Un géant de la connectivité bientôt arrimé au Cameroun
Face aux députés lors de la présentation du budget 2026, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a confirmé que Camtel pilotera le projet de raccordement du pays au câble Medusa.
Une étape clé :
« Il s'agira de mener le projet de raccordement du Cameroun au câble sous-marin Medusa », a précisé la ministre.
Medusa, lancé en 2022, c'est 8 700 km de fibre, 24 paires optiques, 480 térabits de capacité totale. Un monstre de connectivité reliant déjà le Maroc, le Portugal, l’Espagne, la France, l’Algérie, la Tunisie, l’Italie, la Grèce, Chypre et l’Égypte.
Son coût global : 342 M€ (224 milliards FCFA), financé par AFR-IX Telecom, Orange et l'Union européenne — avec une subvention de 40 M€ de la Banque européenne d’investissement.
En mars 2025, Bruxelles a rajouté 14,3 M€ pour étendre Medusa vers l’Afrique de l’Ouest, avec un objectif clair : renforcer la résilience numérique et faire baisser le coût de la bande passante internationale.
Les résultats sont attendus : une étude de la Banque mondiale (juillet 2024) montre que doubler la capacité internationale fait baisser en moyenne les prix de 7 % (fixe) et 13 % (mobile) sur le continent.
Le Memorandum of Understanding (MoU) du projet a déjà été transmis à la présidence. Il ne manque plus que le « haut accord » du chef de l’État pour enclencher la phase opérationnelle.
Cinq câbles internationaux… mais seulement 16 % utilisés
Avec Medusa, le Cameroun rejoindra ainsi le club des pays disposant d’une infrastructure internationale robuste :
- SAIL
- WACS
- SAT-3
- NCSCS
- Medusa (bientôt)
Pourtant, un chiffre fait tâche : Camtel n’utilise que 16 % des capacités cumulées de ses câbles actuels, selon la Chambre des comptes (rapport de juin 2024).
Dans le détail :
- SAIL : 6 % seulement
- WACS : 57 %
- SAT-3 : 29 %
- NCSCS : 92 %
Des niveaux d’utilisation totalement déséquilibrés, qui traduisent un malaise plus profond.
Pourquoi une si faible exploitation ?
Camtel avance plusieurs arguments :
- Le faible taux de pénétration Internet en Afrique centrale, différent des projections initiales.
- Le déséquilibre du trafic : 83 % des flux africains se dirigent vers l’Europe, rendant le câble SAIL (vers l’Amérique) moins pertinent.
- Les coûts de transit et de terminaison au Cameroun, jugés trop élevés par rapport aux standards mondiaux.
La société publique reconnaît que ces tarifs ralentissent l’expansion du marché et freinent la création d’une demande massive.
Un modèle économique sous tension
La Chambre des comptes appelle à une révision de la facturation, en fonction des capacités réellement exploitées.
Selon ses projections :
- WACS pourrait générer 2,1 milliards FCFA
- SAT-3 : 9,3 milliards FCFA
- NCSCS : 2,2 milliards FCFA
La sous-utilisation persistante des infrastructures pose donc une question majeure :
- Le Cameroun saura-t-il utiliser Medusa pour réellement baisser les prix, améliorer la qualité Internet et renforcer sa compétitivité numérique ?
Ou
- Medusa deviendra-t-il un nouveau “trophée technologique” sous-exploité ?
L’enjeu est immense. Dans un continent en quête de souveraineté numérique, le Cameroun joue une partie décisive pour ne pas rester à la traîne.
Medusa Cable: Game-Changer or New Headache for Camtel as Cameroon Prepares Fifth International Link?
Cameroon is gearing up to join the Medusa submarine cable, one of the largest connectivity projects linking Europe, the Mediterranean and now West Africa. This new link will bring the country’s total number of international submarine systems to five, at a time when demand for high-speed Internet is booming across the continent. But the move comes as Camtel uses only a fraction of its existing capacity, raising questions about the sustainability of its current economic model.
A major telecom infrastructure soon connected to Cameroon
During her presentation of the 2026 budget, Minister Minette Libom Li Likeng announced that Camtel — the national backbone concessionaire and manager of submarine cable landing stations — will lead the Medusa connection.
Launched in 2022, Medusa stretches 8,700 km, features 24 fibre pairs and delivers 480 Tbps of capacity. It already links Morocco, Portugal, Spain, France, Algeria, Tunisia, Italy, Greece, Cyprus and Egypt.
The €342 million project is funded by AFR-IX Telecom, Orange and the European Union, with a €40 million grant from the European Investment Bank.
In March 2025, the European Commission released an additional €14.3 million to extend Medusa to West Africa — aiming to boost digital resilience and lower international bandwidth costs.
The World Bank estimates that doubling international capacity cuts broadband prices by 7% (fixed) and 13% (mobile) in Africa.
The MoU has already been submitted to the Presidency, awaiting final approval.
Five cables… but only 16% used
Despite its growing infrastructure, Camtel currently uses only 16% of its total available international capacity.
Breakdown:
- SAIL: 6%
- WACS: 57%
- SAT-3: 29%
- NCSCS: 92%
Reasons for underutilisation
Camtel cites several factors:
- Low Internet penetration in the region
- Africa-to-Europe traffic dominance (83%), making some routes less relevant
- High transit and termination costs in Cameroon, above global benchmarks
The Court of Accounts recommends optimizing billing based on actual capacity usage, estimating potential revenues of up to 13.6 billion FCFA across key cables.
A model under pressure
The arrival of Medusa raises a crucial question:
- ?? Will Cameroon finally unlock the full value of its digital infrastructure?
Or
- ?? Will Medusa become another underused asset?
The answer will shape the country's digital future.
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Didier Cebas K.