Crise Anglophone. Requête des patriarches du Mfoundi

Jean François CHANNON | Le Messager Jeudi le 14 Septembre 2017 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Des patriarches supposés du Mfoundi qui demandent au chef de l’Etat de libérer les ressortissants du Mfoundi et autres Bétis qui sont en prison comme il a libéré les manifestants anglophones…L’affaire monté et sortie on ne sait trop d’où et qui continue de préoccuper certains médias semble beaucoup étonner à Ongola. Evocations.

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C’est le journal « La Tribune de l’Est Economique » qui a rendu publique cette information dans l’une de ses dernières éditions. Aussi troublante qu’insolente, l’information fait état du fait que, suite à la libération des leaders et grévistes anglophones, par un acte du chef de l’Etat qui souverainement à décidé d’arrêter les poursuites judiciaires engagées contre eux au tribunal militaire, des patriarches du Mfoundi demandent, par ricochet au président de la République de libérer aussi les fils du Mfoundi, et plus largement, les fils Bétis et assimilés qui se trouvent en prison pour des détournements des fonds publics.


La source essentielle de cette information quelque peu anecdotique est attribuée au nommé « patriarche Onambelé Zibi » dont la photographie se trouve en première page de notre confrère La Tribune de l’Est Economique. Ainsi vu, dans l’opinion beaucoup ont d’abord cru à une information tirée par les cheveux. En ce sens qu’il est assez difficile de croire que des « patriarches » puissent ainsi sortir aussi facilement de leur reserve, pour confondre le chef de l’Etat dans un acte souverain (bien que politiquement controversé) et qui perçu au sein du landernau politique camerounais comme une attitude d’apaisement face à la douloureuse crise anglophone qui perdure depuis bientôt un an. Renseignements pris à bonnes sources, le nommé Onambelé Zibi, se présentant comme porte-parole des « patriarches du Mfoundi », persiste et signe, dans cette revendication qui serait contenue dans un mémorandum qui aurait été envoyé au président de la République.


Anecdotique
L’affaire aurait pu rester à ce niveau anecdotique, telle qu’elle a été perçue par une certaine élite du Mfoundi, et certainement mourir de sa propre mort, si le week-end dernier, elle n’avait pas fait l’objet d’un matraquage médiatique, duquel l’ensemble des fils du Mfoundi et des peuples de la forêt en général ont été perçus comme étant solidaires d’une telle entreprise venant de ces « patriarches du Mfoundi ».


Autrement dits, « les patriarches du Mfoundi » dont le nommé Onambelé Zibi se présente à tout vent comme le porte-parole, sont-ils les porte-voix des fils du Mfoundi dans une affaire aussi sensible et contextuellement redoutable ? Une élite du Mfoundi, proche du pouvoir que Le Messager a approché s’en défend énergiquement : « Cette affaire d’appel à la libération des fils du Mfoundi qui sont en prison pour avoir volé l’argent public est une grosse fumisterie. Vous pouvez le vérifier. Aucun fils du Mfoundi, soutenant ou ayant soutenu le président Paul Biya ne se trouve en ce moment en prison pour avoir détourné les fonds publics. De quoi parlent donc ces gens qui se disent patriarches du Mfoundi ? ». Et de poursuivre : « Nous connaissons bien le sieur Onambelé Zibi qui est effectivement du Mfoundi. Mais si vous avez des récents souvenirs, ce monsieur qui a récemment défrayé la chronique, en s’attaquant publiquement au président de la République, du fait qu’il ne s’occuperait pas assez du Mfoundi, a été publiquement désavoué par l’ensemble des forces vives, du Mfoundi qui ont d’ailleurs décidé de l’isoler pendant un temps comme cela se fait traditionnellement. Il est considéré comme honni. Vous comprendrez pourquoi personne n’a voulu prendre au sérieux ses nouvelles déclarations ».


Quid dont de cette fameuse « Association des patriarches du Mfoundi » ? Le nommé Onambelé Zibi que Le Messager avait approché en son temps nous avait effectivement confirmé son statut, en nous présentant les statuts de la dite association dont il se présentait alors comme étant le président. Toutefois difficile de savoir si les membres de cette association sont considérés par l’ensemble des forces vives du Mfoundi comme étant des patriarches « au sens traditionnel du terme », pour reprendre une expression de Omgba Eveng Gustave, un notable de la grande famille Mvog Tsoung Mballa de Yaoundé qui continue dans ses confidences : « nos familles à Yaoundé, c’est-à-dire chez les Ewondo du Mfoundi, ne connaissons pas vraiment ce qu’on appelle patriarche au sens qu’on lui donne aujourd’hui. Nous connaissons ce que nous appelons Mbiitum, c’est-à-dire des porte-cannes ou porte-parole des familles. Ceux-là qui parlent au nom des fils et filles d’une même famille. Le patriarche en fait est ce qu’on appelle Zomolo’o, celui qui est vénéré par tous et qui fait l’unanimité dans un clan précis. Le Mfoundi a plusieurs grandes familles. Vous avez les Etoundi, les Mvog, Tsoung Mballa les Bene qui sont dans la périphérie et les autres. Chaque grande famille à son association et son porte-parole. Mais pas de patriarche. Ce que j’entends là par Association des patriarches du Mfoundi me surprend énormément. »
Au final, sommes-nous donc dans une grosse imposture ? Onambelé Zibi et ses congénères patriarches qui croient fortement aux idéaux de leur association, sont les seuls à pouvoir l’expliquer. A cet effet, l’urgence d’un dévoilement public des contours de cette association des patriarches du Mfoundi se fait sentir. Ce d’autant plus que le sujet dont ils viennent de faire le porte-voix est semble-t-il fortement intrigant.

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