Afrique. LA RENCONTRE MACRON-NANA AKUFO-ADDO DU GHANA ET LA MENACE QUI PLANE SUR LE CAMEROUN

cameroun24.net Vendredi le 12 Juillet 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Jeudi, 11 Juillet 2019 a eu lieu la rencontre entre le président français, Emmanuel Macron et 400 personnes issues des “diasporas africaines de France”. Cet échange interactif visait officiellement à “présenter un tableau plus complet des échanges et des enjeux d’intérêts communs entre la France et le continent africain. Si cette rencontre est une nouveauté dans son style et sa forme, son fond s’inscrit néanmoins dans la continuité des opérations récurrentes de positionnement opportuniste de la France envers l’Afrique (Brazzaville, La Baule, etc…)à la seule différence que l’on assiste depuis peu à une intensification de leur fréquence.

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En effet,depuis que la France a pris conscience de l’affaiblissement de sa position en Afrique, elle multiplie des initiatives pareilles, certaines sans originalité, pour gagner le cœur des populations africaines. Ce qui est remarquable cependant dans cette nouvelle initiative est la présence du président Ghanéen, Nana Akufo-Addo à cette opération de charme du colontéméraire et audacieux français.

Pour une bonne compréhension du contexte politique et géopolitique dans lequel se tient cette rencontre, et saisir la véritable signification de la visite du président ghanéen en France, il faut revenir sur une autre rencontre entre le président Français et un autre chef d’Etat africain.  À l’issue d’une rencontre avec le président Français, le président ivoirien Alassane Ouattara a déclaré : « Les chefs d’Etats de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont décidé qu’ensemble, à 15, nous allons mettre en place une nouvelle monnaie qui s’appelle l’éco. À terme le franc CFA s’appellera l’éco ».

Comme le Sphinx Hebdo l’a annoncé dans de précédents articles, la France ne reste pas indifférente pendant que sa proie et gagne-pain qu’est l’Afrique s’active à lui échapper. Celle-ci est fortement endettée vis-à-vis de l’Afrique francophone en centaines voire milliers de milliards d’euros, n’est pas capable d’épurer cette dette et dépend du Franc CFA et du siphonage des richesses naturelles de notre continent pour maintenir son rang mondial et son niveau de vie. Or les 75 ans de contrat du Franc CFA qui la lient aux pays francophones arrivent à terme en Décembre 2020. Cet agrément doit être renouvelé pour rester valide, d’où la bataille féroce qu’elle mène pour maintenir le statuquo.

Le nom franc CFA n’étant plus populaire en Afrique et dans le monde, la France opte pour un nouvel habillage, pour un changement de façade. Malgré le maquillage, les pays Francophones africains ne sont pas très enthousiasmés par l’idée de rester des esclaves financiers de la France. Ceux de l’Afrique de l’Ouest obtempèrent par peur de représailles sur leurs nations ou sur la vie de leurs chefs d’Etat. Le président Ouattara qui ne doit pas aimer le rôle de fossoyeur de l’Afrique qu’on lui fait jouer s’est convaincu que sa vie dépendait carrément de son obéissance à ceux qui l‘ont frauduleusement mis au pouvoir. Il a pourtant plus de cartes en mains qu’il ne l’imagine ;à y regarder de près, l’on est en droit de se demander d’entre la France et le président Ouattara qui tient véritablement qui. Cela est une autre affaire, de toutes les façons. Les pays de l’Afrique Centrale (CEMAC) très riches en ressources naturelles ne sont pas partants. Il se dit que le président camerounais Paul Biya n’a pas aucune intention de renouveler l’accord du Franc CFA.

