Cameroun - Réligion. Yaoundé: les autorités administratives imposent le sommeil aux églises réveillées

La Nouvelle Expression Mercredi le 28 Aout 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les autorités administratives ont procédé à la fermeture de certaines église pour raison de trouble à l’ordre public et le problème est loin d’être résolu. «Assemblée de dieu» au quartier Tsinga ce samedi 24 août 2013, il est 17h.

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Chants, prières et réjouissances rythment la réunion hebdomadaire. Dans la salle, on aperçoit des jeunes hommes, des jeunes filles et des personnes âgées ; toutes les tranches d’âge y sont parfaitement représentées. Cette association religieuse fait partie de celles qui sont encore en fonction dans la ville de Yaoundé. Vendredi 23 Août 2013, le Sous-préfet de Yaoundé 1er Tsanga Foe Jean Paul a procédé à la fermeture de dix associations religieuses à savoir : la «Bethel Global Mission», le «Ministère international Assemblée Bethesda» «l’Église Tabernacle de la foi», «l’Église catholique orthodoxe apostolique française», «la Cellule de prière s/c Cathédrale de mission (Emana)», «la Chapelle Way» «la Mission sanctuaire Royaume des cieux (Etoudi)», «l’Église évangélique des rachetés du Christ (Mfandena)», «la Grace Medical Foundation» et «la Faith Tabernacle Église des nations». La première vague de ces fermetures a eu lieu au début du mois d’août dans le même arrondissement, avec l’interdiction de «La cathédrale de la foi» à Elig-Essono, «la communauté chrétienne», au quartier Etoudi, et de «l’église catholique traditionnelle succession Utrecht Camerounais» située au quartier Emana. Les motifs évoqués pour ces trois fermetures sont : trouble à l’ordre public, défaut d’existence légale et atteinte aux bonnes mœurs. Tsanga Jean Paul a déclaré qu’il fermera à tour de rôle chacune des églises ayant décidé de jouer la carte de la clandestinité, «il existe des églises qui s’octroient les licences des autres ; la Word Wild Mission est une congrégation nigériane qui a l’habitude de fournir sa licence aux églises clandestines», mentionne-t-il. Ces interdictions ont suscité des mécontentements auprès des acteurs de ces associations. «C’est très dangereux ce que le gouvernement fait là. Le fait de s’attaquer à l’église c’est faire bras de fer avec dieu. Et comment alors quelqu’un peut se mesurer à son créateur. Il y a des bars ici dehors qui troublent l’ordre public pourquoi ne voire que l’église?», s’indigne le pasteur Song pasteur à l’ «assemblée de Dieu». Un avis que ne partagent pas les riverains : «ils crient trop quand ils prient et quand c’est le moment de chanter ils mettent les appareils à fond et peu importe l’heure à laquelle ça se passe ils n’en tiennent pas compte», affirme décrie Romuald voisin de ladite assemblée.

