Cameroun - France. Le niveau du Français parlé et écrit en baisse au Cameroun

cameroun24.net Jeudi le 22 Mars 2018 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
A la base, l’influence des TIC et surtout le manque de lecture.

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Question à un sou à une enseignante de langue : comment appréciez-vous le niveau des élèves en français ? Le soupir de Zenabou Fouapon, professeur au Lycée classique de Mfou, augure une déception. « Médiocre et c’est déplorable », lance-t-elle sans ambages.

Tentant une explication, elle affirme que cela est dû à un manque de lecture. « Les jeunes n’en ont pas le goût », regrette l’enseignante. C’est pourtant la clé du succès pour faire la différence. La lecture enrichit le vocabulaire, relève le style. Elle doit être méthodique, prévient Zenabou Fouapon.

«  Il faut lire avec un dictionnaire à côté, avoir un stylo à bille et un bloc-notes pour recopier les bonnes expressions et la définition des mots difficiles »,  conseille l’enseignante. Et pourtant, les élèves préfèrent le raccourci, estimant que le dictionnaire est superflu.

Même si les programmes sont assez bien ficelés, Zenabou Fouapon pense que les instituteurs et les élèves d’hier ont eu la chance d’étudier des œuvres dont la thématique et les personnages collaient à la réalité, cela, en plus d’une formation plus pointilleuse. Aujourd’hui, les œuvres au programme sont plus hermétiques et le découragement des élèves commence là.

Notre informatrice ne croit pas que l’expansion de l’anglais y soit pour quelque chose dans cette baisse de niveau avec la prolifération des écoles anglophones fréquentées par les enfants francophones.

Par contre, elle reconnaît l’impact du "Francanglais" (mélange du français et des dialectes) et de l’usage des Short Message System (SMS) sur l’écriture et l’orthographe des mots. Ce sont des registres du parler sans norme, sans rigueur et dont la pratique appauvrit la locution et fait perdre la connaissance de l’orthographe authentique des mots.

Dans la cour de récréation et dans les conversations entre les élèves, à la maison ou en chemin, les jeunes aiment l’usage du « Francanglais ». « C’est une manière d’affirmer notre indépendance et de rompre avec toute sorte de rigueur tant à la maison vis-à-vis des parents qu’à l’école envers les enseignants », confie Bessala Ondoua, élève dans un lycée de Yaoundé.

Ses camarades reconnaissent, confus, l’influence négative du SMS dans leur pratique d’écriture. « Nos enseignants le relèvent dans nos copies », témoigne Seidou Garba, élève en classe de Terminale dans un collège privé. Ces enseignants, ne sont pas, hélas, tous des modèles dans la pratique du français qu’ils enseignent.

« Il y a des brebis galeuses qui ne font aucun effort de remise en question ou de recyclage personnel», déplore Zenabou Fouapon. Ces mauvais enseignants se contentent de rejeter le tort sur l’élève pour cacher l’absence de vocation ou de conscience professionnelle.

Jeanine FANKAM

 


« La langue française est menacée »

 Daniel Thierry Amougou,   Enseignant de français au Lycée Général Leclerc à Yaoundé.

Quel impact les multiples facilités qu’offrent les messageries téléphoniques, notamment les corrections automatiques, ont-elles sur le niveau de langue des élèves ?

Comme vous le constatez, la pratique du français connaît des problèmes. Avec l’arrivée des multimédias, par exemple les SMS avec lesquels les jeunes communiquent, on dirait qu’il y a un grand ravin entre ce qu’ils écrivent et leur manière de parler. Ils utilisent de plus en plus les abréviations qui n’ont pas de sens. Quand vous envoyez un texte à quelqu’un, la grammaire n’est plus corrigée, l’orthographe est bafouée et ça va dans tous les sens. Tout ceci a un impact très négatif au niveau de la langue française.

L’anglicisation ou le jargon appelé « francanglais » constituent-ils une menace réelle pour le français ?

La menace est énorme. C’est une menace pour la langue française, mais comme on ne peut pas arrêter le modernisme, on est forcé de s’orienter vers ce modernisme. Il serait prudent de conserver un peu de méfiance. En tant qu’enseignants, nous nous efforçons d’inviter les parents à insister sur l’usage d’un français de qualité dès la maison. Au niveau de l’école, il faut que les enfants comprennent qu’il y a un style parlé et un style écrit qui obéissent à des règles bien établies.

Comment combler le fossé creusé entre le parler et l’écrit de la langue française ?

La facilité qu’augurent les abréviations a plongé certains jeunes dans une forme de paresse. Ils s’enferment dans de mauvaises habitudes avec ces abréviations et corrections automatiques. Il devient difficile de s’en passer. On dit souvent que l’habitude est une seconde nature. Cela se matérialise avec cet exemple. Et du coup, d’autres oublient même les mots appropriés, se plongeant ainsi dans la fausse écriture. Actuellement, les enseignants font ce  qu’ils peuvent pour redynamiser le niveau de langue des élèves. Déjà, à partir du programme national, nous sommes entrés dans les approches par  compétence (APC) pour amener les enfants à comprendre leur milieu naturel. Le milieu dans lequel ils vivent. A l’école, on n’enseigne pas les SMS, on ne demande pas d’abréger l’écriture dans les salles de classe. Il faut juste être plus rigoureux, et aussi, il faut que les enfants prennent conscience de ces lacunes, car cela affecte véritablement leur niveau de langue.

Rabiyatou MANA
 

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