Affaire Marafa. Verdict - Affaire Marafa, Fotso et Cie: Les dégâts collatéraux après le verdict de la Cour

Michel Michaut Moussala | Aurore Plus Mercredi le 26 Septembre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La condamnation à 25 ans de prison de l’ancien Ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya et de l’homme d’affaires Yves-Michel Fotso n’est que le début d’un long feuilleton qui promet d’être riche en rebondissements.

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I- Le Grand Nord divisé

L’interpellation, le 16 avril 2012, de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République et ex-ministre d’Etat de l’Administration territoriale et de la Décentralisation Marafa Hamidou Yaya avait déjà divisé le Grand Nord en deux camps. Un camp qui le soutenait et l’autre qui se réjouissait de cette arrestation, probablement des adversaires politiques ou non de l’ingénieur des pétroles. Nous n’avons pas de statistiques pour savoir lequel des deux camps est plus dense mais une chose est certaine qu’avec la condamnation à 25 ans de l’ancien ministre, ceux qui le soutiennent vont augmenter en nombre. Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup d’hypocrisie dans cette affaire au sein de l’élite et des populations du Grand Nord au sein du Rdpc au pouvoir et en dehors de ce parti politique.

Les partisans de Marafa qui clament ouvertement leur soutien à leur idole. Ceux-là sont bien connus et qui se recrutent surtout chez les jeunes de Garoua, ville natale de Marafa et d’ailleurs. Ils ont le courage de dire ce qu’ils pensent sur l’incarcération de l’ancien ministre d’Etat et ceci au sein même du Rdpc. Après la condamnation à 25 ans de prison de l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, ses partisans vont durcir et renforcer leur position et leur jugement vis-à-vis de Paul Biya président de la République et président nationale du Rdpc. Pour eux, Marafa est innocent, il est victime d’un vaste complot tissé contre lui et dont celui qui tire les fils ouvertement et non dans l’ombre n’est autre que Paul Biya. Pourquoi? La réponse est bien simple et connu de tous; Marafa a commis l’irréparable, lorgner le fauteuil de l’homme, Paul Biya, qui l’a fait, fabriqué de toutes pièces. Voilà le crime connus par l’ancien ministre d’Etat.

Ceux qui sont contre Marafa: Ils se retrouvent au sein du Rdpc comme en dehors. Ses rivaux politiques dans le Rdpc dans la région du Nord en général et son département d’origine, la Bénoué, doivent être satisfaits du verdict qui vient d’être prononcé contre l’ingénieur des pétroles qui avait repris du service après son départ du gouvernement le 9 décembre 2012. L’ascendant qu’il avait sur eux leur portait ombrage et les empêchait d’émerger. Tel est le cas de l’ancienne ministre de l’Education de base, Haman Adama née Mahonde, en taule à la prison de Kondengui à Yaoundé dans le cadre de l’opération Epervier qui échappait au contrôle de Marafa. Ce qui avait créé une inimitié entre les deux personnalités. Il y a probablement la famille royale de Garoua, les Hayatou, dont l’un des membres, Garga Alim Hayatou est la lamido (chef traditionnel) de Garoua et secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Santé publique depuis le 19 septembre 1997. Une vieille rivalité datant de l’époque coloniale oppose les deux familles. Mais de là à dire que les Hayatou se réjouissent de la condamnation à 25 ans de prison de Marafa, c’est une ligne qu’il ne faut pas franchir.


Les hypocrites

Ce sont ceux qui font semblant d’être contre Marafa ouvertement mais qui en réalité le soutiennent. Car il convient de le dire ici, les 25 ans d’emprisonnement qu’écope l’ancien secrétaire général de la Présidence de la République vont renforcer le soutien et le crédit dont il jouissait auprès de certaines personnes qui considèrent cette peine comme étant très injuste, inique et disproportionnée. Les législatives et les municipales à venir: Il se dit, se susurre surtout à Garoua que le Rdpc va mordre la poussière lors des législatives et des municipales prochaines. D’après des informations dignes de foi, les partisans de Marafa qui sont nombreux dans la Bénoué ne vont pas voter pour le Rdpc mais vont donner leurs voix à l’Undp du ministre d’Etat Maïgari Bello Bouba en charge du Tourisme et des loisirs. Les partisans de Marafa disent qu’ils ne vont pas donner leurs voix au Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) du ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary qui est lui aussi natif de Garoua.

Pour les partisans de Marafa, il est hors de question de boycotter les législatives et les municipales, ce qui donnerait l’avantage au Rdpc mais d’aller voter massivement pour l’Undp afin que les quatre députés de la Bénoué reviennent à ce pseudo-parti de l’opposition qui détient actuellement un siège de député et le Rdpc trois dans cette circonscription électorale. Même dans l’Extrême-Nord, les partisans veulent faire la poussière au Rdpc. La question est de savoir si la manœuvre des partisans de Marafa va réussir. Il y a certes danger dans le camp du Rdpc mais connaissant la capacité de mobilisation et les moyens financiers dont il dispose pour corrompre les gens et acheter ainsi les consciences, il est fort à parier que l’entreprise ne va pas aboutir facilement. Mais comme nous sommes en politique, un domaine très mouvant dont on n’est sûr de rien, où tout peut arriver, le Rdpc va procéder à certaines manœuvres.


