Cameroun - Economie. Tony Smith: « Le départ de Cdiscount du Cameroun était prévisible »

Frégist Bertrand Tchouta | La Nouvelle Expression Vendredi le 29 Juillet 2016 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Ce n’est pas tous les jours que ses analyses sur le marché global des TIC au Cameroun se retrouvent dans les journaux.

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 L’ex-Chef de projets chez Microsoft (entre 2009 et 2011), et désormais Founder president and CEO de Limitless innovation released, une entreprise spécialisée dans la conception des logiciels, des smartphones et des tablettes, consacre la majeure partie de son temps à chercher les solutions innovantes pour répondre aux besoins du marché très concurrentiel des appareils High Tech. Ce Camerounais, considéré comme faisant partie des 100 jeunes dirigeants africains de moins de 40 les plus influents du monde par l’Institut indépendant Choiseul 100 Africa, a, le temps d’une pause, accepté d’analyser le marché camerounais du commerce électronique. L’opportunité de cette interview n’est pas innocente. Alors que le géant français Cdiscount, l’un des leaders mondiaux quitte le Cameroun, celui qui dit avoir vendu une division de Limitless à 10 millions de dollars (un peu plus de 5 milliards de FCFA), se prépare à entrer sur le marché camerounais du e-Commerce, avec un produit adapté au Cameroun, et annoncé comme pouvant employer 20 000 camerounais. Dans cet entretien avec La Nouvelle Expression, il analyse la spécificité du marché camerounais, et présente les faiblesses des entreprises qui tentent de vendre des produits en utilisant l’Internet et le téléphone mobile. De même qu’il annonce en partie, comment il espère gagner la bataille dans ce qui est désormais considéré comme la jungle du e-Commerce au Cameroun.

 

 

 

L’actualité récente dans le marché de l’e-Commerce au Cameroun c’est le départ de Cdiscount, l’un des leaders mondiaux. Le groupe français en se retirant, a pointé du doigt les difficultés du terrain : La douane, la contrefaçon. Comment avez-vous accueilli cette information ?

 

Le départ de Cdiscount du Cameroun était prévisible, vu leur mode opérationnel. Ce départ aurait pu être évité, s'il avait adopté un positionnement qui s'adaptait au besoin de leurs clientèles. Cdiscount bénéficiait déjà de la notoriété de ses surfaces physiques. Notamment Casino où la majorité de la classe moyenne faisait fréquemment ses achats. Il est donc clair qu’il y a eu des erreurs de stratégie dès le départ qui ont faussé leur développement sur le marché Camerounais. La logique du e-commerce dans un marché encore jeune est de commencer doucement et de contrôler le stock afin de garantir les trois facteurs qui sont : Le mode d'achat, les options de paiement, et de livraison rapide.

 

Pensez-vous, comme Cdiscount, que le Cameroun soit un marché compliqué pour l’e-Commerce ?

 

Le e-commerce n’est pas compliqué dans sa généralité au Cameroun, tout dépend du plan de déploiement et aussi la cible géographique. L’e-commerce au Cameroun est similaire au secteur des télécommunications qui fait son plus gros chiffre dans les zones urbaines telle que la ville de Douala qui offre un avantage unique en termes de densité de sa population (environ 8 million de personne concentrées dans une ville de 100 km2), et qui fait du point A au point B (les points les plus éloignés de la ville) environ 10 kms, ce qui permet le déploiement de stratégies de livraison des produits e-commerce en moins de 3 heures. Douala offre aussi un atout qui est la disponibilité de tous les stocks des produits importés au Cameroun, permettant aux opérateurs e-commerce de s'approvisionner localement.

 

C’est ce que fait Jumia, par  exemple. Mais pourquoi ça n’a pas marché avec Cdiscount ?

 

Avec tous ces avantages aucun acteur n’a réussi à développer une activité soutenue, ceci à cause du manque de stratégies de marketing et aussi de positionnement. En dehors du fait que le Cameroun n’a pas un plan urbain bien défini, un system postal, un plan d'adressage et de cartographie qui fonctionne et qui représente ses faiblesses, les opérateurs de e-commerce sont en partie la cause. Car ils ont adopté un mauvais positionnement qui est de faire la commission sur les produits vendus. Ceci a pour résultat la non-adoption du e-commerce puisque les produits proposés sont x-fois plus chers qu’en surface physique.

 

D’après les chiffres, l’e-Commerce ne représente que moins de 5% du marché. Quel regard jetez-vous sur l’e-Commerce au Cameroun ?

 

Il est encore difficile de quantifier les parts de marché du e-commerce au Cameroun. L’e-commerce actuellement se résume plus à vendre des produits en ligne, ou à faire de grosses marges en pourcentage de commissions dans les ventes. Et pourtant l’e-commerce devrait soutenir le développement des industries verticales, notamment la Fin-Tech et la Logistique. A mon avis l’e-commerce au Cameroun est loin derrière les 5% estimés. Et a encore du chemin, car les bonnes pratiques ne sont pas en place, notamment le contrôle qualité et authenticité, la compétition sur les prix avec les surfaces physiques, les délais de livraison, et l’optimisation des coûts opérationnels et infrastructurels, ainsi que les stratégies marketing pour l’incitation à l’éducation et l’adoption de la convenance d’achat distant.

 

Vous êtes un acteur du marché du e-commerce au Cameroun. Vous avez annoncé le lancement de plusieurs projets portant sur l’e-Commerce. Où en est-on ?

 

Nous sommes dans l’aire de la digitalisation des services, et pour suivre le vent de l’innovation, nous avons tablé sur unification de nos activités sur un seul écosystème qui proposera tous nos produits et services. Le lancement de notre site e-commerce est imminent, environ 1000 personnes testent actuellement la plateforme en version beta. Nous avons fait beaucoup d’investissements afin de garantir à nos clients la livraison partout dans la ville de Douala et ainsi qu’un moyen de paiement simple. Nous vous tiendrons informés du développement et du lancement de ces services.

 

Avez-vous pris en compte les difficultés rencontrées par les entreprises comme Cdiscount ?

 

Cdiscount a adopté la mauvaise stratégie sur le marché Camerounais. Et son positionnement n’était pas adapté aux besoins locaux. Compte tenu des erreurs commisses par Cdiscount nous avons défini une check-list de prérequis pour valider un quelconque développement de nos activités sur les métropoles du Cameroun et d’Afrique. La stratégie que nous avons définie répond très précisément aux critères nécessaires pour supporter le développement de cette industrie. Notamment, la convenance et la flexibilité d’achat en ligne, le mode de paiement et la livraison.

 

Quel est, selon vous, la condition pour que le marché de l’e-Commerce camerounais devienne prospère ?

 

Le e-commerce devrait être considéré comme une commodité ou encore une option de convenance pour le client, mais en capitalisant dans les segments tels que le paiement et la livraison. Pour que l’e-commerce devienne prospère, il faudrait d’avantage investir dans des solutions concrètes qui faciliteront et garantiront la livraison sous 2 heures a un coût insignifiant. Ceci apportera ce niveau de convenance qui aidera à rivaliser avec la vente en surface physique.

Entretien mené par Frégist Bertrand Tchouta

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