Elections côte d ivoire. À propos de la Réconciliation, Act 5: Lettre ouverte aux «propriétaires» de la politique Ivoirienne qui veulent «gâter leur nom»

C.P: Rosalie Kouamé Lundi le 25 Juin 2012 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Avant de commencer cette note j’aimerais faire comprendre à ceux qui croient avoir le monopole de la parole et du débat politique en Côte d’Ivoire que je les emmerde!

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Oui,  vous qui voulez vous approprier de la parole et faire taire les autres! Depuis quelques jours je vois des attaques verbales contre Didier Drogba tout simplement parce qu’il demande à ses compatriotes de changer de mentalité et d’aspirer à la paix et à la réconciliation. Voilà le « crime » qui a suffi pour que certains lui demandent de se retirer de la politique pendant que d’autres veulent le traîner dans la boue. C’est quoi au juste le problème ?
Sommes-nous devenus, nous Ivoiriens aussi allergiques que ça  aux mots paix et réconciliation? Ces valeurs qui caractérisaient tant l’ivoirien ??? Au point de voir d’un mauvais œil celui qui parle de réconciliation et de paix ?
De quoi devons-nous parler au juste ? De guerre? Mais merde alors! La guerre n’est pas une bonne chose et aucune raison ne peut nous convaincre du contraire. La guerre ne saurait être notre solution pour obtenir la démocratie, la souveraineté et le développement… Et ce, malgré les difficultés extrêmes que notre pays traverse.
Notre pays a traversé une crise sérieuse qui a emporté la vie de nos compatriotes. Le respect que nous pouvons avoir pour eux, c’est d’apprendre à protéger la vie des survivants et non à semer ou à cultiver la haine et la guerre.
•    Nous qui dénonçons le manque de souveraineté dans notre pays, avons bien une raison de le faire.
•    Nous qui dénonçons les manœuvres de la Françafrique en Côte d’ivoire et partout ailleurs sur le continent Africain, avons bien une raison de le faire…
•    Nous qui dénonçons l’injustice criarde dont la Côte d’Ivoire a été le champ d’action aux yeux du monde entier, avons une raison de le faire…
•    Nous qui demandons une justice impartiale pour tous les acteurs de la crise ivoirienne, particulièrement à la CPI, avons une raison de le faire…
•    Nous qui disons à Mr Ouattara que « RATTRAPAGE ethnique » n’est pas synonyme de SOLUTION, avons une raison de le dire…
•    Nous qui disons à Mr Ouattara qu’à la place de SOLUTION, ce sont des milliers d’EQUATION pour la survie, l’insécurité, le chômage, l’école, la santé, l’extermination du peuple Guéré, le sort de nos forêts classées à l’ouest du pays, la déchirure progressive du tissu social (et j’en passe), qui s’offre aux Ivoiriens, avons une raison de le dire…
Hélas! Et mille fois hélas!
Après une crise si profonde, tous devrions œuvrer, faire violence sur nous-mêmes, faire le sacrifice nécessaire pour sortir notre pays de la menace de la guerre.  Tous, devrions œuvrer pour faire triompher la vérité et la justice dans une ambiance apaisée. Être digne, c’est aussi savoir faire violence sur soi pour sauver sagement son peuple et nom foncer la tête baisser dans le mur de la guerre et du génocide!
Ce n’est ni la guerre ni la haine qui produiront la vérité et la justice dont nous avons besoin…  Alors on se demande bien à quoi pensent ceux qui sont aujourd’hui si allergiques à la paix et à la réconciliation et qui verraient en cela un acte de courage et de dignité? Certains peuvent ne pas savoir où ils vont, mais tous savons d’où nous sommes quitter. Ces scénarios d’enfants, de femmes et d’hommes brûlés vifs, déchiquetés, égorgés… J’ose croire que nous n’avons aucun intérêt à y retourner…  
NB 1:
La Côte d’Ivoire ne se limite pas à Bedié, à Gbagbo ni à Ouattara…
A tous ceux qui pensent « Ouattara ou rien » ;
A tous ceux qui pensent « Gbagbo ou rien » ;
A tous ceux qui pensent « Bedié ou rien » ;
Je vous informe que cette manière de penser n’est qu’une prise d’otage d’un pays dans votre tête.