Verdict - Affaire Marafa, Fotso et Cie - Trouver un remplaçant à Marafa

II- Trouver un remplaçant à Marafa


Compte tenu de ce qui précède, le président national du Rdpc qu’est Paul Biya doit s’affairer pour que les pro-Marafa ne gagnent le terrain non seulement dans la région du Nord mais également dans celles de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua. Mais compte tenu de sa carrure, il ne sera pas facile de trouver un remplaçant à l’ancien ministre d’Etat au sein du Rdpc dans son ethnie peuhle ou en dehors d’elle. Si l’ancien Premier ministre Sadou Hayatou qui vient de prendre sa retraite de directeur national de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Béac) n’était pas diminué physiquement par les maladies, il pouvait bien faire l’affaire. Il a une longue carrière politique qui lui aurait permis de faire oublier Marafa auprès des populations. Son frère cadet, le lamido et secrétaire d’Etat Garga Alim Hayatou peut-il jouer son rôle ? Apparemment, Paul Biya n’a pas jeté son dévolu sur lui. Qui alors ? On parle de Bayero Fadil, président du richissime groupe d’affaires familial Fadil, président du conseil d’administration de l’agence national de la norme (Anor). Et parfois de Haman Adama qui espère ainsi sortir de prison. Ce sont toutes là des personnalités bien connues du Rdpc, mais d’autres non moins connues sont en embuscade. Seulement le remplaçant de Marafa doit occuper une bonne situation sociale et surtout avoir de l’argent pour se constituer une nombreuse cour composée de partisans de tout poil. Il doit aussi être quelqu’un capable de donner du travail aux gens et de faire nommer à des postes de responsabilités les enfants du Nord de la Bénoué et même au-delà.


III- Les sénatoriales avant les législatives et les municipales

C’est dans la perspective que le Rdpc peut perdre des communes dans le Grand Nord à cause de Marafa que Paul Biya s’apprête à organiser les sénatoriales au premier trimestre 2013. Aujourd’hui le Rdpc est largement majoritaire à la tête des mairies dans le Grand Nord et selon la constitution du 18 janvier 1996, ce son les conseillers municipaux qui vont élire 70 des 100 sénateurs, les 30 autres étant nommés par le président de la République. En effet, la révision constitutionnelle du 14 avril 2008 stipule en sont article 67. (1) (nouveau) : Au cas où la mise en place du sénat intervient avant celle des régions, le collège électoral pour l’élection des sénateurs est composé exclusivement des conseillers municipaux.» Or c’est la situation qui prévaut actuellement où les régions n’ont pas encore été mises en place. Mais l’autre raison et peut-être la plus fondamentale est que Paul Biya a peur de voir un originaire du Grand Nord à la tête du Sénat, compte tenu du rôle que cet organe sera amené à jouer.

La loi n° 2008/001 du 14 avril 2008 cité plus haut stipule en son article 6 (4) (nouveau) : En cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, de démission ou d’empêchement définitif constaté par le conseil constitutionnel, le scrutin pour l’élection du nouveau président de la République doit impérativement avoir lieu vingt (20) jours au moins et cent vingt (120) jours au plus après l’ouverture de la vacance. L’intérim du président de la République est exercé de plein droit, jusqu’à l’élection du nouveau président de la République, par le président du sénat… » Et comme le Grand Nord revendique ce poste, Paul Biya a trouvé le moyen de lui couper l’herbe sous le pied en organisant les sénatoriales avant les législatives et les municipales. Ainsi donc, Cavayée Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale originaire du Grand Nord ne pourra pas prétendre au fauteuil de président du sénat. Ce qui va donner la latitude à Paul Biya de nommer à la présidence du Sénat un Anglophone du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest ou un originaire de l’Ouest.


Le bureau politique du Rdpc perd un membre

Avec sa condamnation à 25 ans de prison, Marafa Hamidou Yaya qui était l’un des 23 membres (20 élus et 3 désignés) du bureau politique du parti au pouvoir perd automatiquement cette qualité et il devrait être remplacé par une autre personnalité de la région du Nord pour respecter les quotas car le lamido Aboubakary Abdoulaye reste le seul représentant du Nord parmi les 20 membres élus de ce bureau dont faisait partie Marafa. Qui pourra donc remplacer Marafa Hamidou Yaya pour le compte de la région du Nord ? Peut-être la personnalité qui va le remplacer dans le rôle qu’il jouait comme parrain ou mentor de l’élite de cette région.


