Lutte contre Boko Haram. Le casse-tête des comités de vigilance dans la Guerre contre Boko Haram

cameroun24.net Jeudi le 16 Aout 2018 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans un rapport rendu public ce 14 août, International Crisis Group propose que l’Etat repense le rôle de ces groupes d’auto-défense puisque le conflit a baissé en intensité peut-on lire dans les colonnes du journal Mutations.

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Les échos du front dessinent des sourires optimistes sur les visages. En effet, à l’Extrême-Nord, Boko Haram faiblit sous les assauts de l’armée camerounaise. On note dans ce sens une réduction du nombre d’attaques et l’important taux d’échec des attentats-suicides, ainsi que les redditions de combattants depuis octobre 2017, même si le mouvement jihadiste « constitue toujours une menace et [que] la situation humanitaire reste précaire ». En 2017, il a perpétré sur le territoire camerounais environ 80 attaques et enlèvements et planifié 90 attentats-suicides (dont 51 ont été déjoués ou ont échoué), tuant au moins 210 civils et près de 30 militaires. Et depuis janvier 2018, il a causé la mort d’au moins 135 civils et 18 militaires.
Ces données sont contenues dans le rapport intitulé « Extrême-Nord du Cameroun : nouveau chapitre dans la lutte contre Boko Haram », publié par International Crisis Group (ICG) ce 14 août. Dans son analyse, l’organisation non-gouvernementale (Ong) américaine s’intéresse particulièrement aux comités de vigilance. Pour ICG, il faudrait envisager la démobilisation de ces groupes d’auto-défense dans la mesure où l’armée camerounaise a quasiment fait plier la secte terroriste. Le rapport signale que depuis « 2014, les comités de vigilance, qui comptent à ce jour environ 14 000 membres à l’Extrême-Nord, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre Boko Haram. Ils protègent leurs villages, en particulier en l’absence des militaires, et il leur arrive de pourchasser les combattants du mouvement jihadiste, parfois jusqu’en territoire nigérian. Ils auraient ainsi permis d’éviter plus de 80 attentats-suicides en trois ans. Ils ont payé le prix fort pour leur engagement : plus de 200 de leurs membres auraient été tués depuis 2015. »


Cela dit, malgré leur apport, les comités de vigilance suscitent beaucoup de méfiance. Ceci à cause du passé douteux de certains de leurs membres. « Certains officiaient auparavant comme voleur de bétail, contrebandier ou coupeur de route. Plusieurs ont été arrêtés pour collusion avec Boko Haram, tandis que d’autres sont suspectés de violations de droits humains », explique ICG.


C’est fort de ces constats que l’Ong estime que le gouvernement doit déjà penser à redéfinir leur rôle dans un avenir proche. « Sans cela, le risque est élevé que des comités continuent de se déliter hors de tout contrôle, voire que certains membres retournent à leurs activités criminelles passées. C’est d’autant plus probable que, de l’aveu des forces de sécurité et autorités administratives, la sélection initiale des membres des comités de vigilance n’a pas été faite de façon méticuleuse ».


Parmi les facteurs qui expliquent la persistance des activités de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, ICG relève « la baisse du moral des comités de vigilance due au faible soutien matériel du gouvernement et aux rumeurs qui circulent sur son détournement par les autorités administratives locales et des chefs traditionnels ».


Ce rapport de Crisis Group s’appuie sur des sources documentaires et environ 150 entretiens menées entre août 2017 et mars 2018 dans l’Extrême-Nord, mais également à Yaoundé et N’Djamena.

Lucien Bodo
 

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