment d’un président après avoir fait joué plus de 124 matches des jeunes ? C’est un homme comblé, c’est un homme heureux qui se voit au service du football et qui voit sa mission se poursuivre à travers le temps et l’espace.

Qu’est ce qui peut expliquer cette délocalisation ?

Ce n’était pas une délocalisation. C’était une mission. Nous avons la mission de prouver qu’on peut jour au football partout, même là où les instances qui ont la charge de ce football ne le font pas jouer. C’est Douala aujourd’hui, Bafoussam et Bertoua bientôt, parce qu’il faut montrer qu’il y a un label de 10 ans, 12 ans, 15 ans, 17 ans. On est dans une catégorie non par rapport à l’apparence, mais par rapport à un âge et nous allons le montrer. De plus, comme c’est nous qui avons le label, nous allons le proposer à travers tout le territoire national.

Ici avec les Poussins de Semences Olympiques

Quelle a été l’innovation de l’édition de Douala ?

La délocalisation déjà était une innovation. C’était une mutation spatiale si vous voulez mais ce n’est pas parce qu’on a eu un problème à Yaoundé que nous sommes allés à Douala. C’est parce qu’on a une mission de labellisation de notre football que nous sommes allés à Douala. Comme l’instance faitière ne peut pas le faire, nous sommes obligés de faire le tour du pays pour montrer le label qui doit jouer. Il est aberrant aujourd’hui que l’on parle de censure morphologique au Cameroun en 2014, alors que nous avons un état civil de plus en plus sécurisé. Nous avons une carte nationale d’identité sûre pour qu’on parle encore de censure morphologique. Çà c’est du passé ! C’est l’archaïsme ! C’est dépassé ! C’est suranné ! C’est vétuste !

Est-ce que vous comptez renouveler l’expérience de Douala et est ce que vous avez ressenti un certain engouement de ce côté-là ?

C’était un engouement général. Mais il y a avait beaucoup de méfiance parce que quelqu’un qui vous dit qu’il laisse jouer tout le monde mais qui amène les enfants de 10 ans jouer avec les enfants de 15ans. Il y a eu des défaites sociologiques, c’est-à-dire que quelqu’un fuit la réalité. C’est une expérience qui devrait se poursuivre. Nous sommes obligés de passer deux fois sur la même place pour que la mayonnaise prenne.

Douala n’est pas votre ville de résidence, comment vous faites pour avoir les partenaires et communiquer comme vous l’avez fait ?

Vous savez, nous avons eu le partenariat de la Radio Sport Info (RSI) dès le début. Le tirage au sort a eu lieu à RSI. Et vous croyez que si vous avez RSI à Douala en termes de partenaire communicationnel vous avez encore besoin de quelque chose ? Je ne pense pas. A côté de cela, nous avons le soutien des institutions. C’est le délégué des Sports du Littoral qui nous accompagne. Nous avons le délégué régional de la police qui nous accompagne de manière discrète. On avait les contours institutionnels, on avait une adhésion massive des centres de formations. Je vous dis, c’était remarquable. Ce n’est pas la magie et quand c’est bien fait on vous respecte.

Est-ce que le fait que « Semences Olympiques » n’ait pas pu décrocher les trophées mis en jeu vous gène ?

Bien au contraire ! Nous avons joué contre des enfants plus costauds, qui étaient inadaptés. Mais le message passe, ils ont gagné. Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Nous avons gagné parce qu’on a organisé et on leur a opposé le meilleur. D’habitude à Yaoundé, on dit que nous organisons pour tout gagner. Mais là, ils avaient des enfants qui sont venus pour leur montrer comment çà se passe.

Le délégué régional des Sports salue les équipes finalistes en cadets

Est-ce qu’il y a des sponsors qui vous accompagnent ?