C’est pour cela que l’on assiste à l’intensification des manœuvres de déstabilisation du Cameroun, non seulement de la part de la France mais aussi du système financier international qui tire profit de façon indirecte de l’ordre financier actuel.  L’un des moyens pervers et subtils qu’on utilise depuis un certain temps est l’inondation du Cameroun par des dettes de tout genre (Le Cameroun a-t-il vraiment besoin de 100.7 milliards de Franc CFA pour le recrutement de 12000 enseignants ?) qui rendent le pays prisonnier de ces créditeurs et piègent le successeur du président Paul Biya selon la technique décrite dans “Confessions d’un Assassin Économique” de John Perkins. Selon cette technique, on offre au pays ciblé des prêts qu’on oriente vers des investissements qu’on sait peu porteurs et qu’on met à dessein aux mains de responsables sans intégrité. Le pays ne pouvant pas rembourser se retrouve piégé par ses engagements. C’est alors que les assassins économiques dont John Perkins faisait partie viennent demander à titre de payement de la dette les ressources naturelles de ce pays, le droit d’y installer des bases militaires ou le vote de ce pays aux Nations Unies.  Vous pouvez regarder la description de cette opération dans cette vidéo https://www.youtube.com/watch?v=eLYuJCZZOec

Ces prédateurs savent que si le Cameroun tombe les autres pays de la CEMAC et par extension ceux du golfe de Guinée auront du mal à résister à cette offensive. La France sait aussi qu’elle ne peut pas s’en sortir sans la CEMAC.
Dans cet habillage du Franc CFA en éco, la France remet en jeu une de ses vieilles manœuvres dument consignées dans le rapport Védrine : y attirer les pays anglophones (Ghana et Nigeria) et lusophones (Angola). Mais ces pays ne sont pas dupes. Ils savent quel piège constitue toute monnaie servile. Et si le président ghanéen a accepté de rencontrer le président Français dans le cadre de cette opération de charme vers l’Afrique, c’est qu’on lui a fait au préalable de fortes promesses compensatoires. A-t-il reçu des promesses d’investissement pour booster l’économie ghanéenne et de transfert partiel de technologie ?La France l’a-t-elle aidé à trouver les 20 milliards de dollars après son refus spectaculaire d’emprunter officiellement auprès du FMI ? Le Ghana va-t-il rester le chantre panafricain de Kwame Nkrumah ?Est-ce que la récente décision du Ghana et de la Côte d’Ivoire (dont le président avait été mis au pouvoir par le cartel des chocolatiers !) de suspendre les ventes de leur Cacao aune relation avec tout ceci ? Les propos souverainistes et panafricanistes du président ghanéen au cours de cette rencontre avec le président Macron ont tout pour nous rassurer. Le travail de corps que le président Macron fait n’a pas encore produit de résultats. Nous espérons que le président Nana Akufo-Addo ne se laissera pas acheter.
L’apport économique et en ressources naturelles du Ghana ne va pas sortir la France du pétrin dans lequel il se trouve et le travail au corps que le dirigeant français fait au président Nana Akufo-Addo a pour seul but de donner de la crédibilité à l’éco, de la « defrancophoniser ». C’est d’ailleurs aussi le même effet crédibilité que le Maroc veut produire lorsque que ce pays d’Afrique du Nord qui snobe souvent les pays d’Afrique noire décide de joindre la CEDEAO, composé de pays ayant des économies beaucoup moins fortes que la sienne.
Pour gagner de l’argent dans tout cela la France a vraiment besoin d’un poids lourd, le Nigeria, sa prochaine cible. Ce pays présente un double-avantage : il met sur la table l’économie la plus forte du continent et offre des opportunités de déstabilisation du Cameroun, le pays à faire tomber pour que la France se relève. En échange, elle pourrait toujours faire miroiter au Nigeria la vieille promesse mensongère d’une place au Conseil de Sécurité des Nations Unies.  Si celui-ci cède à cet appel, on ne devra pas s’étonner que des crises frontalières réapparaissent dans la région de Bakassi, que Boko Haram Cameroun revienne en force et que la crise dite anglophone prenne une nouvelle ampleur.

L’avenir du Cameroun est à la croisée des chemins. Ce pays accueillant et historiquement paisible traverse une situation très difficile de son existence. La tragédie se noircit en ce que ses propres enfants soient instrumentalisés dans le processus de sa destruction. L’ironie de la situation est que son sursis actuel vient en partie de la source la plus improbable : le présidentaméricain. Donald Trump. Celui-ci en ne voulant rien à voir avec l’Afrique et la vieille Europe, paralyse de façon significative les marges de manœuvres de la France. Sa réélection serait curieusement une bonne nouvelle pour le Cameroun et une catastrophe pour la France et l’Europe entière ; entre-temps les Camerounais doivent rester vigilants.
 

Gabriel Makang pour le Sphinx Hebdo

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