Cameroun - Energie. Cameroun - CAMWATER: L'Agence française de développement coince le Dg et le juge Belibi

René Atangana | La Météo Mardi le 21 Janvier 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L'entité française, partenaire de l'entreprise de patrimoine, constate des «incompatibilités» sur les fameuses «consultations» du juge, à lui attribuées par son beau-frère.

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C'est une réponse sèche et sans appel que l'Agence française de développement (Afd) vient de donner à une autre tentative de gabegie du Directeur général de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), Jean Williams Sollo. En réponse à ses multiples manœuvres, visant à attribuer des «consultations» d'un montant total de 118 millions de francs à son beau-frère, le magistrat Joseph Belibi, elle a, le 3 décembre dernier, estimé que le dernier courrier explicatif du Dg, daté du 26 novembre dernier, «n'apporte pas les éléments attendus».

L'Afd lui avait déjà opposé la même fin de non-recevoir un peu plus tôt, mais M. Sollo avait insisté, bien décidé à offrir un gros morceau du gâteau Camwater à son proche dans une scandaleuse procédure de gré à gré. Elle avait alors relevé le caractère «incompatible» de la prestation envisagée avec les fonctions du juge Belibi, détaché par le Cameroun auprès de la Cour de justice de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) à N'Djamena, au Tchad.

«En conséquence, insiste le Directeur par intérim de l'Afd, Martin Parent, et conformément aux termes de votre courrier du 19 juillet 2013, nous vous remercions de bien vouloir saisir non pas le juge Belibi, mais bien la Cour de justice de la Cemac, pour avoir confirmation qu'elle autorise M. Belibi faire des consultations privées pour Camwater». L'entité française, partenaire de Camwater dont elle a récemment gelé plus de 65 milliards de financements du fait, justement, des pratiques managériales de Jean Williams Sollo, suit le «dossier Belibi» depuis de longs et avait déjà adressé une mise en garde à l'entreprise de patrimoine dès le 10 juillet de l'année dernière.

L'assommoir. Cette fois, l'assommoir vient définitivement mettre un terme à une sombre affaire dont La Météo se fait l'écho depuis quelques semaines. Fonctionnaire au Ministère de la Justice, Joseph Belibi ne dispose pas de cabinet privé lui permettant d'effectuer des consultations. Il se lance pourtant dans des prestations, sans même se donner la peine de requérir l'autorisation de la Chancellerie, aidé en cela par le mari de sa cadette Jean Williams Sollo. En droit, dont est spécialiste M. Belibi, il y a comme un sulfureux mélange de népotisme, de conflit d'intérêts, de prise illégale d'intérêts, de délit d'initiés, d'abus de biens sociaux, de concussion et, potentiellement, de détournement de deniers publics. Surtout que, de source crédible, Joseph Belibi n'a effectué aucun travail, ou presque, à la Camwater.

Plus cocasse encore, la Cour de justice de la Cemac en est, aujourd'hui, à interroger les autorités camerounaises face à un cas au moins compliqué. Ses responsables avouent ainsi n'avoir jamais été informés de ce que M. Belibi se produisait dans des pratiques parallèles, au moins contraires à l'éthique. La Cour de justice de la Cemac aurait ainsi questionné les services du Premier Ministre du Cameroun, généralement en charge de l'étude de ce genre de demandes d'exercice d'activités de la part de hauts commis de l'Etat. Aux dernières nouvelles, le dossier Belibi pourrait passer devant la prochaine session du conseil supérieur de la magistrature, présidé par le Président Biya, et dont les assises se préparent activement.

Au départ de cette scabreuse affaire, il y a en jeu trois conventions. La première, de 25 millions de francs, porte sur des «procédures en annulation des arrêtés d'attribution et retrait des titres fonciers des terrains de Camwater délivrés des tiers sur l'ensemble immobilier d'une contenance superficielle de 9ha39 à 06ca concédé à la Snec par décret n°73/560 du 20 septembre 1973, puis à la Camwater par l'Etat». L'appétit venant en mangeant, le même se verra attribuer, toujours de gré à gré, un autre marché portant sur «l'apurement des procédures en matière sociale, diligentées contre l'ex-Snec et par substitution contre la Camwater, devant les juridictions du Cameroun». 48 millions de francs sont promis à l'heureux bénéficiaire du marché.

Il aura 45 millions de francs, après avoir permis «l'apurement des procédures en matière civile et pénale diligentées contre l'ex-Snec et par substitution contre la Camwater, devant les juridictions du Cameroun».

Bon prince, Jean Williams Sollo foule allègrement au pied le Code des marchés publics. Hormis les phénoménaux émoluments, son «beau» bénéficie des frais inhérents à l'exécution des prestations que sont les honoraires d'avocats, les frais de procédure et «tous autres frais», tous «à la charge de Camwater». Mais, c'était sans compter avec la perspicacité de l'Afd, très à cheval sur les principes de bonne gouvernance et dont la réaction ne risque pas de s'arrêter aux simples mises en garde contre la gestion gabegique de Camwater. Il n'est donc pas exclu que le dossier Camwater-Belibi-Sollo se retrouve dans les prochains jours devant le Tribunal criminel spécial (Tcs).

L'heure du Tcs a sonné

En attendant les suites possiblement judiciaires de l'affaire Camwater-Belibi-Sollo», le Dg de Camwater va devoir affronter les tribunaux dans quelques semaines. A quatre reprises; année dernière, Jean Williams Sollo a été auditionné par le lieutenant-colonel Ahmadou Dahogobir, Chef de service d’Etat de la cellule centrale de recherche judiciaire au secrétariat d'Etat à la Défense (Sed) en charge de la gendarmerie. Une requête expresse du procureur de la République près le Tribunal criminel spécial (Tcs), consécutive à une dénonciation de l'Agence nationale d'investigation financière (Anif).

Il lui est reproché des transactions financières ayant occasionné des sorties de fonds d'un montant de près de 350 millions de francs, au profit de plusieurs présumés prestataires de services, ceci en l'espace de 5 mois. Plus grave, les, virements de Camwater à curieux prestataires se sont retrouvés dans les comptes d'un tiers, un certain Aloys Ndzie Ndzie qui, vérification faite, se trouve être un salarié anonyme de la Camerounais des eaux (Cde).

Entendu au Sed le 12 novembre 2013, le Directeur administratif et financier (Daf) de Camwater, Dieudonné Mah, avait lourdement chargé son Dg, le présentant comme celui qui avait passé les ordres de virement au profit des «fournisseurs», et donc d'Aloys Ndzie Ndzie. L'intrépide Sollo, sans se démonter, a prétendu avoir trouvé sur sa table des factures en instance laissés par son prédécesseur. Il avait alors invoqué la continuité de service, pour justifier leur paiement en urgence.

Pourtant, selon des sources introduites, Basile Atangana Kouna avait suspendu le paiement desdites factures, conditionné par la vérification de l'effectivité de la réalisation des marchés. Cet autre dossier sensible serait bouclé, apprend-on de source autorisée, et pourrait être transmis au Tcs, dans les tout prochains jours.

Les malheurs de M. Sollo ne s'arrêtent pas à cette autre tuile. Le conseil d'administration de Camwater lui reproche aussi d'avoir acquis un terrain à Yaoundé estimé à 200 millions de francs, pour la construction d'une Cité des cadres où l'entreprise de patrimoine entend engager près de 2 milliards de francs pour les travaux. A ce jour, il n'y a toujours pas terrain et les 200 bâtons ont disparu...

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