Cameroun - Transports. Transport Aérien – Echec aux grandes Ambitions: Comment Paul Biya a décidé de couler Camair-Co

Bounya Lottin | Aurore Plus Lundi le 20 Février 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
En dépit des grandes proclamations du discours officiel sur les grandes ambitions, le Chef de l'Etat camerounais ne prend pas la mesure de ses promesses et ne se donne pas les moyens de ses grandes réalisations. La preuve par la Camai-Co

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Paul Biya veut-il d'une compagnie de transport aérien qui marche? A la question, tous les doutes sont permis. A Yaoundé, dans certains-milieux, on s'est fait la religion: Paul Biya a délibérément laissé mourir la Cameroon Airlines parce que la compagnie renvoyait un peu trop l'image d'Ahmadou Ahidjo. En seulement dix ans de pouvoir, avec les seules ressources du cacao et du café (le pétrole n'était pas encore à l'ordre des recettes de l'Etat), le premier Président Camerounais avait réussi à mettre sur pied une compagnie aérienne avec des dirigeants et des pilotes camerounais parmi lesquels un certain, Jean-Louis Angounou. Vingt ans après, la Cameroon Airlines a pu faire des bénefs, même si elle a fini, trente ans après, avec un déficit de 55 milliards F Cfa. Mais au moins, en 1982, Cameroon Airlines avait au moins quatre gros avions en propriété dans la flotte, dont le 747-Combi de toutes les convoitises internationales. Par contre, la Camair-Co en à peine un an d'exploitation, a réussi l'exploit d'organiser-un déficit du même montant.

Vingt ans après le départ d'Ahidjo, on est rendu en 2002, le Cameroun n'a plus de compagnie aérienne. Et même pas un seul aéronef sous son pavillon. On a cassé le 747-Combi, quelques malins de la République ont empoché l'argent versé par les assureurs de la Lloyds. 34 milliards de FCFA en tout. Il nous restait deux Boeing 737-200, Cyrille Etoundi les a vendus pour moins de trois milliards. Pour louer un autre appareil plus vieux et de même type à un certain Yves Michel Fotso pour 4,5 milliards par mois et pour 280 heures de vol facultatives.

Le gouvernement a pourtant eu l'Occasion de sauver la Cameroon Airlines sous Cyrille Etoundi, alors qu'il avait reçu des recettes exceptionnelles de 12 milliards. L'argent provenait des actions Equant, on se l'est partagé à Yaoundé. Et on a oublié de sauver l'essentiel. On a pu aussi se rattraper avec Michel Fotso qui a suscité tous les espoirs, on s'est planté. On a commis l'erreur de nommer Dakayi Kamga à la tête de la compagnie, c'était administrer de la pilule Dupuis à un malade qui fait déjà la diarrhée. On a achevé le tableau avec Ngamo Hamani, l'administrateur directeur général chargé de la scission-liquidation, qui a fini le tableau avec un trou de 120 milliards de FCFA en seulement trois ans. Il a tellement bien «liquidé» que l’actuel liquidateur ne réalisera jamais l'actif pour couvrir le passif.

En tout, on a nommé cinq camerounais à la Cameroon Airlines, Samuel Minko, PDG de Camair le matin, PDG de Camrail à midi, maire de Kribi le soir, grand bringueur une fois la nuit tombée. Samuel Minko n'est pas un surdoué. C'est la faute de Paul Biya d'avoir nommé un homme ordinaire, qui n'a que 24 heures comme tout le monde, à des postes aussi délicats et névralgiques. Conséquence, la preuve que Samuel Minko avait commencé à débloquer, à force de se surmener, il instruisait les comptables de la Cameroon Airlines d'inscrire les 750 mille dollars payés aux Sud-Africains pour le check d'un 737 dans la rubrique des «immobilisations» dans le bilan de la compagnie.