Aujourd’hui nous sommes une institution. Le sponsoring n’est plus un acquis, mais nous avons eu un équipementier qui veut nous accompagner. Il a mis à notre disposition les ballons de la compétition et c’était déjà un grand apport. Nous n’attendions pas plus. Aujourd’hui, nous allons en mission de labellisation.

Est-ce qu’il y a quelques talents qui sont sortis du lot ?

Si on peut considérer que les talents dominateurs par rapport à leur âge et leur gabarit sur les plus jeunes sont sortis du lot, alors oui il y en a eu quelques uns. Mais notre souci est d’abord de standardiser notre football. Et là nous allons mieux explorer les voies des talents. Notre vivier est très large, mais il faut respecter certaines normes.

Qu’est ce qui justifie cette présence massive des autorités ? Est ce que vous avez graissé la patte à ces fonctionnaires pour qu’ils soient tous là?

Ils sont là dans leurs missions quotidiennes. Le délégué régional des Sports à spontanément suivi le mouvement et il aurait même souhaité que cela se joue au stade Omnisports de Bepanda. Mais comme on avait déjà pris les engagements d’espace avec la Camrail qui nous a gracieusement donné son stade, cela n’a pas été possible. Il faut le dire, les enfants ont voyagé par train de Yaoundé à Douala et nous avons eu le stade de Camrail donné par le Dg de Camrail par l’entremise d’un de vos confrères. Nous croyons que ce n’est pas rien. Bien au contraire !

Phase de match de la finale des cadets

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

La difficulté était un peu prévue. On savait qu’il fallait prendre en charge les équipes venues de Yaoundé, ce qui a été honorablement fait car les enfants habitaient dans des résidences.

Déjà 41 séquences, qu’est ce qui fait courir Pascal Atangana ?

La passion, le devoir, lorsque le chef de l’état demande quel Cameroun voulons-nous laisser à nos enfants, posons nous la question de savoir qu’est ce que nous laissons à nos enfants. C’est le football où les enfants vont se faire plaisir. Les enfants vont au-delà de la gagne. Que le football redevienne ce jeu qu’il a été au temps de Roger Milla. Que le football redevienne ce jeu que nous nous plaisions à jouer au cours des matches interclasses. Ce jeu-là où l’OSSUC était une rencontre de fraternité entre les élèves. Mais quand nous avons des commerçants qui ne pensent qu’à gagner de l’argent, ce n’est plus le football. Qu’est ce qui fait courir Atangana Pascal, c’est que je suis convaincu comme les Ngassa Happi, les Martin Omgba Zing, qu’être président de club c’est le meilleur moyen de se ruiner en laissant un nom dans l’histoire.

A quand la 42 eme séquence du tournoi « Semences Olympique » ?

Ce n’est pas quelque chose d’imaginaire. La 42ème séquence qui clôt la 14ème édition c’est du 9 au 15 août 2014 à Yaoundé. Parce que la 15ème édition qu’on lance en décembre, c’est du 26 au 31 décembre. Les dates sont connues à l’avance et ce n’est pas du hasard. Le football se gère parce que les enfants sont en formation, ont un âge et doivent participer à un certain nombre de tournois dans le temps et dans l’espace. Le football doit être géré comme çà à tous les niveaux.

Les champions Benjamins

La Fecafoot a lancé le football des jeunes il y a quelque temps à Mfou. Vous qui êtes un formateur à la base, quelle est votre impression sur ce lancement et sur le football des jeunes au Cameroun en général?

C’était du hasard. C’était tout sauf un lancement normal. Vous ne pouvez pas lancer une compétition des enfants sans connaitre qui sont ces enfants car il faut identifier les acteurs. C’est ce que j’ai rencontré à Douala. Comme il n’y a pas de compétition de cadets à Douala, les jeunes qui ont joué en cadet il y a quatre ans, ont continué à jouer avec les cadets cette année. C’est une anomalie qui nous prend du temps à corriger. Mais nous devons regarder le mal en face, identifier les enfants avant de lancer n’importe quelle compétition. Nous avons lancé ce concept il y a dix ans et si on avait respecté les prescriptions de l’époque, les 11 ans joueraient aujourd’hui avec les 11 ans, les 10 ans avec les 10 ans et 17 ans avec les 17 ans.