Les mesures de fermeture ne sont pas en vigueur qu’à Yaoundé 1er ; dans les autres arrondissements, les autorités administratives mettent la main à la pâte pour conjurer les désordres crées par ces établissements. Ndama Mvondo Apollinaire, sous-préfet de Yaoundé 6e est souvent appelé à sévir : «l’implantation des églises est un phénomène qui survient à tout moment. Lorsque l’installation d’une église crée des problèmes, si son existence est signalée à notre niveau, nous prenons les mesures qui s’imposent pour que cette dernière soit fermée. J’ai fermé la light world mission à Biyem-assi dernièrement». Son homologue Locko Motassi Martin sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé 4e a également fermée deux églises pour nuisance sonore caractérisée. A Yaoundé 3è et 5e, les sous-préfets sont aussi rentrés dans la danse en fermant, pour le premier, le Heaven Gate of all Nations et le Ministère de la délivrance et du progrès. Le deuxième vient d'apposer des scellés sur deux temples: l’Église du salut: la traversée de la mer rouge par Jésus et une autre, logées au quartier Ngousso et dont le promoteur est Malachi Botombé. Malgré les fermetures déjà enregistrées, les autorités n’entendent pas baisser le bras. Le vent de fermeture continuera de souffler sur les associations religieuses non règlementaires. Selon M. Tsanga Foe Jean Paul préfet de Yaoundé 1er : « c’est un processus qui est en cours. Elles sont nombreuses ces églises qui détruisent les ménages, la plupart des dirigeants étant devenus des médecins, ils ôtent la vie à certaines personnes sous prétexte qu’ils prient pour les délivrer des maladies médicales.», condamne le sous préfet de Yaoundé 1er qui brandit une série de requêtes reçues dans ce sens par les citoyens. M. Tsanga Foé va d’ailleurs plus loin : «Ces mouvements fondamentaliste, des éléments embêtant pour la démocratie, la liberté et la gestion des institutions du pays. Elles sont plus dangereuses que les débits de boissons car celles-ci détruisent les Camerounais psychologiquement.» Revendiquant une initiative personnelle entreprise dans son unité de commandement, le sous-préfet ajoute : «l’on ne va pas attendre que le chef de l’État descende d’Etoundi pour répondre aux plaintes des populations et mettre l’ordre dans la société». Son homologue de Yaoundé 6e affiche la même fermeté : «Chaque fois qu’une église pose un problème, fut-elle-même une église reconnue, nous sommes-là pour gérer les libertés, donc elle peut tout aussi être interdite ».

«Nous devons faire régner l’ordre et la sécurité sociale», souligne Locko Motassi Martin, mais «la tolérance officielle a donner place à un laisser aller au niveau des associations religieuses d’où la prolifération illégale. La lutte contre le désordre urbain est un combat pour le gouvernement pas seulement celui d’une seule autorité. Car au niveau de ces associations les gens confondent liberté et libertinage», ajoute t-il. Pour le chef de Yaoundé 4ème « il faut sonner la fin de la récréation ». Pour le moment, chaque sous-préfet se charge de régler le problème des églises de réveil de façon individuelle, mais la finalité reste la même : établir l’ordre social et maintenir la sécurité nationale.
Alexa Immata et Danielle Domfang, stagiaires

Réactions

M. Song, pasteur de l’assemblée de Dieu
« C’est un péché »
Lorsque les autorités s’attaquent aux églises comme ils le font là c’est un grand péché, ils s’attaquent à leur créateur. Tu ne peux pas te léguer contre celui qui t’a créé, il y a des bars qui troublent vraiment et qui en plus détruisent la vie des citoyens, c’est des établissements comme ceux-là qu’on devrait fermer. On ne peut pas dire que les pasteurs sont en train de détruire les familles et les mariages comme les gens le soutiennent, ils font plutôt des miracles pour eux ! Pour moi, on ne peut fermer une église que si son dirigeant commet des péchés tels que le vol ou encore l’adultère. Mais si ce n’est pas le cas pourquoi fermer ?

Essomba Alain, habitant du quartier Elig-essono
« Un peu de paix »
Je ne sais pas ce que le sous-préfet attendait, c’est un problème que nous avons longtemps posé aux autorités administratives afin qu’elles puissent le régler. Aujourd’hui c’est un ouf de soulagement pour nous, on a un peu de paix. Il y’a encore quelques semaines déjà, chaque matin à partir de 05 heures nous avons droit à des séances de prière et de chant avec autant de bruits. C’était des bruits vraiment insupportables pour mes enfants et moi. Donc je remercie vraiment le sous-préfet pour son initiative et j’espère que toutes ces églises seront hors d’état de nuire. Elles ont détruit des foyers, mon voisin a perdu sa femme parce qu’il ne voulait pas faire partie de ces églises. Il y’a des gens malades qui ne vont pas à l’hôpital parce que le pasteur doit prier sur le malade. Ces églises font plus de mal que de bien.
 

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