La Côte d’Ivoire ne saurait être un Ouattaraland où c’est Ouattara ou rien !
La Côte d’Ivoire ne saurait être un Gbagboland où c’est Gbagbo ou rien !
La Côte d’Ivoire ne saurait être un Bediéland où c’est Bedié ou rien !
Il est temps que l’INTERÊT SUPRÊME du Pays prenne le dessus sur les religions Ouattaraïste, Gbagboïste et Bediéïste.
Nous sommes tous d’accord que la réconciliation doit se faire sur la base de la vérité et de la justice. Œuvrer pour obtenir un climat apaisé afin de pouvoir faire triompher la vérité et la justice est un impératif pour tous ceux qui prétendent aimer la Côte d’Ivoire et cela ne saurait se négocier. Même pas par ceux qui marchent la tête baissée dans leur religion…
Il y a certes des préalables, tel que la libération du Président Gbagbo et des Pro-Gbagbo incarcérés ça et là. Tel que le dégel des avoirs des uns et des autres pour qu’ils puissent vivre humainement. Oui, nous sommes des humains et nous devons songer à nous traiter les uns les autres en tant que tels. Néanmoins, ces préalables ne peuvent en aucun cas empêcher un ivoirien de prôner la réconciliation et la paix, que celui-ci soit politicien ou pas. Bien au contraire! Il faut montrer sa bonne foi de vouloir voir la Côte d’Ivoire retrouver sa stabilité d’antan, dans l’intérêt suprême du peuple, tout en insistant sur ces préalables qui sont légitimes. Cela étant, on ne peut pour rien au monde se faire passer pour des gens qui ne veulent pas entendre parler de réconciliation ni de paix, au point de voir le diable chez tous ceux qui en parleraient. Certains veulent prendre comme pour argument, le fait que Didier Drogba ne soit pas politicien, pour lui demander de ne pas se mêler au processus de réconciliation dans son pays! Et comment appellerait-on cela ? L’exclusion politicienne ou l’IVOIRISME cette fois, puisqu’il n’est plus question d’Ivoirité?
Si ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire a été causé par les politiciens en grande partie, il faut reconnaître que ce ne sont pas les politiciens qui ont payé le lourd tribut dans cette crise ! Alors, lorsqu’il s’agit de porter sa voix pour que les fils et filles de notre pays s’acceptent encore comme cela se faisait dans le passé, il faut d’abord accepter que toutes les voix du pays soient écoutées. Peut-être pas toutes au même moment, mais il faut au moins accepter que toutes les filles et fils du pays aient ce droit de porter leur voix, quelque soit leur domaine d’activité.
Il est temps que nous sortions de la logique de la pensée unique où ce que l’on pense est pris pour parole d’évangile et l’opinion des autres, sans valeur ou alors considérée inappropriée.
À un niveau banal, lorsque deux personnes se battent, le facilitateur n’est pas l’une des parties en conflit. C’est plutôt une partie neutre qui est mieux placée à rapprocher les tendances en conflit et à les emmener à faire la paix malgré ce qui s’est passé. En Côte d’Ivoire si les politiciens, toutes tendances confondues, ont foutu la merde, il faut bien accepter que le non politicien demande aux uns et aux autres de changer de mentalité... C’est bien ce que Drogba et compagnons tentent de faire et il n’y a aucun mal à cela.  Par contre, ceux qui ont des préalables, des conditions et des suggestions, peuvent sagement les rédiger et les envoyer à Drogba et à ses compagnons pour qu’ils en tiennent compte. Cela serait plus constructif que de se mettre à insulter, à menacer et à interdire qui que ce soit de parole. Ce comportement est anti-démocratique, voire anti-souverainiste et destructif. Et il est très loin d’une dignité quelconque. Ça n’arrange personne; ni vous, ni nous, ni eux.    
