Cameroun - Société. Cameroun - Lotissement du quartier Golf: Les populations locales écrivent à Paul Biya

M. ESSOMBA JEAN CLAUDE | Mutations Mercredi le 18 Septembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans un mémorandum daté du 13 septembre 2013, elles accusent des proches collaborateurs du Chef de l'Etat d'accaparement, appropriation illicite et détournement des terres.

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Monsieur le Président de la République,

C'est toujours un grand honneur d'exposer à Votre Excellence des situations graves d'injustice et de violations des droits humains sur vos populations et des actes d'atteinte aux biens publics commis par vos proches collaborateurs. Les populations autochtones de Ntougou à Yaoundé et l'Etat du Cameroun sont victimes de détournements de leurs ressources foncières évaluées à plus d'une dizaine de milliards de FCFA. Malheureusement nous avons le triste constat que vous n'avez pas pris au sérieux nos précédentes réclamations et dénonciations. Comme auparavant, notre démarche vise à convoquer à la fois votre très haute attention et votre intervention énergique sur des situations susceptibles de déstabiliser la paix sociale et de pérenniser un sentiment d'impunité. Vous vous illustrez pourtant par la recherche de l'équité et de la justice en combattant le règne de la corruption et des détournements des biens publics.

En date du 22 Avril 1997, une partie des terres que nous avons héritées de nos ancêtres d'une superficie de 38 ha environ au lieu-dit Ntougou dans l'arrondissement de Yaoundé 2ème, département du Mfoundi, était mise à la disposition de la Mission d'Aménagement et d'Equipement des Terrains Urbains et Ruraux (Maetur), pour aménagement par arrêté Numéro 0237/ Y/2.5.Minuh/ D du Vice-Premier Ministre, Ministre chargé de l'Urbanisme et de l'Habitat. L'article 3 de cet arrêté prévoyait que: le Ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat décidera en temps opportun de la répartition des espaces aménagés entre les populations autochtones, la Maetur et l'Etat. Nous ne trahissons pas un secret en vous précisant que c'est suite à cette opération que vous-même avez acquis en 2001 auprès de la Maetur votre propriété privé de 2 hectares (Titre foncier numéro 29361) qui jouxte l'ambassade américaine à Yaoundé.

Excellence, estimez-vous plus heureux que les pauvres populations autochtones de Ntougou et l'Etat du Cameroun qui se sont fait voler leurs terres du fait des irrégularités, des tripatouillages et des malversations diverses organisés lors de la mise en application de l'article 3 de l'arrêté ministériel susmentionné.

Le butin des dirigeants de la Maetur et de leur tutelle nous semble scandaleusement édifiant pour être porté à votre très haute appréciation. Le Directeur général de la Maetur d'alors, actuel Ministre de la Santé publique, M. Marna Omgba Fouda André s'est octroyé 06 parcelles de terrain.

Soit 04 parcelles à son propre nom et 02 parcelles au nom de sa fille, la nommée Mama Edima Carine Rolande, 21 ans à l'époque des faits en 2001. Le Directeur général-adjoint, M. Ekaney Thomas Kolle, s'est emparé quant à lui d'un lot. Le Ministre de tutelle, M. Hélé Pierre s'est octroyé 02 lots. La valeur marchande des terres spoliées au détriment de l'Etat et des populations par les dirigeants de la MAETUR et le Ministre de tutelle est estimée à 1. 500 000 000 (Un milliard cinq cent millions) de FCFA.

Au cours de ce partage de butin en 2001, depuis leurs positions au niveau de la très haute hiérarchie du pouvoir, le Premier-Ministre, Chef du Gouvernement, M. Peter Mafany Musonge, et M. Marafa Hamidou Yaya, Ministre d'Etat, Secrétaire général à la Présidence de la République se sont appropriés d'un lot chacun.

Excellence, nous les populations autochtones de Ntougou, nous sommes victimes d'une injustice historique grave, inadmissible dans une République, inacceptable dans un Etat de droit. Nous sommes dépossédées des droits et libertés sur des terres que nous avons héritées de nos ancêtres, de la constitution du Cameroun et des instruments internationaux ratifiés par notre cher et beau pays. Lors de l'exécution des conventions signées entre les familles autochtones de Ntougou et la Maetur, afférentes à l'article 3 du texte ministériel portant aménagement de la zone de Ntougou, il a été relevé un partage inégal des terres et des attributions de terres en déphasage avec leur occupation réelle.

Pire, certaines familles ont été complétement dépossédées des terres qui leur avaient été attribuées initialement. Comment ces terres sont devenues du jour au lendemain celles de vos proches collaborateurs si ce n'est par des procédés mafieux?

