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Guinée-Bissau : le putsch paralyse le dépouillement, la Cédéao presse pour un retour au civil

L’incertitude politique s’est durablement installée en Guinée-Bissau. Alors que les électeurs étaient dans l’attente des résultats du double scrutin présidentiel et législatif du 23 novembre, la Commission électorale nationale (CEN) a annoncé, par la voix d’Idrissa Djalo, l’un de ses responsables, son incapacité à finaliser le dépouillement. "Les conditions matérielles et logistiques ne sont pas réunies pour poursuivre le processus électoral", a-t-il déclaré, selon l’agence Reuters. Un blocage qui n’est pas dû au hasard, mais à l’intervention brutale de l’armée.

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Le 26 novembre, les militaires ont en effet pris le contrôle du pays, renversé et arrêté le président sortant Umaro Sissoco Embalo, suspendu toutes les institutions et, surtout, ordonné l’arrêt immédiat du comptage des voix. Un coup d’État express qui a plongé la nation ouest-africaine dans une nouvelle zone de turbulence. Vingt-quatre heures plus tard, le général Horta N’Tam, l’un des meneurs du putsch, se proclamait président de transition et fixait à un an la durée de cette période exceptionnelle. Sous pression régionale, les militaires ont certes libéré l’ex-président Embalo, réfugié depuis en République démocratique du Congo, mais gardent fermement la main sur le pouvoir.



Face à cette prise de force, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est passée à l’action. Une délégation de médiation conduite par le président sierra-léonais Julius Maada Bio s’est rendue à Bissau le 1er décembre pour rencontrer la junte. Les discussions, qualifiées de « productives » par les deux parties, ont surtout mis en lumière l’impératif d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. La Cédéao a fermement insisté pour une reprise immédiate du dépouillement et la restauration des institutions civiles.



De leur côté, les putschistes, représentés par le général N’Tam, ont justifié leur action par la nécessité de « maintenir l’ordre et la sécurité ». Ils entendent cependant proposer une feuille de route vers un retour des civils au pouvoir. Le ministre des Affaires étrangères, Joao Bernardo Vieira, a indiqué qu’une proposition officielle pour une transition d’un an serait soumise au prochain sommet extraordinaire de la Cédéao, prévu le 14 décembre à Abuja.



En attendant, la sanction est déjà tombée : la Guinée-Bissau a été suspendue de toutes les instances décisionnelles de l’organisation régionale. Alors que le pays retient son souffle, la communauté internationale observe avec inquiétude cette nouvelle crise, qui rappelle la longue histoire des coups d’État dans ce petit pays lusophone. Le compte à rebours pour un retour à la légalité démocratique est lancé, mais le chemin s’annonce semé d’embûches.



 




Guinea-Bissau: Coup Halts Vote Count, ECOWAS Pushes for Swift Return to Civilian Rule


Political uncertainty has taken hold in Guinea-Bissau. While voters awaited the results of the combined presidential and legislative elections held on November 23, the National Electoral Commission (CEN) announced, through one of its officials, Idrissa Djalo, its inability to finalize the vote count. "The material and logistical conditions are not in place to continue the electoral process," he stated, according to the Reuters agency. This paralysis is no accident but the direct result of the army's brutal intervention.



On November 26, the military seized control of the country, ousting and arresting incumbent President Umaro Sissoco Embalo, suspending all institutions, and, crucially, ordering an immediate halt to the vote counting. A swift coup d'état that plunged the West African nation into fresh turbulence. Twenty-four hours later, General Horta N’Tam, one of the putsch leaders, proclaimed himself transitional president and set the duration of this exceptional period at one year. Under regional pressure, the military released former President Embalo, now in the Democratic Republic of Congo, but retain firm control of power.



Faced with this takeover, the Economic Community of West African States (ECOWAS) has taken action. A mediation delegation led by Sierra Leonean President Julius Maada Bio traveled to Bissau on December 1 to meet with the junta. The talks, described as "productive" by both sides, primarily highlighted the imperative for a swift return to constitutional order. ECOWAS firmly insisted on the immediate resumption of the vote count and the restoration of civilian institutions.



For their part, the putschists, represented by General N’Tam, justified their action by the need to "maintain order and security." They nevertheless intend to propose a roadmap for a return to civilian rule. Foreign Minister Joao Bernardo Vieira indicated that an official proposal for a one-year transition would be submitted to the next extraordinary ECOWAS summit scheduled for December 14 in Abuja.



In the meantime, sanctions have already been imposed: Guinea-Bissau has been suspended from all decision-making bodies of the regional organization. As the country holds its breath, the international community is watching this new crisis with concern, a reminder of the long history of coups d'état in this small Lusophone nation. The countdown for a return to democratic legality has begun, but the path ahead appears fraught with obstacles.



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Moussa Nassourou

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