Après Minko, on va nommer Cyrille Etoundi, un filleul de Damase Ombga, le milliardaire de Nsimalen. Suivront tous les autres, Michel Fotso, le fils de l'ami personnel, Dakayi Kamga l'ami du clan, et Ngamo Hamani, le suppôt de Polycarpe Abah Abah. Ces cinq cadres camerounais, tous réputés brillants, centralien, deux fois MBA (discutable...), Enam (peu convaincant...), ont réussi l'exploit de couler la Cameroon Airlines. C'est probablement et forcément la raison pour laquelle Paul Biya a décidé qu'il ne nommera plus de Camerounais pour gérer la compagnie aérienne nationale. Mais là-dessus, Paul Biya va se laisser induire en erreur. Quelqu'un à la Présidence de la République lui a fait signer un décret créant la nouvelle compagnie Camair-Co. On a réussi le tour de force de le convaincre qu'il n'y avait au Cameroun aucun cadre compétent pour diriger la nouvelle compagnie qu'on venait de créer. On lui impose Alex Van Elk, un Néerlandais qui a tous les talents surfaits, mais pas les bons états de service. Au Nigeria d'où il est parti pour atterrir au Cameroun, dans les bagages en soute de Lazare Essimi Menye, ministre des finances, il a la réputation d'être un incompétent notoire. Au point que les Nigérians de Air Nigeria en sont à narguer et à insulter les Camerounais : «vous recrutez un crétin que nous avons chassé de chez nous pour gérer voire compagnie?»

Il n’y a pas que des sanctions d’incompétence. Alex Van Elk serait aussi sous le coup d'une petite d'affaire de mœurs au Nigeria. C'est la raison pour laquelle il n'ouvrira jamais des liaisons sur ou avec le Nigeria. Au Cameroun, on ne s'explique donc pas que la compagnie aérienne nationale qui doit avoir de grandes ambitions stratégiques n'attaque pas le plus gros marché de la sous-région, le marché nigérian. Alex Val Elk ne prendra jamais le risque de se balader au Nigeria pour y négocier quelque accord de trafic. Il pourrait finir au gnouf. La Camair-Co va être condamnée à gérer ses déficits d'exploitation alors que les opportunités d'affaires sont tout à côté, à portée de main.


Alex Van Elk, le mauvais choix stratégique pour le Cameroun.

A défaut de trouver un Camerounais à même de gérer la Camair-Co, le gouvernement de Paul Biya va commettre une monstrueuse erreur stratégique. Alex van-Elk est néerlandais. Les Renseignements généraux au Cameroun ont mal fonctionné.

Personne à la DGRE n'a eu l'intelligence de signaler que le consortium KLM (hollandais) d'Air France est le meilleur adversaire, sous le ciel africain, des compagnies nationales sous-régionales. La France n'a jamais voulu qu'un pays africain de sa colonie ait une compagnie aérienne nationale. En nommant un directeur général néerlandais, on a recruté un ennemi dans la maison. Et Alex Van Elk, un agent d'?? de la néocoloniale de l'aviation civile, a trouvé le moyen d'organiser la faillite de la Camair-Co alors qu'il se fait du beurre sur le dos des Camerounais. Et pour les entuber par-dessus le marché. Tous les pilotes, les cadres et les personnels de bord sont recrutés par les soins du cabinet d'un ???.

Les pilotes camerounais, des cracks formés à grands frais par l'Etat, ne sont pas autorisés à voler sur les «avions de Van Elk». Les stewards et les hôtesses de l'air sont recrutés en Jamaïque ou en Hollande. Les filles camerounaises ont cessé d'être belles. Avec la bénédiction de Paul Biya.

Paul Biya a signé un décret qui dit que la Camair-Co ne reprendra pas un seul actif de la Cameroon Airlines. On se demande pourquoi Paul Biya a choisi de ne pas reverser les actifs sains de la Cameroon Airlines à Camair-Co. Conséquence, la nouvelle compagnie, avec équilibre financier fragile, doit louer des bureaux au PMUC alors que le siège de la Cameroon Airlines à Bonanjo n'est pas utilisé.

Les pilotes camerounais ne volent pas. Ils sont pourtant qualifiés, et l'Etat, c'est-à-dire le contribuable a payé lourdement pour leur formation. On leur préfère les pilotes recrutés par Matthijs Boerten, le directeur des Opérations de l'équipe à Van Elk. La dizaine de cadres expatriés recrutés pour travailler à Douala coûte chacun 850 mille francs par jours. Et pendant ce temps, l'exploitation affiche un déficit de 15 milliards de FCFA. Le contribuable camerounais va encore devoir payer.

C'est la traduction des grandes ambitions de Paul Biya: une logique de la cassation du sous-développement, la voie qui ne Mènera jamais le Cameroun à l’émergence, même dans cent ans.

 

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