CEMAC. CEMAC: institution d’intégration ou officine de placement d’amis ?

Séni DABO | Le Pays Mercredi le 11 Avril 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le président de la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le Camerounais Antoine Ntsimi, n’en finit pas de défrayer la chronique. Après avoir fait la Une de l’actualité le 22 mars 2012 pour avoir été refoulé de Bangui, en Centrafrique (où se trouve le siège de la CEMAC), il est une fois de plus sous les projecteurs. Cette fois, c’est pour un dîner à la note jugée suffisamment salée, environ 20 000 euros, soit plus de 13 millions de F CFA, qui aurait été organisé le 14 février dans un restaurant parisien à l’occasion de la signature d’une convention de financement entre la CEMAC et l’Agence française de développement (AFD).

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On en serait resté là sur cette affaire de dîner copieux si, après que l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique s’en est fait l’écho, le directeur général de l’AFD, Dov Zerah, n’avait pas nié avoir été parmi les convives. Plus grave, il entend saisir la justice pour tirer au clair cette affaire d’utilisation de son nom et de son titre à des fins qu’il ignore. Manifestement, beaucoup de faux transpirent de cette affaire : faux dîner, faux convives, fausse note de restaurant, fausse cérémonie de signature qui, en réalité et selon le directeur général de l’AFD, a eu lieu le 23 février non pas à Paris mais à Bangui en présence du représentant local de l’agence.

Un « deal » sans doute mal goupillé qui rejaillit négativement sur le premier responsable et, partant, sur la CEMAC elle-même. Et voilà un organe de l’intégration en Afrique centrale secouée par un scandale de gestion après les détournements de fonds à l’agence parisienne de la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), révélés au grand jour par le même Jeune Afrique. Ce mic-mac tombe mal pour le président de la commission de la CEMAC. En effet, l’affaire éclate au moment où M. Ntsimi fait l’objet de critiques virulentes de la part de la presse et des autorités centrafricaines.

Le chef de l’Etat centrafricain, François Bozizé, ne cache pas son aversion pour ce Camerounais élu en 2007 pour un mandat de 5 ans et qui compte bien rempiler. Son mandat, bien qu’il s’achève cette année, paraît une éternité pour les autorités de Bangui qui ne veulent même plus le voir en peinture. Antoine Ntsimi est incontestablement une victime de la farouche volonté de la Centrafrique de voir appliqué le principe de la rotation par ordre alphabétique à la tête des organisations régionales, qui lui permettra de prendre les commandes de la CEMAC.

Si fait que des personnes pensent à une cabale montée pour débarquer l’indésirable, le salir et compromettre ses chances de réélection au cas où le principe ne serait pas appliqué. Info ou intox ? Il y a un fait qu’au-delà de la CEMAC, les institutions sous-régionales ou régionales africaines sont loin d’être de bons exemples en matière de bonne gouvernance. Ces institutions se révèlent être beaucoup plus des officines de placement d’amis et de proches de chefs d’Etat que des organes d’intégration. En effet, il n’est un secret pour personne que pour être le premier responsable de ces institutions, il faut d’abord être en odeur de sainteté avec le chef de l’Etat de son pays qui, d’ailleurs, porte la candidature.

Des arrangements politiques sont souvent même faits pour confier les rênes de ces institutions à de malheureux candidats aux grandes élections politiques dans leurs pays. Histoire de les éloigner un bout de temps de leur pays pour qu’ils ne « gênent » pas les présidents et autres autorités en place. Les accointances passent d’abord avant la compétence. La conséquence de cet état de fait est la gestion irresponsable, la gabegie, les détournements de fonds, auxquels n’hésitent pas à se livrer ceux qui sont nommés à la tête de ces organisations d’intégration régionale.

Ils sont assurés d’une certaine impunité et n’ont de comptes à rendre à personne sinon qu’à leurs mentors de chefs d’Etat à qui ils se sentent redevables. Ce sont des nids de protégés de chefs d’Etat. Le fameux « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » n’ a pas sa place. Et on ne doit pas être étonné que des scandales émaillent le fonctionnement de ces institutions.

 

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