Cameroun - Energie. Cameroun: Les néants d’Eneo

cameroun24.net Vendredi le 12 Avril 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Yaoundé et, sans doute Douala, sont souvent le théâtre de coupures intempestives d’électricité, mais rien, en termes d’irrégularité et d’absurdité en matière d’alimentation de l’énergie électrique, n’est comparable à ce qui se passe dans l’arrière-pays relate Mutations.

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Cet arrière-pays correspond pour nous aux départements, arrondissements et villages. Si le sort de chacun de ces trois lieux est presque le même, celui des villages est pathétique. Nos villages sont, dans le grand marché des biens nationaux, situés à la lanterne rouge. Ce sont les lieux auxquels l’on pense en dernier lieu, quand ils ne sont pas tout simplement oubliés ou ignorés. Si les voiries sont l’une des principales vitrines de cette sombre vérité, l’énergie électrique y ajoute son lot écrasant de ténèbres. Ces ténèbres larguées sur nos villages par la structure qui est sensée les éclairer repose, de notre point de vue, sur deux pistons majeurs.

Le premier est celui de la médiocrité et de la non sécurisation des installations électriques posées. Ainsi, un transformateur de faible puissance et un cordage monophasé maintiennent les nombreux abonnées des villages dans une baisse permanente de tension électrique. Les façades des maisons dans la nuit se transforment en des surfaces fantomatiques prises d’assaut par des pseudo-lumières parfois plus faibles que celles émises par des lucioles. La population scolaire de tels lieux, quand elle ne retourne tout bonnement pas à lampe tempête, est souvent obligée, pour celle qui en est capable, de recourir aux lampes dites « chinoises », ce qui implique des dépenses supplémentaires qui font violence à des budgets déjà très maigres et des résultats scolaires qui ne peuvent qu’être faibles, comparés à ceux des grandes villes.

On a dénombré, pour ajouter à ces misères de l’arrière-pays, des cas fréquents de vols de câbles qui ramènent souvent à zéro le fruit de sacrifices et cotisations de pauvres paysans qui se trouvent pris au piège d’un système de sécurisation peu fiable des installations électriques par ceux qui sont censés l’assurer.

Le deuxième piston d’enténèbrement de nos villages et, sans doute le plus amer, est celui des coupures de lumière. En saison sèche, l’on a remarqué ici, la situation est plus ou moins supportable. Mais dès que les pluies reviennent et qu’une moindre orage se déclenche, le noir devient l’électricité magique qu’eneo déverse dans les villages. Durant des jours, des semaines et parfois plus, c’est en vain que l’on actionnera l’interrupteur, car les néons et autres ampoules ne donneront aucune réponse lumineuse à l’attente des consommateurs. Et les acquis de la révolution numérique (ordinateurs, téléphones, etc.) perdent pendant ce temps tout leur pouvoir, ce qui ramène le monde ici à une époque que l’on croyait avoir dépassée.

Et le pire c’est qu’eneo ne donnera aux habitants finalement abandonnés à eux-mêmes aucune information, ni sur la cause du délestage, ni sur la durée de celui-ci, encore moins sur le jour où sa majesté le dieu de la lumière décidera de mettre fin aux ténèbres. De quoi se demander s’il y a un contrat qui unit cette société à ses consommateurs et si le respect des clauses de ce contrat est une préoccupation pour ladite société ainsi que pour les institutions garantes du bien-être des populations et de devenir de nos villages.

Il nous semble urgent de sortir de ces va et vient entre l’antiquité où nous ramènent les coupures électriques et la (post)modernité où nous inscrit notre époque. Il est impératif que la fracture énergétique dans laquelle le Cameroun s’est ankylosé prenne fin. En cette ère de décentralisation, il nous paraît plus que jamais urgent d’assurer à l’ensemble du pays la même couverture énergétique, le Cameroun disposant de l’un des meilleurs potentiels de production électrique du continent. Car si notre pays avance en maintenant ses villages dans les ténèbres, aucune lumière vraie n’éclairera notre devenir.

Jean-Claude Awono
 

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