Ce qui est à déplorer, c’est si dans la recherche de la réconciliation et de la paix, la vérité et la justice sont mises à l’écart au profit de l’injustice et de la contre-vérité. C’est ce fait qu’il faut décrier et encourager les facilitateurs à œuvrer pour une réconciliation sur fond de vérité et de justice. Il faut faire comprendre aux facilitateurs ce qui semble bien à faire et non se mettre dans une autre logique de guerre avec ces derniers.
C’est dans quel monde on frappe quelqu’un ou on se fait frapper par quelqu’un et celui qui tente de demander pardon pour qu’il y ait un apaisement, on le frappe aussi ???
Oui, nous avons perdu beaucoup, tous! Je ne vais même pas vous faire le plaisir de vous détailler ici ce que j’ai perdu depuis 2002 jusqu’au 31 Octobre 2010 (jour des élections) où ma mère en a succombé… Et rien ne pourra faire revenir à la vie, ni ma mère, ni ces nombreux ivoiriens qui sont morts dans cette crise causée par le fameux coup d’état manqué de 2002… Ce qui est gâté est déjà gâté. Il est question de savoir comment sauver ce qui n’est pas encore gâté. La recherche de comment sauver ce qui est à sauver doit se faire dans la lucidité, la sagesse et le réalisme.  Ce n’est pas en s’en prenant à tous ceux qui tentent de faire revenir la paix que nous aiderions notre pays. Cela soulage peut-être notre orgueil, mais n’arrange rien, ni personne…
Il faut aussi déplorer le fait de ne pas débattre sur ce qui nous est arrivé afin de savoir situer les responsabilités et éviter de tels dérapages dans le future; en  voulant transformer le processus de réconciliation en des activités culturelles où l’important est de faire oublier l’essentiel, c’est comme si on couvrait notre visage avec les deux mains et on pensait qu’on était bien caché… Personne n’a quelque chose contre la culture, bien au contraire ! Mais il y a un temps à tout et il ne faut pas faire d’amalgame sous le prétexte que cela fait partie de nos coutumes. On doit pouvoir se défaire des coutumes qui ne favorisent pas le développement dans des contextes précis…
Personne n’est innocent dans le mal qu’a connu notre pays depuis 1990. Des causes proviennent d’avant cette période, d’autres depuis cette période jusqu’en 2002; Et puis de 2002 à 2010, une autre catégorie de causes s’est greffée. Depuis les élections de 2010 jusqu’à la chute du Président Gbagbo, il y a eu une dernière catégorie de causes…
Nous venons de loin et nous devons apprendre à cultiver l’humilité et le réalisme de part et d’autres dans nos combats respectifs tout en mettant l’intérêt suprême de la Côte d’Ivoire en avant.   La Côte d’Ivoire demeure notre intérêt commun et nous devons savoir la préserver.
La lutte et la mobilisation pour telle ou telle cause n’excluent pas l’apaisement, la réconciliation et la recherche de la paix… Et la recherche de la paix, n’exclut pas la satisfaction des préalables précités.
Ce n’est pas parce que le voisin a mis le feu à une maison qu’en retour, le propriétaire va mettre le feu dans la même maison, pour montrer qu’il peut faire comme le voisin… On n’a pas besoin d’une telle bassesse pour faire valoir ses raisons!
Pour le petit rappel, bientôt notre chère Commission Dialogue-vérité-Réconciliation (CDVR) fêtera son premier anniversaire. Un an, ce n’est pas beaucoup mais c’est suffisant pour faire un bilan partiel aux ivoiriens.
