Cameroun - Musique. Société NationaLe Camerounaise de L’Art Musical: A peine créée et déjà des procès en perspective

Nestor DJIATOU | Sans Détour Lundi le 11 Septembre 2017 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Collectif des associations et des syndicats des artistes musiciens pour la fusion Cmc-Socam annonce pour le début de cette semaine, une vaste campagne de protestation contre la nouvelle société civile de gestion de l’art musical, qui a porté San Fan Thomas à la présidence du Conseil d’administration le 10 septembre 2017 au palais des congrès de Yaoundé, avec l’onction du ministre Narcisse Mouelle Kombi des Arts et de la Culture.

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D’aucuns voient un page tournée avec la mise en route de cette nouvelle société, mais dans les milieux des artistes, c’est la décrépitude qui se poursuit. Une circonspection née de la contestation d’une frange d’artistes musiciens, regroupés au sein du « Collectif des associations et des syndicats des artistes musiciens pour la fusion Cmc-Socam ».

Pour Jean Pierre Essomè - le porteparole de ce Collectif, que Sans Détour a joint au téléphone samedi soir, l’assemblée générale portant création de la Sonacam- la Société nationale camerounaise de l’art musical, est nulle et de nulle effet.

Et pour cause, un sursis à exécution adressé au ministre des Arts et de la Culture, de même qu’au président du Comité d’organisation de l’Assemblée générale de samedi dernier, annule de facto cette Assemblée qui, en vertu de ce sursis à exécution, n’aurait jamais dû se tenir. En effet, à la requête de Noubissi Dieudonné et de nombreux autres artistes, dont quelques cadors de la musique camerounaise à l’instar de Jean Pierre Essomè, Messi Ambroise, Ange Ebogo Emérent, Angoula Angoula, Ekambi Brillant, Ateh Bazor et bien d’autres, une requête aux fins de sursis de la tenue de l’Assemblée générale de samedi dernier a été notifiée au ministre Mouelle Kombi, à Ndedi Eyango, ainsi qu’au président de la Commission de contrôle des organismes de gestion collective, le 8 septembre dernier, soit à la veille de la tenue de cette Assemblée, par les soins de Me Embolo - huissier de justice exerçant à Yaoundé.

Une requête aux fins de sursis à exécution qui, selon les requérants, aurait dû entrainer la suspension de l’assemblée générale projetée.

Jean Pierre Essomè déplore le manque de consensus qui a entouré la création de ce nouvel organe de gestion collective de l’art musical, lui qui était bloqué chez lui par quelques policiers qui l’ont empêché de se rendre au palais des congrès de Yaoundé, où une mobilisation de protestation était envisagée.

En effet, un communiqué de presse du collectif des associations et des syndicats des artistes musiciens pour la fusion Cmc-Socam, signé par Jean Pierre Essomè le 4 septembre 2017, appelait les artistes et musiciens, les membres de leurs familles respectives, de même que les sympathisants et les forces vives du collectif, à se mobiliser pour une grande manifestation de protestation au palais des congrès de Yaoundé le 9 septembre, en prélude à la tenue de cette Assemblée générale. Même si unautre communiqué de presse signé du même porte-parole, en date du 8 septembre, rapportait cette manifestation, à la suite du sursis à exécution sus-indiqué.

Nouveau mépris de la justice

Les membres du collectif des artistes pour la fusion dénoncent en outre ce qu’ils considèrent comme une incongruité du sous-préfet de Yaoundé 2 qui a délivré le récépissé de tenue de l’assemblée générale à Ndedi Eyango, sur la base d’un récépissé d’identité à 10 chiffres, notamment le N° 11 09 85 50 93, délivré depuis le 17 décembre 2009, soit un document vieux de 8 ans, dont la légalité reste douteuse en vertu du délai de 3 mois reconnu pour proroger un récépissé d’identité. Avec cette irrégularité, resurgit en toile de fond, la question de la nationalité américaine de Ndédi Eyango, qui avait déjà fait le buzz lors de la création de la Socam, amenant Mme la ministre de la Culture de l’époque - Ama Tutu Muna, à attaquer cette élection auprès de la justice camerounaise.

Des complaintes qui laissent déjà présager un démarrage difficile pour la nouvelle société de gestion de l’art musical. Le collectif annonce une campagne de dénonciations de ce qu’il considère comme une mascarade orchestrée par le ministre des Arts et de la Culture, avec la saisine dans les jours qui viennent, outre de la justice, des organismes internationaux de gestion des droits d’auteur, comme la Sacem.

Selon les artistes membres du Collectif, en plus de ce nouveau mépris de la justice, la tenue de l’Assemblée générale de samedi viole l’esprit des directives du chef de l’Etat, repris par l’arrêté du Premier ministre N° 058/Cab/ Pm du 8 juillet 2015, créant et fixantl’organisation et le fonctionnement d’un comité de suivi de la mise en oeuvre des mesures d’assainissement de la gestion collective du droit d’auteur de la catégorie B - art musical, et ayant comme principal point, « laconvocation d’une assemblée générale pour la mise en place d’une société de gestion collective issue de la fusion Cmc-Socam ».

Tâche difficile

C’est dire si l’on est loin d’être sorti de l’auberge dans la gestion collective du droit d’auteur de l’art musical au Cameroun. Avec les procès qui s’annoncent et qui viendront alourdir d’autres procédures judiciaires déjà en cours, les observateurs font remarquer que la situation s’apparente à celle qui avait prévalu à la tête de la Fecafot - la Fédération camerounaise de football, jusqu’à la décision de la Fifa instituant un comité de normalisation pour remplacer les organes illégitimes issus des élections contestées de 2015. Réagissant à la sortie de l’assemblée générale de samedi dernier, le ministre Mouelle Kombi des Arts et de la Culture, s’est dit satisfait du consensus qui a guidé la création de la Sonacam, malgré l’absence bien remarquée et les complaintes récurrentes des membres du collectif pour la fusion Cmc-Socam.

Une satisfaction qui visiblement tient au nombre des artistes ayant pris part à l’assemblée de samedi dernier, estimé à environ 3 000, et aussi à la qualité des artistes présents, Manu Dibango et Eko Roosevelt faisant office de membres d’honneur de cette assemblée générale.

N’empêche, Sam Fan Thomas, le président élu de la nouvelle Sonacam, ne se fait guère d’illusion sur la difficulté de la tâche qui l’attend.

Au sortir du conclave, il a reconnu que bon nombre d’artistes ne sont pas d’accord avec la venue de cette nouvelle société, avant d’envisager de repartir à zéro pour rétablir l’orthodoxie dans la gestion des droits d’auteur de l’art musical.

Une mission qui est loin d’être une sinécure, ce qui laisse déjà profiler des turbulences dans le prétendu nouvel envol que vient d’emprunter la gestion collective du droit d’auteur de l’art musical au Cameroun.

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