IV- Des actes de déstabilisation et des organisations clandestines

La publication de nouvelles lettres


Marafa n’est pas homme à s’avouer vaincu, il l’a bien dit au sortir du verdict: «Je suis déçu mais par vaincu». Cela veut dire que pour l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, la lutte va continuer par d’autres moyens que ceux de la justice, du terrain judiciaire. On lui prête d’ailleurs beaucoup d’intentions vraies ou fausses. On dit qu’il aurait des groupes armés dans certains pays arabes prêts à fondre sur le Cameroun pour déstabiliser le régime du président Biya. N’a-t-on pas dit cela hier de Polycarpe Abah Abah, ancien ministres des Finances qu’il avait suffisamment d’argent pour entretenir une rébellion armée au Cameroun pendant 20 ans, mais jusqu’à ce jour, on n’a rien vu. D’aucuns parlent du groupe terroriste nigérian Boko Haram qui serait prêt à foncer au Cameroun à travers l’Etat nord nigérian du Gongola limitrophe de la région camerounaise de l’Extrême-Nord. On parle également de la constitution de groupes clandestins d’obédience marafiste qui pourraient perpétrer des opérations de sabotage sur l’ensemble du territoire national. Des opérations de sabotage économique et autres. Attendons de voir. Il n’est pas également exclu que Marafa reprenne la publication de ses lettres avec des révélations sur le chef de l’Etat.


Verdict - Affaire Marafa, Fotso et Cie - Victor Fotso sera-t-il encore avec Paul Biya?

Victor Fotso sera-t-il encore avec Paul Biya?


Yves Michel Fotso est l’un des fils préférés du richissime homme d’affaires Victor Fotso maire de Bandjoun, membre du Comité central du Rdpc où il a investi une bonne partie de son immense fortune. L’octogénaire a beaucoup fait pour Ahmadou Ahidjo et pour l’actuel chef de l’Etat Paul Biya qui laisse son fils aller en prison sans lever le petit doigt. La dernière fois, il a mis beaucoup d’argent, on parle de 500 millions de francs pour financier la campagne présidentielle de Paul Biya. Victor Fotso a la capacité et les moyens, son fils Yves Michel Fotso également, de rembourser les 21 milliards détournés et l’amende d’un milliard exigé par le tribunal. 21 milliards, c’est une broutille pour le milliardaire de Bandjoun qui aurait un chiffre d’affaires annuel estimé à 500 milliards de francs.

N’avait-il pas déclaré en substance il y a quelques années, avant l’arrestation de son fils: «Qu’est-ce que Mbiya veut? Qu’il laisse mon fis tranquille, s’il veut un avion, je vais lui acheter l’avion même si c’est 30 milliards…» Ces propos ont été effectivement tenus par le magnat chez lui à Bandjoun, seulement, Paul Biya vient de lui fausser compagnie. Le chef de l’Etat met le vieux Fotso dans une situation très délicate. En effet, les Bandjounais en général et la famille Fotso en particulier ne peuvent pas comprendre comment est-ce que compte tenu de sa proximité d’avec Paul Biya qu’il n’ait pas réussi à tirer son fils du pétrin? Ce qui est sûr, c’est que des idées sont en train de bouillonner dans la tête de Fotso père, lui qui venait de rendre visite à son fils il y a quelques jours dans sa prison du secrétariat d’Etat à la Défense. Va-t-il chercher à rencontrer personnellement Paul Biya ? Nous le saurons les jours qui viennent.


Marafa comme Titus Edzoa: le système Biya broie

Tous ceux qui ont lorgné le fauteuil de Paul Biya ont écopé de peines de prison suffisamment longues pour que, soit qu’ils meurent en prison, soit qu’ils en sortent totalement impotents à leur sortie ou alors qu’à leur sortie ils trouvent que Biya n’est plus au pouvoir. Le professeur Titus Edzoa avait écopé de 15 ans de prison en 1997, seulement si le chirurgien émérite sort de taule cette année (ce qui n’est pas évident) il va trouver Biya encore bien assis sur son trône pendant quelques années. Or Paul Biya ne veut pas de cela, connaissant le degré de nuisance du professeur de par ses connaissances mystiques, il n’est pas bon pour lui qu’il sorte de prison, d’où d’autres procès en vue. Et c’est ce qui est en train de se passer pour Marafa Hamidou Yaya. L’ancien ministre d’Etat est âgé de 60 ans et quand on y ajoute 25 ans de prison, cela fait qu’il pourrait sortir de taule, s’il survit aux conditions carcérales et autres, à l’âge vénérable de 85 ans et Paul Biya s’il serait encore en vie… 104 ans. Quand Titus Edzoa est allé en prison en 1997, il avait 52 ans et aujourd’hui il en a 67 ans et le chef de l’Etat estime qu’il est encore trop jeune pour en sortir. Comment seront les jours qui viennent? Nous n’en savons rien. Croisons tout simplement les doigts et attendons! 

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