Football. Pierre Laurent Tamo au sujet du fair-play financier: ''Il n’y a pas que les camerounais qui adorent le TAS''

Michel Ateba Jeudi le 21 Septembre 2017 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les transferts stratosphériques font réagir un consultant africain

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Pierre Laurent Tamo au sujet du fair-play financier: Psg, Real de Madrid, Barcelone, Manchester City et Manchester United, etc. Ces clubs achètent ou vendent très souvent des joueurs à prix d’or. Dans leurs transactions, ces "Dragons du foot" n'hésitent pas à reléguer au second plan le règlement sur le règlement du fair-play financier au cours du Mercato. Cette saison, le cas des champions de France en cours est le plus illustrateur. Pour s’attacher les services de Neymar et Mbappe , le club de la capitale a déboursé plus de 400.000.000 d’Euro, une somme qui suscite débat et remet sur la table le débat sur le fair-play financier. C’est ce sujet qui nous sert de prétexte pour recueillir les explications de l'Expert-Comptable et spécialiste des questions liées au football professionnel et au Marketing des évènements sportifs, Pierre Laurent Tamo. Le commissaire au compte de la Ligue de football professionnelle du Gabon accepte de répondre à nos préoccupations. Entretien

D’abord pour nous rafraichir la mémoire, c’est quoi la notion du fair-play financier ?

 Avant tout je tiens à vous remercier d’avoir pensé à ma modeste personne pour apporter un éclairage au sujet qui nous préoccupe. Pour revenir à votre question, je dirais que le fair- play financier a fait son apparition en mai 2010 sous l’impulsion du Président de L’UEFA de l’époque, Michel PLATINI. Le but était simple : empêcher que le club ne dépense plus qu’il n’en gagne afin d’éviter sa mise en faillite ultérieure avec toutes les conséquences économiques, fiscales et sociales que cela peut entrainer. N’oublions pas que les clubs professionnels sont de véritables entreprises industrielles…

 Comment fonctionne-t-il ?

 A l’origine, les clubs qualifiés pour les compétitions organisées par l’UEFA doivent prouver qu’ils n’ont pas d’arriérés de paiement envers les joueurs, les administrations fiscales et sociales voire les autres clubs dans le cadre des transferts. Cependant au fil des reformes des nouvelles dispositions sont venues atténuer le principe du respect de l’équilibre financier (ne pas dépenser plus que ce qu’on a gagné). Au point où même les clubs non encore qualifiés pour une compétition organisée par l’UEFA sont concernés par le fair- play financier. A partir de cette définition, on peut naturellement se poser la question de savoir si désormais les clubs ne doivent plus réaliser des pertes…

 A l’évidence, les pertes doivent être encadrées : les clubs peuvent dépenser 5 millions d’euros plus qu’ils en gagnent sur une période de 3 ans. Leurs pertes peuvent même dépasser ce seuil, si les couvertures financières sont apportées par les propriétaires du club ou les parties liées.

 Allons-y droit au but. Le cas du Psg avec les recrutements de Neymar et Mbappe, Paris est-il à reprocher pour avoir déboursé autant d’argent ?

 Les calculs sont simples. Comme vous l’avez annoncé d’entrée, le recrutement des deux joueurs cités ont coûté 400 millions d’euros. Or en même temps, les ventes réalisées par Paris atteignent difficilement 75 millions d’euros. A première vue la perte est considérable même s’il faut prendre en considération les autres revenus du club (billetterie, sponsoring, produits dérivés…). Au final pour dépenser de l’argent il faut déjà en avoir. Alors pourquoi reprocher à quelqu’un de dépenser son argent ?

 Certains disent que le Psg est exempt de tous reproches car le club a trouvé un chemin de contournement. C’est vrai ça, si oui lequel ?

 Disons que Paris a exploité les dispositions réglementaires en s’entourant des avocats compétents capables de trouver des « failles ». Comme nous l’avons déjà dit plus haut, les pertes peuvent être plus importantes lorsque le propriétaire ou les parties liées s’engagent à apporter des fonds. Or dans ce cas précis, le contrat qui lie le PSG au « Qatar Tourism Autority   « porte sur 200 millions d’euros et permet de rétablir l’équilibre. Cependant l’UEFA veut évaluer ce contrat à 100 millions d’euros… Dans ces conditions la voie de contournement ne pourra plus prospérer. D’autant plus que la contestation est portée par l’espagnol Javier TEBAS- Avocat de formation et Président de la Ligue Espagnole- qui démontre que les sponsors liés à l’Etat ne correspondent pas aux règles du marché…

Le Psg peut-il être exclus de ligue des champions UEFA s’il ne respecte pas le fair-play financier ?

 Il existe une panoplie de sanction allant de l’avertissement à l’exclusion tel que vous avez annoncez. Il faut surtout dire une chose : Barcelone n’a pas apprécié le départ de Neymar à Paris et le Réal Madrid ne digère toujours pas le cas MBAPPE. Et comme par hasard la contestation la plus virulente vient d’Espagne. Le hic c’est que les clubs espagnols sont les plus endettés. Donc la situation n’est pas simple et nous ne perdons rien à attendre. Mais les intérêts et le lobbying du football sont tellement puissants que l’éventualité de l’exclusion du PSG sonnerait comme un coup de tonnerre aux multiples incidences. Par exemple ne plus voir NEYMAR en ligue des champions impactera la billetterie et les droits audiovisuels…

Par ailleurs, l’espagnol Javier TEBAS menace de porter l’affaire au TAS au cas où le PSG n’est pas sanctionné. Comme quoi il n’y a pas que les camerounais qui adorent le TAS…

 Quels autres clubs sont en danger cette année ?

 Ils sont nombreux. Nous pouvons citer : Manchester City qui est la propriété de Cheikh Mansour Bin Zayed al- Nahyan. Tout comme Paris, Manchester City a profité des fonds émiratis pour changer de dimension. Dans le viseur de l’UEFA le contrat signé avec Etihad –la compagnie aérienne des Emirats- pour une valeur de 485 millions d’euros. Chelsea de Roman Abramovich avec des pertes de 60 millions d’euros réalisé par le passé. L’Athlético Madrid qui doit encore des dizaines de millions d’euros au Trésor Public Espagnol et j'en passe.

 A vous entendre, nous constatons que le fair-play financier a pour but d’améliorer la santé financière des clubs engagés en compétition Uefa , même si toutes ces équipes n’ont pas la même surface budgétaire. C’est bien cela ?

 Absolument mon cher Michel. Néanmoins, avec les réformes, même les clubs non engagés en compétition européennes sont concernés par le fair- play financier.

 7 ans après la mise sur pied de ce règlement (fair-play financier Ndlr (par l’Uefa, quel est le petit bilan chiffré a se faire ?

 Si je me réfère aux conclusions des assises de Malte qui regroupaient plus de 160 Experts venus de tout l’Europe, la gestion financière des clubs s’est nettement améliorée. Ainsi les pertes réalisées par plus de 700 clubs sont en baisse pour la 4ieme année consécutive et s’établissent à ce jour à 320 millions d’euros. De plus, 46 championnats européens sont sortis du rouge. Enfin la baisse moyenne par club des arriérés de payement de 57 millions d’euros en 2011 pour s’établir à 5 millions d’euros en 2016… Sur la base de ce bilan, on peut dire que les objectifs fixés en 2010 sont en train d’être atteints. Notons que cela n’aurait pas dû être possible sans la reconnaissance de sa légalité par le TAS.

Entretien mené par Michel Ateba à Douala

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