Cameroun - Transports. YAOUNDÉ-KRIBI : Le taux de morbidité de cet axe inquiète

Laurent Mbatchou | Essingan Vendredi le 24 Avril 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Sept personnes ont perdu la vie sur cette route encore en chantier il y a quelques jours. Les riverains ne décolèrent pas.

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Décidément, le port en eau profonde de Kribi en construction s’accommode bien de polémiques. Après une opération d’indemnisations des riverains sujette à caution, des concessionnaires dans les starting-blocks qui font grands bruits… et maintenant, des riverains qui indexent le taux de morbidité de l’axe Yaoundé-Kribi. Le premier lot de cette route, entre Yaoundé et le pont d’Olama (Mefou-et- Akono), qui a déjà été livré est l’objet de toutes les critiques. Surtout depuis le carnage du 29 mars 2015, le dimanche des rameaux. Cette matinée-là, entre Yaoundé et le village Mbalgong, à quelques kilomètres de la capitale, pas moins de cinq accidents de la circulation ont occasionné la mort brutale de sept personnes.

 

Une femme sortie tôt ce matin du dimanche des rameaux faire du jogging avec son mari a perdu la vie, quand son mari la ratait de peu. L’accident s’est produit au lieu-dit carrefour de Mbalgong, que certains appellent aussi carrefour Stéphane Mbia (la maison du père du capitaine des Lions se trouve non loin de là). Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce carrefour est la cause d’accidents de circulation et de pertes en vie humaine. Avant ce matin du 29 mars, c’est un conducteur de mototaxi qui a trouvé la mort au même endroit; fauché par une voiture.

 

 

 « Cet endroit est très dangereux à cause de ce virage. » Laconique, la voix étouffée par l’effroi, Joseph Edzoa montre du doigt ce virage abrupt qui précède ce carrefour. « Il est tellement sinueux qu’il est impossible de visualiser la route quand vous l’amorcez », continue Joseph Edzoa. Il n’est d’ailleurs pas le seul à indexer le tracé hasardeux de cette route. Le gérant d’une fabrique de parpaings, qui se rappelle la peur bleue qu’il a eu ce matin du 29 mars quand il a découvert que son fils n’avait pas passé la nuit à la maison, ne décolère pas après cette route « en forme de S récurrent. »

Entre Yaoundé et le pont d’Olama justement, des virages dangereux se succèdent les uns après les autres. À Mbalgong, tout comme à Mbadoumou et à Nomayos, deux autres villages traversés par cette route Yaoundé- Kribi, on craint déjà de voir le taux de morbidité grimper en flèche quand le trafic entre la capitale et la nouvelle ville portuaire camerounaise va atteindre le paroxysme. « J’ai peur que cette route prenne beaucoup plus de vies que l’axe-lourd Yaoundé-Douala », fait savoir une riveraine la larme à l’oeil. Mais il n’y a pas que ces virages à répétition qui inquiètent. « Cette route est étroite », commente Joseph Edzoa. Cette étroitesse est aussi, selon plusieurs riverains, la cause des autres accidents du fameux dimanche des rameaux. Les riverains qui soutiennent cette thèse se souviennent de cette femme qu’une moto a percutée sur une remorque à l’arrêt au lieu-dit Etok Koss.

 

« Vous vous rendez compte du nombre de remorques qui vont garer sur cette route pour une raison comme pour une autre quand on va ouvrir cette route avec le port de Kribi ? », s’interroge Joseph Edzoa. Pour les riverains, le responsable de cette situation est toute trouvé : l’entreprise de BTP égyptienne Arab contractors, qui a construit le premier lot de cette route. « Mais peuton vraiment accuser cette entreprise ? », s’interroge pour sa part un natif de Mbalgong. Ce dernier se rappelle des difficultés qu’il y avait déjà à dédommager les riverains touchés par le tracé de cette route. Il se demande donc si les budgets limités n’ont pas poussé le maître d’ouvrage à éviter les zones à forte densité de populations s’obligeant à faire tous ces virages. Mais tout ceci n’est que suppositions.

 

 

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