Un exécutif militaire-civil sous haute tension
Le portefeuille stratégique des Affaires étrangères revient à Joao Bernardo Vieira, tandis que Usna Antonio Quadé est chargé des Affaires présidentielles, du Conseil des ministres et du Parlement. Le général Mamasaliu Embalo prend la tête de l’Intérieur et de l’Ordre public, le général Stive Lassana Manssaly hérite de la Défense, et Carlos Pinto Pereira dirige désormais la Justice et les Droits humains.
À la primature, le général-président Horta N’Tam a confirmé la nomination de Ilidio Vieira Té, ancien ministre des Finances, comme Premier ministre.
Toutes ces décisions ont été scellées par décret présidentiel.
Un coup d’État toujours controversé
Le 26 novembre, l’armée renversait Umaro Sissoco Embalo avant même la publication des résultats des élections générales. Le dépouillement a été stoppé net, les institutions suspendues, les réseaux sociaux restreints, et un couvre-feu instauré.
Après d’intenses discussions avec la Cédéao, Embalo a été libéré puis autorisé à quitter le pays. Il s’est d’abord réfugié au Sénégal avant de se rendre à Brazzaville, où il prévoit désormais de « rester », selon des sources gouvernementales congolaises citées par l’AFP.
Opposition en colère : Fernando Dias da Costa hausse le ton
Parmi les candidats à la présidentielle du 23 novembre, Fernando Dias da Costa dénonce un « coup d’État fabriqué ». Il exige la libération immédiate de Domingos Simões Pereira, figure majeure du PAIGC, arrêté le jour du putsch avec plusieurs collaborateurs.
Dans une déclaration au ton martial :
« Nous sommes les vainqueurs de l’élection présidentielle. Si Domingos Pereira n’est pas libéré, nous irons jusqu’au bout. »
Pendant ce temps, des hommes armés ont pris le contrôle des bureaux de plusieurs partis, dont le PAIGC, selon RFI.
Une capitale entre normalisation et peur silencieuse
À Bissau, la vie reprend lentement : cafés, marchés et commerces ont rouvert, les écoles fonctionnent de nouveau. Mais la population reste prudente, les rues se vidant plus tôt qu’à l’accoutumée.
Les ambassades, elles, opèrent normalement. Aucun mouvement de contestation massive n’a été signalé malgré les appels de l’opposition.
L’UA, la Cédéao et l’ONU montent au créneau
La Commission de l’Union africaine a annoncé la suspension immédiate de la Guinée-Bissau de toutes ses instances. La Cédéao a pris la même décision, tout en créant une commission de médiation impliquant le Cap-Vert, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.
Le Sénégal, par la voix du Premier ministre Ousmane Sonko, exige une reprise complète du processus électoral et la publication des résultats « sans délai ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, condamne quant à lui un « coup d’État inacceptable » et appelle au retour immédiat à l’ordre constitutionnel.
Un coup d’État… ou une mise en scène ?
Fait surprenant, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, présent en Guinée-Bissau en tant qu’observateur, parle plutôt d’un « coup d’État cérémonial ».
Selon lui, Embalo lui-même aurait orchestré une mise en scène pour éviter d’être confronté à des résultats électoraux défavorables :
« Les militaires n’autorisent jamais un président renversé à donner des interviews ou appeler les médias. Qui essaient-ils de tromper ? »
Une transition incertaine
Avec un gouvernement déjà en place, une opposition divisée mais déterminée, des voisins inquiets et une communauté internationale vigilante, la Guinée-Bissau s’engage dans une transition aux contours flous.
La question demeure : les militaires permettront-ils un retour rapide à l’ordre constitutionnel ou s’achemine-t-on vers une longue parenthèse autoritaire ?
Guinea-Bissau: Military unveils new government as political crisis deepens
Guinea-Bissau has entered a new political era under military control. Less than a week after toppling President Umaro Sissoco Embaló, the armed forces have announced a 28-member transitional government, including five military officers, according to Democrata. Most civilian appointees are allies of the ousted president.
Joao Bernardo Vieira becomes Minister of Foreign Affairs; Usna Antonio Quadé is in charge of Presidential Affairs, the Council of Ministers and Parliament; General Mamasaliu Embalo takes over Internal Security; General Stive Lassana Manssaly heads Defence; and Carlos Pinto Pereira becomes Minister of Justice and Human Rights.
Ilidio Vieira Té, former Finance Minister, has been appointed Prime Minister by transition leader General Horta N’Tam.
The November 26 coup, which halted the vote counting process ahead of the publication of election results, remains widely contested. Embaló was released after ECOWAS pressure and has since travelled from Senegal to Brazzaville, where he intends to stay.
Presidential candidate Fernando Dias da Costa has condemned the coup as “fabricated” and demanded the release of PAIGC leader Domingos Simões Pereira. Armed groups have occupied several party headquarters, according to RFI.
Life in Bissau is gradually returning to normal, though the public remains cautious. Meanwhile, the African Union, ECOWAS and the United Nations have all suspended or condemned the new authorities, calling for a rapid return to constitutional order.
Former Nigerian president Goodluck Jonathan described the event as a “ceremonial coup”, suggesting Embaló may have orchestrated it to avoid electoral defeat.
Guinea-Bissau now faces a fragile and uncertain transition, with the prospect of prolonged military rule looming.
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Moussa Nassourou