Mais à la Fecafoot on se vante d’avoir plus de 1000 clubs de jeunes. N’est ce pas là quelque chose de positif ?

Çà n’existe pas. C’est du bluff, de la poudre aux yeux. Ils ont combien de licenciés ? Ce ne sont pas des clubs qu’ils ont. Ce n’est pas parce que vous avez affilié les lycées que vous allez parler de clubs. Un club c’est un tout structuré. Si vous dites catégorie benjamins, c’est les enfants de moins de 12 ans qui doivent jouer. Dites moi s’il y a un fichier à la Fecafoot qui peut faire ressortir cela.

Champions minimes

Quelle est la différence selon vous entre le football de jeunes et le football scolaire tel que pratiqué à la Fenassco, parce que le président de la commission de football jeunes de la Fécafoot a été nommé parce qu’il a l’expérience de la Fenassco ?

C’est le hasard. J’ai suivi les aberrations de ce président dépassé qui disait que les équipes autrefois avaient comme vivier l’Ossuc et les établissements scolaires. Il a pris l’exemple de l’Aigle de Nkongsamba qui prenait les joueurs au lycée de Manengouba. Mais à l’époque de l’Aigle de Nkongsamba, il y avait combien de Lycées à Nkongsamba ? Il n’y avait que le lycée de Manengouba qui prenait les enfants du Moungo et au-delà. A l’époque, le lycée d’Obala donnait des joueurs à Tarzan d’Obala, parce que ce lycée regroupait tous les enfants du centre en dehors de ceux qui venaient de Yaoundé. Ne tirons pas le Cameroun en arrière. Le Cameroun avance. Organisons le football comme cela se doit.

On parle de la Ligue de football jeune. Pour vous, est-ce une solution pour sortir notre football jeune de sa léthargie puisque que vous avez émis l’idée de la ligue de football jeune en 2006?

C’était en 2006 parce que les textes de la Fecafoot de 2004 le permettaient. Çà fait dix ans que nous perdons du temps pour rien. Nous n’avons pas seulement émis l’idée, nous avons mis en place la Ligue de football jeunes qui n’a jamais été homologuée par la Fecafoot et par le ministère des Sports. Lorsque nous quittons la commission de football jeune en 2007 et que nous sommes remplacés par l’équipe Henry Njalla Quan et Michel Kaham, ce dernier tire sur nous à boulets rouges. Mais deux ans après, il a dit qu’il faut l’autonomie. C’est risible. Ne tuons pas notre football avec cette normalisation très dangereuse. La normalisation nous a fait vivre l’année passée une saison très compliqué avec 19 clubs en première division, un nombre impair inconcevable. Cette année, c’est la navigation à vue et on se demande si on jouera au football sur l’ensemble du territoire. Et ce sont les mêmes qui demandent qu’on les garde là jusqu’au mois de novembre pour qu’ils lancent la prochaine saison. Ils vont faire jouer le championnat avec 25 clubs en Ligue 1, 24 en Ligue 2, chaque région se retrouvera avec 32 équipes et çà posera un problème d’encadrement. Ils sont venus tuer le football et c’est de la même manière qu’ils ont tué le football jeune avec la situation que nous vivons aujourd’hui. On ne sait pas qui joue au football. On vous dit que si l’enfant se présente, on regarde seulement la morphologie. Il y a quelques temps, on m’a moi-même contacté pour jouer avec les cadets à cause de ma morphologie et de ma petite taille, mais j’ai décliné l’offre à cause de mes cheveux blancs et ma calvitie (rires).

Le président du comité de normalisation demande aux responsables des ligues d’envoyer la liste des clubs, question de constituer le fichier électoral. N’est-ce pas un début de solution ?

