Coup de théâtre dans le secteur cotonnier. Alors que son retrait semblait acté depuis plusieurs mois, l’homme d’affaires Baba Ahmadou Danpullo ne quittera finalement plus le capital de la Sodecoton.

ADS

 La décision vient du sommet de l’État. La présidence de la République a instruit le ministère des Finances d’ouvrir des discussions urgentes avec l’investisseur afin de le convaincre de rester autour de la table.

Et les échanges ont porté leurs fruits. « Il y a un arrangement avec l’État pour qu’il ne parte plus, donc il ne partira plus », confie une source autorisée impliquée dans le dossier à notre confrère Business In Cameroon. Via la Société mobilière d’investissement du Cameroun (Smic), Baba Danpullo détient environ 11 % du capital de la Sodecoton. Sa participation, valorisée entre 15 et 17 milliards de FCFA, était en cours de négociation avec des partenaires asiatiques.

Un actionnaire privé clé pour l’équilibre du capital

Le maintien de Danpullo n’est pas anodin. Au moment où l’État augmente massivement son contrôle sur l’entreprise, l’exécutif veut éviter une gouvernance entièrement publique. « Il fallait maintenir un regard extérieur », indique une source proche du ministère des Finances.

Cette décision intervient quelques mois après une opération historique : le Cameroun a racheté pour 46 milliards de FCFA les 30 % du capital détenus par Advens-Geocoton (France), faisant grimper la part de l’État à 89 %. Une domination qui avait aussitôt suscité l’intérêt d’autres acteurs nationaux :

• La Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun (CNPC-C) — plus de 200 000 producteurs — s’est déclarée prête à prendre 12 % du capital (environ 18 milliards de FCFA).
• La mutuelle Ficocam, regroupant le personnel, viserait 1,5 %.
• La Sodecoton elle-même souhaite renforcer sa participation de 4,5 %.

Objectif BVMAC : la grande bascule

La recomposition de l’actionnariat intervient à la veille d’un tournant majeur : l’introduction en bourse de la Sodecoton sur la BVMAC (Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale). L’entreprise a déjà lancé la procédure de sélection de l’intermédiaire financier qui supervisera l’opération.

Cette arrivée en bourse vise trois objectifs :

• Améliorer la transparence financière
• Renforcer la gouvernance
• Attirer de nouveaux investisseurs

En maintenant Baba Danpullo au capital, l’État évite l’image d’une entreprise “trop étatisée” et envoie un signal positif aux marchés financiers. La Sodecoton, pilier économique du Nord-Cameroun, veut conjuguer impératifs publics, performance et discipline boursière.

Le message est clair : la Sodecoton reste contrôlée, mais ouverte.

 

---

Strategic cotton: Cameroon’s Presidency blocks Baba Danpullo’s exit from Sodecoton ahead of stock exchange listing

Unexpected turnaround in Cameroon’s cotton industry. Business magnate Baba Ahmadou Danpullo will no longer withdraw from Sodecoton’s shareholding structure. According to reliable sources, the Presidency instructed the Ministry of Finance to open discussions with the investor to persuade him to stay.

Danpullo, who owns around 11% of Sodecoton through the Cameroonian Investment Holding Company (Smic), had initiated a divestment process involving Asian partners. His stake is valued between 15 and 17 billion CFA francs.

This move follows the government’s acquisition of Advens-Geocoton’s 30% stake for 46 billion CFA, pushing the State’s ownership to 89%.

The Presidency wants to preserve a balance between public and private capital: maintaining Danpullo ensures a credible private presence in the governance structure — crucial as Sodecoton prepares for a listing on the Central African Stock Exchange (BVMAC).

 

Sodecoton, Baba Ahmadou Danpullo, Cameroun économie, capital Sodecoton, secteur cotonnier Cameroun, BVMAC, entrée en bourse, investissement Cameroun, coton Nord Cameroun, Advens Geocoton, ministère des Finances Cameroun, producteurs de coton CNPC-C, Smic Danpullo, gouvernance d’entreprise Cameroun

Mouahna Divine 

 

Lire aussi : Fiscalité internationale : le Cameroun s’ouvre au règlement amiable des différends, entre sécurité juridique et incertitudes structurelles
Lire aussi : Chococam : Minkama Capital et BGFIBank orchestrent un rachat à 46,68 milliards de FCFA
Lire aussi : Coton stratégique : Etoudi retient Baba Danpullo au capital de la Sodecoton avant l’entrée en bourse