•    Si la CDVR  nous dit que son bilan est négatif, parce qu’au moment où elle cherche la paix, les autres (le pouvoir en place, certains pro-Ouattara et certains pro-Gbagbo) demeurent dans une logique de guerre; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce qu’au moment où elle cherche la paix, la population de l’ouest du pays, particulièrement nos frères Guéré sont tués, chassé de leur terre pour installer des Burkinabé à leur place; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce qu’au moment où elle cherche la paix, le pouvoir de Mr Ouattara continue de traquer les pro-Gbagbo, même au-delà des frontières ivoiriennes par tous les moyens dignes de la gestapo; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce qu’au moment où elle cherche la paix, les Ivoiriens n’en ont que foutre parce qu’ils ne savent plus à quelle solution se vouer, dans une vie de plus en plus chère et dans une insécurité de plus en plus croissante; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce qu’au moment où elle cherche la paix, ce sont des illusions, les dettes, la misère et la mort qui sont servies aux Ivoiriens en lieu et place des solutions; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce qu’au moment où elle cherche la paix, certains journalistes ne font que produire des articles qui ne peuvent entraîner que la guerre; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce qu’au moment où elle cherche la paix, aucune amnistie générale n’est prise pour libérer les prisonniers politiques et les prisonniers de guerre, afin d’apaiser les cœurs blessés de part et d’autres et donner une chance à la réconciliation; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif parce que tout est réuni pour que la compétence du Président Banny et de son équipe ne soit pas à la hauteur de la mission qui leur a été confiée; on va dire quoi ?
•    Si la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce que la capture spectaculaire et l’extradition de présumés « faiseurs de coup d’état », tel que ce fut le cas du Ministre Lida Kouassi Moïse,  et surtout les films d’aveux obtenus sous des conditions humainement inimaginables, ne font que briser l’espoir d’une quelconque réconciliation; on va dire quoi ?
•    SI la CDVR nous dit que son bilan est négatif, parce qu’on lui donne la chance d’un enfant mort-né, on va dire quoi ?
Au vue des points précités, nous avons l’impression que le travail du Président Banny et de son équipe est bien biaisé par ceux qui devraient tout faire pour voir les ivoiriens réconciliés; Il n’y a vraiment pas de raison que quelqu’un d’autre adopte une attitude d’anti-réconciliation pour gâter inutilement son nom en portant la responsabilité d’un échec palpable…
Au fait, qu’est-ce qu’on veut dans « pays-là »? Pardon, qu’est-ce que nous voulons pour notre pays ?
Il est plus que temps que chacun connaissent ses limites, pour donner la chance à tous d’exister... Une Super Star, une légende à la dimension de Didier Drogba, vous n’êtes pas prêts à nous en produire tout de suite, alors apprenons à nous respecter, même si ce qu’il dit ne rencontre pas votre assentiment; Il est évident que ce que vous dites aussi ne rencontre pas son approbation. Mais contrairement à vous, il a choisi de prôner la paix, pas parce qu’il n’a pas un village qui a été brulé. Pas parce qu’il n’a pas perdu de parents dans ce qui nous est arrivé… Mais parce qu’après ce que notre pays vient de traverser depuis plus d’une décennie, l’heure du sacrifice suprême a sonné pour tous. Ce sacrifice suprême n’est pas à la taille du langage d’enfant  du genre : « comme il m’a fait ça, je dois lui faire la même chose ou même pire pour qu’il comprenne… » Oh ! On est où là !? NON ! On ne va pas sacrifier tout un pays sur la base d’un raisonnement digne des enfants de l’école primaire…
NB 2:
Si le pardon est Divin, c’est parce qu’il demande une dimension en l’homme, qui est au-delà des limites de l’homme… Et seul, l’être proche de Dieu sait pardonner par cette humilité qui précède la gloire. Quant à l’être proche du Diable, il ne connaît que la tyrannie, la vengeance et l’orgueil qui précèdent bien évidemment la chute et la honte.

A bon entendeur, vive la Paix, la Démocratie, la Souveraineté et le Développement!
On est ensemble ou alors apprenons à être ensemble, puisque nous sommes ensemble!
Dieu ait pitié de notre pays et de notre continent !
Soyez richement béni !


Copenhague, 24 Juin 2012
Rosalie Kouamé «Roska»
Ambassadrice  de l'EDUCATION, de la CULTURE, de l'AMOUR du prochain et de la PAIX.
Présidente Fondatrice - Fondation Roska



 

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