M. Minlo Medjo Pierre, ancien Délégué général à la Sûreté nationale, a fait main basse sur un lot de 2240m2 portant le titre foncier Numéro 3147. Un lot dont nous disposions déjà sous le titre foncier Numéro 45705. C'est également le cas de M. ZE Meka Remy, ancien Ministre Délégué à la Présidence de la République chargé de la Défense qui brandit désormais le titre foncier Numéro 34046 sur notre lot objet du titre foncier Numéro 45579.

Excellence, vos proches collaborateurs vont plus loin car ils n'hésitent pas à recourir tant à leur toute-puissance qu'à leurs fortunes monstrueuses pour abattre la répression judiciaire sur nous. Les membres des populations autochtones de Ntougou sont régulièrement victimes d'arrestations et d'emprisonnements arbitraires, tortures, et violations graves des droits humains. Rien n'est fait par le gouvernement pour nous sortir du tourbillon de cette furie prédatrice et tortionnaire.

Au moment où nous écrivions ces lignes, M. Akumchi Peter Awa, ancien Trésorier payeur général de Yaoundé, après s'être fait délivrer le titre foncier Numéro 31815 sur l'une de nos terres, pourtant immatriculée sous le titre foncier. Numéro 45704, a traîné certains des nôtres devant le Tribunal de première instance du Mfoundi, centre administratif.

Excellence, si vous n'intervenez pas assez rapidement, le Cameroun risque de plonger dans une crise diplomatique avec la Grande Bretagne. La représentation diplomatique de ce pays croit posséder une parcelle de 6833 m2 (titre foncier Numéro 29940), achetée auprès de la Maetur. Ce terrain avait été attribué plutôt à la succession EdoY Essono Rigobert sous le titre foncier Numéro 45706. Sa valeur marchande est estimée à 1.300 000 000 (Un milliard trois cent Millions) de FCFA environ. Vous vous rendrez compte désagréablement que cet argent n'a jamais été versé dans les caisses de la Maetur. Eu égard à toutes ces situations scandaleuses, nous vous suggérons de sonder non seulement la régularité et la légalité des actes d'acquisition des terres de Ntougou par vos proches collaborateurs en particulier, mais aussi en général, de faire procéder à un audit de la situation foncière du lotissement de Ntougou - Maetur.

Excellence, alors que rien n'a été fait de façon concrète pour apporter des solutions à nos préoccupations depuis des années, tellement la situation est préoccupante aujourd'hui que nous avons le sentiment d'assister à la seconde mort de nos parents, grands-parents et ancêtres dont les restes gisent sous ces terres où nous vous accueillons. Selon nos traditions ancestrales, nous entendons dans les prochains jours commémorer leur deuil, de nouveau, à travers des manifestations mortuaires pacifiques rythmées par «l'Essani», la danse funéraire des Béti authentiques que nous, sommes. Ce sera simultanément à l'esplanade de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Yaoundé et aux portes de votre résidence privée de Nfougou-Golf.

Excellence, vous êtes le père de la nation, garant de l'ancrage de notre pays dans le cercle des nations démocratiques et respectueuses des droits de l'homme et de l'Etat de droit. Vous ne saurez donc laisser ceux de vos proches collaborateurs ayant accumulé trop de richesses au détriment de la fortune publique et abusant de la toute-puissance que vous leur conférez par vos décrets, déposséder l'Etat du Cameroun et surtout les pauvres populations autochtones de Ntougou de leurs patrimoines fonciers. Aliéner notre légitime «droit à la propriété, notre droit d'user, de jouir et de disposer de nos terres, en être les maîtres absolus et exclusifs dans les conditions fixées par la loi» et exercer des actes de torture et de barbarie vis-à-vis de nous sont des crimes qui ne sont rendus possibles que par l'impunité dont jouissent leurs auteurs et à cause d'un Etat rendu complice de l'oppresseur.

Excellence, nous réclamons nos terres! Que nos terres où gisent les restes de nos aïeux nous soient rétrocédées! Votre indifférence nous renvoie un silence de complicité car personne ne doute que vous êtes au courant de ces scandales dont vos proches collaborateurs voudraient vous faire porter le sinistre fardeau de la responsabilité. Nous vous remercions d'avoir consacré votre précieux temps à nous lire et nous gardons espoir d'une prompte réaction de votre part.

Excellence Monsieur le Président de la République, Veuillez agréer, l'expression de notre haute et déférente considération. Que DIEU bénisse le Cameroun.

POUR LES FAMILLES AUTOCHTONES DE NTOUGOU
LE PORTE-PAROLE M. ESSOMBA JEAN CLAUDE 

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