Pour faire le fichier de quoi ? Le fichier de la normalisation doit tenir compte du fichier de l‘époque où le processus électoral s’est arrêté dernièrement. C’est les clubs qui ont pris part aux élections en 2012 qui doivent envoyer leurs fichiers. Tout ce que le Comité fait est anormal. Il ne doit rien demander et si Joseph Owona était un homme de valeurs, il n’agirait pas comme ça. Il n’a aucune valeur et aujourd’hui nous le constatons. S’il croyait à un projet de société, il se serait arrimé aux normes de 2012. S’il ne peut pas s’arrimer à çà, c’est qu’il est en train d’enfoncer notre football parce qu’il ne comprend rien à rien. Je ne suis pas dur avec le comité de normalisation mais le président de ce comité a fait un commentaire de sa gestion pendant huit et il a dit que pendant un mois sur les huit mois, il a reçu plus de 300 personnes et le reste de temps il ne nous dit pas ce qu’il a fait. Je pense qu’il a consacré le reste du temps à tuer notre football.

Champions cadets

Qu’est ce qui fait que Pascal Atangana réussisse à organiser des matches de football dans le Littoral alors que le Comité de normalisation n’y arrive pas ?

Atangana Pascal est plus vrai. C’est un petit mécanisme. Acceptons seulement les règles du football et le football se jouera sur l’ensemble du territoire. C’était une de nos missions. C’est pourquoi à Douala nous nous vantons d’avoir gagné. Notre but n’était pas de gagner de l’argent à Douala, mais de prouver que le football peut se jouer sur toute l’étendue du territoire quand les gens le veulent.

Qu’est ce que vous pensez des décisions prises par Joseph Owona dans le Canon alors qu’il a été président du Conseil des Sages et qu’il a écrit tous les textes du club qu’il ne veut pas respecter aujourd’hui ?

Je n’ai rien contre Joseph Owona qui est un grand agrégé de Droit constitutionnel. Je suis peut être professeur des écoles normales aujourd’hui, mais je me plais de dire que mes meilleurs moments, c’est quand j’ai été maitre d’école. C’est à ce moment que j’ai appris l’amour de l’enfant, l’amour de la patrie, le respect des règles de la République, parce qu’à ce moment là, moi Atangana Pascal, je ne peux pas demander à qui que ce soit, comme il le fait avec la ligue du Littoral, de ne pas respecter la décision d’une juridiction qui découle d’une loi adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée par le Chef de l’Etat. Lorsqu’il le fait avec le Canon, il n’a pas les mêmes visions. Il est venu dans le Canon parce qu’il a voulu se repositionner car il était quand même sous l’éteignoir. Maintenant le voilà ! On croit qu’il aime le sport, mais il est venu tuer le football. Mais le Canon sera le caillou le plus coupant dans sa chaussure. Il le sait et il en souffrira. A cause du Canon, il n’ira même pas à la Coupe du monde. Nous sommes du Centre et vous savez, l’hymne de Canon est très dangereux et essentiellement révélateur. « C’est l’héritage de prestige de la noblesse béti », on sera obligé de chercher les origines des uns et des autres pour demander s’ils sont au service du Canon. Est ce qu’il était au service de Canon ou alors il s’est servi du Canon. C’est très grave qu’un homme porte sur lui de détruire cet héritage. C’est comme un père vous laisse un château et que pour des raisons pécuniaires, vous le dilapidez quand vous voulez.

Merci beaucoup pour votre disponibilité monsieur le président…..

C’est moi qui vous remercie. Je souhaite beaucoup de plaisir au site mboafootball. Continuez à servir vos internautes avec le même engagement et merci à RSI qui nous a accompagnés pendant le tournoi en espérant cette collaboration se perpétuera dans le temps et dans l’espace.

Propos recueillis par Guy Nsigué et Steve Djouguela


 

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