C’est le Premier ministre, Joseph Dion Nguté, qui a officialisé cette enveloppe révisée à la hausse lors de la présentation du programme économique 2026 à l’Assemblée nationale. Un dépassement de 50 milliards, soit 20% de plus que les 250 milliards initialement prévus, dont les causes précises restent, pour l’heure, dans l’ombre.
Cette évaluation définitive est le fruit d’une étude de faisabilité détaillée réalisée par le géant français des technologies pétrolières Axens. Elle sonne comme le véritable coup d’envoi d’un chantier stratégique, dont les enjeux dépassent largement les frontières camerounaises.
Un intérêt financier international qui se concrétise
Si le gouvernement camerounais assume seul la nouvelle facture, il ne sera probablement pas seul à la financer. Depuis plusieurs mois, un ballet d’institutions financières internationales s’est engagé autour du dossier. Dès juin 2025, une délégation de poids, composée de représentants de l’Union de Banques Arabes et Françaises (UBAF), de la néerlandaise ING et de la Mauritius Commercial Bank (MCB), s’est rendue sur le site de Limbé pour évaluer les besoins et discuter des modalités d’un partenariat visant à « propulser la raffinerie vers un avenir prometteur ».
Plus significatif encore, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) est montée au créneau. Son gouverneur, Yvon Sana Bangui, a publiquement confirmé, fin septembre 2025, la volonté de l’institution d’utiliser son guichet B – un instrument de refinancement des crédits à moyen terme pour l’investissement productif – pour accompagner le projet. Une offre proactive, selon ses termes : « Nous avons nous-mêmes pris l’initiative de nous rapprocher des autorités pour leur présenter cet instrument ».
Selon des sources bien informées, la BEAC aurait même proposé aux autorités camerounaises de couvrir jusqu’à 60% du financement nécessaire via ce guichet, sur la base de l’estimation précédente de 250 milliards. Une manœuvre qui souligne le caractère régional et urgent du dossier.
Une urgence macroéconomique pour toute la CEMAC
La plaidoirie fervente du gouverneur de la BEAC trouve sa source dans une réalité économique préoccupante. Depuis l’arrêt de la Sonara, le Cameroun importe 100% de ses produits pétroliers. Cette situation, qui se répand dans la sous-région, exerce une pression insoutenable sur les réserves en devises de la zone CEMAC. Ces avoirs extérieurs, gérés solidairement, sont le bouclier qui permet aux six États membres (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, RCA) de payer leurs importations.
« Aujourd’hui, ce sont tous les pays de la sous-région qui importent les produits pétroliers finis. Cela fragilise notre position extérieure », alertait déjà Yvon Sana Bangui en juin 2024. Chaque litre d’essence ou de gazoil importé grève les réserves communes et expose les pays à des tensions de trésorerie et à une vulnérabilité accrue face aux chocs extérieurs.
La renaissance de la Sonara n’est donc plus seulement une question de souveraineté énergétique nationale, mais un impératif de stabilité macroéconomique régionale. Le chantier à 300 milliards FCFA s’annonce comme un défi technique et financier de taille. Son succès conditionnera non seulement l’approvisionnement du Cameroun, mais aussi la robustesse financière de toute l’Afrique centrale dans les années à venir. Le compte à rebours pour la remise à flot du cœur industriel de Limbé est désormais lancé.
Sonara's Heavy Price Tag: $500 Million to Revive Cameroon's Oil Heart
The figure, delivered like a hammer blow to members of parliament, confirmed long-held fears. The rehabilitation of the National Refining Company (Sonara), Cameroon's sole refinery destroyed by a fire in May 2019, will ultimately require the colossal sum of 300 billion CFA francs (approx. $500 million). Prime Minister Joseph Dion Nguté formalized this revised, increased budget during the presentation of the 2026 economic program to the National Assembly. An overrun of 50 billion, or 20% more than the initially planned 250 billion, the precise reasons for which remain, for now, unclear.
This final assessment stems from a detailed feasibility study conducted by the French petroleum technology giant Axens. It marks the true starting point for a strategic project, the stakes of which extend far beyond Cameroon's borders.
Concrete International Financial Interest
While the Cameroonian government is solely responsible for the new bill, it will likely not bear the cost alone. For several months, a flurry of international financial institutions has been engaged around the file. As early as June 2025, a high-profile delegation comprising representatives from the Union of Arab and French Banks (UBAF), the Dutch bank ING, and the Mauritius Commercial Bank (MCB), visited the Limbe site to assess needs and discuss terms for a partnership aimed at "propelling the refinery towards a promising future."
Even more significantly, the Bank of Central African States (BEAC) has stepped forward. Its governor, Yvon Sana Bangui, publicly confirmed in late September 2025 the institution's willingness to use its Window B – an instrument for refinancing medium-term investment loans – to support the project. A proactive offer, according to his statement: "We ourselves took the initiative to approach the authorities to present this instrument to them."
According to well-informed sources, BEAC even proposed to Cameroonian authorities to cover up to 60% of the necessary financing via this window, based on the previous estimate of 250 billion. A move that underscores the regional and urgent nature of the file.
A Macroeconomic Emergency for All of CEMAC
The BEAC governor's fervent plea is rooted in a concerning economic reality. Since Sonara's shutdown, Cameroon has been importing 100% of its petroleum products. This situation, spreading across the sub-region, exerts unsustainable pressure on the foreign exchange reserves of the CEMAC zone. These jointly managed external assets are the shield that allows the six member states (Cameroon, Congo, Gabon, Equatorial Guinea, Chad, CAR) to pay for their imports.
"Today, all countries in the sub-region are importing finished petroleum products. This weakens our external position," Yvon Sana Bangui had already warned in June 2024. Every liter of imported gasoline or diesel depletes the common reserves and exposes the countries to cash flow tensions and increased vulnerability to external shocks.
Therefore, Sonara's rebirth is no longer just a matter of national energy sovereignty, but an imperative for regional macroeconomic stability. The 300-billion CFA franc project looms as a major technical and financial challenge. Its success will determine not only Cameroon's supply but also the financial robustness of all of Central Africa in the years to come. The countdown for the rescue of Limbe's industrial heart is now on.
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Ange NGO