Cameroun - Réligion. Au Cameroun, des chefs tribaux accusent un évêque d’avoir profané leurs terres

Lucie Sarr | La Croix Mercredi le 20 Septembre 2017 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La communauté Bassa-Bati-Mpoo, dans le département du Sanaga-maritime, a porté plainte contre l’évêque du diocèse d’Edea, Mgr Jean Bosco Ntep, pour « profanation des terres sacrées ». Depuis 1959, la communauté traditionnelle animiste Bassa-Bati-Mpoo et l’Église catholique s’opposent à propos de la montagne Ngog Lituba.

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Début septembre, les chefs traditionnels de la tribu Bassa-Bati-Mpoo ont porté plainte contre le diocèse d’Edea, au nord-est du Cameroun.

La source du litige est la grotte Ngog Lituba – « montagne percée » en langue locale – sur le flanc d’une montagne culminant à 1 500 mètres, située près d’Edea, dans le département du Sanaga-maritime, dans le nord-est du Cameroun.
 

Genèse du conflit

Le conflit a débuté quand, en 1959, Mgr Thomas Mongo, à l’époque évêque d’Edea, a érigé une croix en bronze et une statue de la Vierge Marie sur cette montagne sacrée des Bassa-Bati-Mpoo, dans le but d’y organiser un pèlerinage. Pour cette communauté, c’est cette montagne qui abritait les guerriers lors des conflits tribaux et les rendait invincibles. La religion traditionnelle considère également ce lieu comme un habitat des dieux qui surveillent et protègent la Terre.


Le journal catholique Crux, dans une publication datant du 16 septembre, rapporte les propos de Mgr Simon-Victor Tonyé Bakot, archevêque émérite de Yaoundé qui a assisté à une grande partie du conflit. Selon lui, quand, en 1959, Mgr Thomas Mongo avait érigé la croix de fer et de bronze et installé la statue de la Vierge Marie, il cherchait à inviter les clans locaux divisés à des prières, pour la réconciliation, et la paix et pour faire taire les armes et obtenir l’indépendance.

En 2006, la communauté, mécontente, exige la restitution de ses terres et porte l’affaire devant les Nations unies. L’Église catholique cesse temporairement d’organiser des pèlerinages sur le site.

En 2017, les affrontements se sont faits plus fréquents. En janvier, les Bassa-Bati-Mpoo arrachent de la grotte les symboles catholiques. En février, l’Église catholique réagit. Mgr Jean-Bosco Ntep, évêque d’Edea, accompagné d’une forte escorte policière et de plusieurs fidèles catholiques du diocèse, érige de nouveau les symboles catholiques ôtés par les membres de la tribu autochtone.
 

Menaces

Depuis cette « intrusion », la tribu Bassa-Bati-Mpoo ne décolère pas. En février, le site camernews.com rapportait les propos du chef de la tribu, le « Mbombog » (titre du chef) Simon Mbog Bassong qui menaçait : « L’Église catholique du Cameroun à Edéa va enfin se rendre compte que rien ne sera plus comme le passé ». Il ajoutait : « Plus jamais elle ne fera de pèlerinage à Ngog Lituba, plus jamais elle n’y mettra sa croix de fer et d’acier. Nous aiderons nos frères Bati, gardiens de notre sanctuaire à lutter sans merci, physiquement, spirituellement, mystiquement, contre toute tentative de l’église d’y remettre la croix, même en notre absence en ces lieux ». En outre, selon le chef coutumier, en implantant des symboles catholiques dans ce lieu historique, l’Église l’empêche d’être répertorié parmi les sites qui forment le patrimoine culturel de l’humanité, privant ainsi les villageois de bénéficier du développement touristique qu’un tel événement peut impulser.

 

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