Cameroun - Sénégal. Le Modèle démocratique sénégalais doit-il et/ou peut-il s’exporter au Cameroun?

Adrien Macaire Lemdja | journal du cameroun Mercredi le 28 Mars 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
"Le Président Wade en se présentant, en dépit de tout bon sens politique, a oublié, en l’espace de 10 ans, le processus par lequel il avait lui-même accéder au pouvoir".(1)

ADS


L’année 2011 fut un véritable cauchemar pour les démocrates et les défenseurs d’une Afrique souveraine, indépendante et dont la voix devait compter dans l’actuel village planétaire. L’échec du processus électoral en Côte d’Ivoire, pourtant parrainé par la fameuse communauté internationale, ayant conduit à une intervention militaire, suivi du transfèrement du Président Laurent Koudou Gbagbo à la CPI, fut accueilli comme la fin des espoirs d’une jeunesse africaine qui pensait retrouver une fierté aussi égale à celle de leurs aînés d’avant nos indépendances. A peine les plaies toutes béantes n’étaient pas encore pansées que la guerre surréaliste en Libye, imposée par un quartet d’Etats sous un mandat dévoyé de l’ONU, achevait, avec l’assassinat de Kadhafi, d’enterrer à court terme, l’espoir de voir une Afrique «new look», reflet du bouillonnement et de l’intelligence de ses enfants. Les révoltes populaires en Tunisie et en Egypte que de nombreux médias ont pompeusement appelé le « printemps arabe », ont, dans le même temps, suscité le vague espoir qu’elles allaient se propager de façon tellurique à l’ensemble du monde arabe et de l’Afrique subsaharienne.
Entre ces espoirs déçus, se sont glissées des élections présidentielles un peu partout en Afrique avec des fortunes diverses.

Des processus électoraux controversés du Cameroun, de la République démocratique du Congo à l’alternance en Zambie, l’Afrique, en 2011, aura cherché la voie et la conduite à suivre pour désigner, de manière incontestable, les dirigeants de ses Etats. Mais, au moment où d’autres Etats allaient organiser, cette année 2012, des élections présidentielles, voilà que resurgit du côté du Mali, exemple de démocratie et d’alternance en Afrique francophone (peut-être pas de meilleure gouvernance), une méthode d’accession au pouvoir que l’on croyait révolu à jamais en Afrique. Un coup d’Etat organisé par des soldats commandés par d’officiers subalternes dont les motivations demeurent toujours floues, en dehors de leur mécontentement à propos de la gestion de la crise Touareg. Touaregs qui, au passage, auront longtemps combattu dans la «légion islamique» de Kadhafi mais curieusement épargnés par les bombardements et laissés libres de leur mouvement, avec leurs stocks d’armements, dans un vaste territoire désertique où les groupes terroristes agissent et kidnappent déjà des ressortissants étrangers. Ont-ils été épargnés pour mener, par procuration, le combat contre ces groupes terroristes venus d’Algérie ou alors pour d’autres raisons?

«Mille remerciements» aux initiateurs de cette guerre dont les effets collatéraux, pensés ou non, ont pour corollaire aujourd’hui, la déstabilisation du Mali, demain peut-être du Niger, de la Mauritanie, l’Algérie, du Tchad, Nigéria et même du Cameroun. En effet la porosité de nos frontières, la prolifération des armes et munitions issues des gigantesques stocks de l’armée de Kadhafi finiront tôt ou tard par nous rattraper si aucune action concertée n’est organisée par tous ces Etats. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, après l’Irak, la Libye, le désordre risque de se répandre plus vite que l’on ne le croit. A qui profitera ce désordre? D’une relative bonne démocratie malienne, on en vient à une pâle dictature militaire, par les métastases d’une guerre libyenne qui ne s’imposait nullement pas, comme si le message subliminal que l’on souhaitait nous adresser était que la «démocratie n’est qu’un luxe pour nous». «Circulez, il n’y a rien à voir» pourrait-on se dire. Malheureusement pour les détracteurs de cette démocratie en Afrique, qu’ils se recrutent à l’étranger ou à l’intérieur, non seulement le peuple sénégalais vient d’écrire une nouvelle page de son histoire démocratique mais plus important celle de la démocratie en Afrique francophone.

Un peuple à la hauteur des enjeux

Les évènements de ces derniers mois auraient pu décourager les velléités de ce peuple qui souhaitait une «alternative à l’alternance». Le Président Wade en se présentant, en dépit de tout bon sens politique, a oublié, en l’espace de 10 ans, le processus par lequel il avait lui-même accéder au pouvoir. Le «Sopi» (changement en Wolof) qu’il incarnait aux yeux du peuple Sénégalais, des petites gens des quartiers populeux des villes ou des campagnes du pays, avait eu raison de son adversaire de l’époque Abdou Diouf. Le peuple l’avait accompagné comme il le fait aujourd’hui avec Macky Sall. Comment a-t-il pu imaginer le contraire? L’appétit et/ou la solitude et/ou l’usure et/ou le caractère enivrant du pouvoir ont-ils eu raison de la lucidité de l’éternel opposant-avocat qu’il fut avant son accession à la magistrature suprême? En tout cas, son entourage ne l’aura pas aidé jusqu’au bout. Mais force est de reconnaître, qu’en animal politique, conscient, après le premier tour, qu’il avait perdu sa dernière bataille politique et connaissant l’engagement de ses concitoyens à défendre leurs votes, il n’a point attendu les résultats officiels pour reconnaître sa défaite, imitant en cela son prédécesseur Abdou Diouf et surtout court-circuitant ceux qui, dans son entourage, auraient pu engager avec le peuple, qui s’est inscrit et a voté massivement, une épreuve de forces aux conséquences incalculables. C’est une victoire obtenue par le peuple et pour le peuple. Toutes choses qui n’auraient pu se faire sans des institutions fortes et la grandeur des femmes et des hommes qui les incarnent.

Des institutions, une administration et une armée républicaines et impartiales
Malgré les soubresauts de ces derniers mois, les institutions sénégalaises, perfectibles au demeurant, auront bien fonctionné. La Justice que l’on a crue inféodée au pouvoir exécutif, comme dans bon nombre de pays dans le monde, a joué sa partition notamment quand il s’est agi de valider la candidature du Président sortant. L’administration a contrôlé, sans anicroches, de bout en bout, le processus électoral. Les fonctionnaires, ayant comme tous les citoyens, leurs penchants, ont agi avec impartialité, rigueur et sens du service public.Les forces de maintien de l’ordre ont veillé au grain dans un esprit républicain malgré les tensions. Elles n’ont jamais été dotées pendant les manifestations, de munitions létales afin d’éviter de malheureux incidents. L’armée est restée dans son rôle de «Grande muette» républicaine, loin des arcanes politiques. En tout cas, le contraire, dans ce pays, aurait été étonnant tant cette armée s’est forgée ainsi que les officiers qui la commandent, dès sa naissance, dans le moule du respect de la légalité et des institutions, hormis l’intermède de 1962. D’ailleurs elle n’aura, non plus, eu de raison de sortir des casernes puisque le processus électoral en place était accepté, de manière consensuelle, par l’ensemble de la classe politique et le peuple. (A suivre)

 

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS