C'est une crise qui rythme le football africain et européen avec une régularité de métronome. Tous les deux ans, à l'annonce de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le même scénario catastrophe se rejoue. L'Association Européenne des Clubs (ECA) monte au créneau, les entraîneurs poussent des cris d'orfraie, et les géants du foot comme Liverpool, Manchester City, Naples ou le Bayern Munich voient leurs effectifs décimés au pire moment, en plein cœur de la saison. Le conflit, latent, devient ouvert. La question brûle les lèvres de tous : pourquoi la CAF s'obstine-t-elle à programmer son joyau sur une période si sensible ?
Le Cœur du Litige : Hiver, Blessures et Champions dépossédés
Le nœud du problème ? La période Décembre-Janvier. Une fenêtre cruciale où les championnats européens se jouent et se densifient avant la trêve. Voir partir ses meilleurs éléments pour quatre à six semaines relève du cauchemar managérial. Pire, ils reviennent souvent exténués, parfois gravement blessés, laissant à leur club l'addition salée de la rééducation et des mois d'absence. « Nous payons seuls les conséquences », déplorent en chœur les dirigeants, qui réclament en vain des compensations financières dignes de ce nom et des assurances solides. Les indemnités proposées par la CAF sont jugées ridicules, les garanties, minimales.
La FIFA, Arbitre Impuissant ou Complice ?
Dans cette bataille, la FIFA joue un rôle ambigu. L'instance impose bien aux clubs de libérer leurs internationaux, mais semble regarder ailleurs face aux manœuvres dilatoires. Certains clubs, à contrecœur, s'exécutent. D'autres, comme le révèlent les récents développements, résistent ouvertement et semblent obtenir gain de cause, au mépris du règlement officiel.
CAN 2025 : L'Escalade et la Révolte des Sélections
Pour l'édition 2025 au Maroc, le conflit a atteint un nouveau paroxysme. Sous la pression de la Fédération Européenne des Clubs, la libération des joueurs a été reportée au 15 décembre, au lieu des 8-9 décembre initialement prévus. Une décision qui a provoqué une vive colère dans les camps africains. Les sélectionneurs, pris de court, voient leurs plans de préparation – stages coûteux, matchs amicaux organisés – s'effondrer à la dernière minute. L'Équipe rapporte des « sélectionneurs furieux » au téléphone, une situation ubuesque où les convocations ne seront définitives qu'à J-6 du coup d'envoi.
Preuve de cette nouvelle donne : Mohamed Salah (Liverpool) et Omar Marmoush (Manchester City) ne rejoindront l'Égypte qu'après les cruciaux matches de Ligue des Champions de mi-décembre. Même son de cloche pour le PSV Eindhoven ou le Feyenoord, qui pourront compter sur leurs pépites africaines plus longtemps. Une aubaine pour les clubs, un casse-tête monumental pour les sélections.
Des Solutions simples mais inappliquées
Pendant ce temps, des solutions existent. Déplacer la CAN en juin-juillet, comme la plupart des grands tournois, réglerait le conflit calendaire. Augmenter significativement les indemnités et les couvertures d'assurance apaiserait les clubs. Mais pour l'instant, rien ne bouge. Le scénario se répète ad vitam æternam, créant un malaise insupportable pour les joueurs, tiraillés entre leur club et leur nation, et pour les sélectionneurs qui doivent bâtir une équipe dans l'urgence.
L'Afrique, ses stars et son tournoi mythique méritent mieux que cette guerre récurrente qui, à chaque édition, écorne un peu plus l'image d'une compétition reine. Alors que la bataille fait rage dans les couloirs feutrés des instances, c'est sur le terrain et dans le cœur des supporters que la CAN devra, une fois de plus, trouver la force de briller.
AFCON 2025: The Calendar War Erupts as European Clubs Go on the Offensive
Injuries, late player releases, and derisory compensation – the age-old conflict between CAF and the ECA reaches a boiling point, with African national teams paying the price.
It's a crisis that rhythmically punctuates African and European football. Every two years, with the announcement of the Africa Cup of Nations (AFCON), the same catastrophic script repeats. The European Club Association (ECA) sounds the alarm, managers cry foul, and giants like Liverpool, Manchester City, Napoli, and Bayern Munich see their squads decimated at the worst possible time, right in the heart of the season. The latent conflict turns overt. The burning question on everyone's lips: why does CAF insist on scheduling its crown jewel during such a sensitive period?
The Heart of the Dispute: Winter, Injuries, and Clubs Stripped Bare
The core of the problem? The December-January window. A crucial period where European leagues are decided and intensify before the winter break. Losing your best players for four to six weeks is a managerial nightmare. Worse, they often return exhausted, sometimes seriously injured, leaving their clubs to foot the hefty bill for rehabilitation and months of absence. "We alone pay the consequences," club directors lament in unison, vainly calling for meaningful financial compensation and solid insurance. The compensation proposed by CAF is deemed derisory, the guarantees minimal.
FIFA, Impotent Referee or Accomplice?
In this battle, FIFA plays an ambiguous role. The governing body mandates clubs to release their internationals but seems to turn a blind eye to delaying tactics. Some clubs reluctantly comply. Others, as recent developments reveal, are openly resisting and appear to be getting their way, flouting official regulations.
AFCON 2025: Escalation and the Rebellion of National Teams
For the 2025 edition in Morocco, the conflict has reached a new climax. Under pressure from the European Club Association, the release of players has been pushed back to December 15th, instead of the initially planned 8th-9th of December. A decision that has sparked fierce anger in African camps. Caught off guard, managers see their costly preparation plans – training camps, organized friendlies – collapsing at the last minute. L'Équipe reports "furious managers" on the phone, an absurd situation where final squads will only be confirmed six days before kick-off.
Proof of this new reality: Mohamed Salah (Liverpool) and Omar Marmoush (Manchester City) will only join Egypt after the crucial mid-December Champions League matches. The same goes for PSV Eindhoven or Feyenoord, who will be able to rely on their African talents longer. A windfall for clubs, a monumental headache for national teams.
Simple Solutions Remain Unapplied
Meanwhile, simple solutions exist. Moving AFCON to June-July, like most major tournaments, would solve the calendar clash. Significantly increasing compensation and insurance coverage would appease clubs. But for now, nothing changes. The scenario repeats ad vitam æternam, creating an unbearable strain on players torn between club and country, and on managers who must build a team in emergency mode.
Africa, its stars, and its legendary tournament deserve better than this recurring war which, with each edition, further tarnishes the image of a premier competition. As the battle rages in the plush corridors of football's governing bodies, it is on the pitch and in the hearts of fans that AFCON will once again have to find the strength to shine.
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Lucien ABEMBE