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Cameroun - Politique . Scandale: Le nouveau siège de l'Assemblée dans un marécage ?

Au moment où toutes les attentes sont fixées sur vers la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale sur le site du plateau Atemengue ayant reçu l’aval du chef de l’Etat le très honorable Cavaye Yégué, Djibril serait en négociation avec le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé en vue de la construction dudit siège dans « l’élobi » de Ntaba.



L’information n’est certes pas encore rendue officielle. Mais elle fait déjà des gorges chaudes. Tournant le dos sur le siège choisi par le président de la République, le président de l’Assemblée nationale, aurait jeté son dévolu sur l’élobi de Ntaba à Nlongkak. « Le délégué du gouvernement ne s’est pas encore définitivement prononcé. Mais les pourparlers avec le président de l’Assemblée nationale quant à la construction du nouveau siège de l’hémicycle à Ntaba, seraient très avancés. Surtout qu’il y a une grosse pression des Sud-Africains et des Chinois, qui sont en concurrence pour enlever le marché de la construction. Des réunions entre les deux parties sont récurrentes. Il y a même de fortes chances que Gilbert Tsimi Evouna fasse le déplacement pour la Chine dans les prochains jours, question de toucher du doigt ce mode de construction. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’en l’état actuel d’avancement des discussions entre la communauté urbaine et le président de l’Assemblée nationale, le démarrage des travaux est imminent. Ce qui répond aussi aux promesses des grandes réalisations, telles que définies par le président Paul Biya ». L’air naïf, un haut cadre en service à la communauté urbaine qui s’exprime ainsi, ne sait pas que pour l’instant, l’information qu’il libre est sous embargo.

L’histoire de la délocalisation de l’hémicycle de son espace actuel date d’au moins six ans. Au départ, il était question de l’extension du siège avec la construction dans son enceinte, d’un nouveau bâtiment. L’option a été vite abandonnée, parce que l’additif d’un immeuble ne pouvait favoriser l’épanouissement de l’hémicycle, de manière à permettre au Cameroun d’avoir un parlement relooké, épanoui et moderne, tel que cela s’observe sous d’autres cieux. Une fois cette option rejetée, on s’est accordé sur la construction d’un nouvel hémicycle, avec une nouvelle architecture moderne. Après plus d’un an de recherche, le choix du lieu s’est porté à l’unanimité sur le site entre le monument de la Réunification, les résidences du président de la Assemblée nationale et du général Pierre Semengué.

Du plateau Atemengué à Ntaba

Selon des sources dignes de foi, ledit site a reçu l’aval du président de la République Paul Biya. des études du sol ont été faites, des expertises d’architectes mises à contribution. Mieux, une nouvelle maquette de ce qui allait être le nouveau siège a été produite et se trouve en ce moment dans le hall du palais de verre de Ngoa-Ekellé. Selon des indiscrétions, le président de l’Assemblée avait pris langue avec le chef de l’Etat pour que la pose de la première pierre se fasse avant les élections.

Rien que pour le choix du site, l’on a délesté le Trésor public et le contribuable camerounais de faramineuses sommes d’argent, nos sources parlent de centaines de millions Fcfa, pour rechercher le terrain. La simple évocation d’une commission pléthorique composée de 20 membres créée à la va-vite pour les recherches donne du tournis. Celle-ci se réunissait, un peu plus de deux fois mensuellement et chacun de ses membres empochait une somme de 200.000 Fcfa en guise de jetons de présence. Lorsqu’on sait que cette recherche a duré plus d’un an, chacun peut savoir ce que cela a coûté à la fortune publique. Et comme si cela ne suffisait pas, il y aurait eu une forte opposition de la France qui n’aurait pas accepté de céder l’espace qui lui servait à caser ses hommes de troupes.

Négociations

S’en sont suivies de grandes négociations, le chef de l’Etat s’en serait même mêlé et, pesant de tout son poids, il aurait réussi à les convaincre de quitter le site. Moyennant d’énormes frais au titre de dédommagement. « On a dévoilé et montré publiquement la maquette ; après évaluation, l’accord sur la valeur financière des travaux a été trouvé; le président de la République a accepté. Le problème ne devait plus se poser », soutient un haut cadre de la présidence de la République. « Je ne suis pas au courant d’une démarche consistant à la recherche d’un nouveau site. Je sais qu’un site avait été choisi et accepté par le président de la République, Paul Biya. Peut-être que je suis un peu naïf, mais cela me paraît impossible que les gens se mettent en contradiction avec l’approbation du chef de l’Etat. Le dossier tel que monté et présenté jusqu’ici ne semble pas indiquer qu’on puisse mettre le présidera en porte à faux en procédant autrement », souligne l’architecte, Yimgaing Moyo.

Qu’est-ce qui peut justifier la recherche d’un nouveau site à l’élobi de Ntaba pour accueillir le nouveau siège ? Comment expliquer les lenteurs par rapport à la pose de la première pierre ? Pire encore, qu’est-ce qui peut justifier qu’en lieu et place du lancement de ce chantier, qu’on en soit encore à tergiverser sur des études architecturales, sur d’autres réalisations et de nouvelles dépenses ?




Focal. Simple affairisme ?

A ce jour, le tandem Gilbert Tsimi Evouna et Cavaye Yegue Djibril, ne parvient pas à fournir des données fonctionnelles pouvant justifier la recherche d’un nouveau site. Dans un tel contexte, quels sont le sérieux et les assurances qu’offre le choix du site de l’élobi de Ntaba ?

De l’avis des experts, quand bien même le site approuvé par le chef de l’Etat serait petit, on pousserait les constructions jusqu’au stade militaire. Même si davantage il fallait plus de terrain, ce serait plus facile et moins onéreux de dédommager le général Pierre Semengué que d’envisager la viabilisation de l’élobi de Ntaba. A la communauté urbaine de Yaoundé, on esquive le sujet, personne ne veut porter le chapeau. De même, à l’Assemblée nationale, ceci ne semble guère préoccuper.

Dans les coulisses, la nouvelle « encore sous embargo » de la construction du siège de l’Assemblée nationale fait jaser. « L’élobi, chez les « Ewondo » a une connotation péjorative. On n’habite pas l’élobi, encore moins on ne saurait y construire des bâtiments devant abriter des symboles prestigieux. Dans une ville au relief vallonné comme Yaoundé, il est souhaitable de construire des bâtiments, en hauteur », avoue le politologue Eric Mathias Owona Nguini.

Son avis est partagé par des architectes, sociologues, historiens et des anthropologues qui, prenant des exemples tels le Palais de Bourbon (symbole de la grande dynastie des Louis), le Palais de Luxembourg, affirment que sous d’autres cieux, des architectures de ce genre, sont des immeubles de la République ; des symboles qui véhiculent l’histoire. « Construire le siège de l’Assemblée nationale dans un élobi comme Ntaba, c’est dévoyer le sens de la République et le sens de l’histoire. Dans tous les grands pays du monde, les symboles sont en hauteur », conclut le journaliste émérite, François Borgia Marie Evembe.
 

Souley ONOHIOLO | Le Messager Vendredi le 27 Janvier 2012

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