Transport. Taxis et policiers:“les meilleurs ennemis”

Jules Romuald Nkonlak Jeudi le 20 Janvier 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Complicité et conflits. Entre chauffeurs et forces de l’ordre, les relations n’ont jamais été stables.

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Un large sourire aux lèvres, le taxi qui vient de déborder un groupe de véhicules à un carrefour s’écrie : «Ils ne peuvent plus rien faire. Même pas siffler, ils doivent juste faire des signes». Il a jeté un coup d’œil furtif à l’agent de police qui, à grands gestes, essaie de réguler la circulation au carrefour Nkolbikok, à l’entrée de la Cité verte à Yaoundé.

Plus de contrôle des pièces exigées aux taxis, «plus de tracasseries policières», comme l’affirme Joseph Deudie, le président du Syndicat national des conducteurs professionnels des taxis du Cameroun (Synacprotcam).
Si les taxis se réjouissent de cette mesure, du côté de certains citoyens, on s’inquiète de la montée de l’incivisme. Depuis que les contrôles de police ont été supprimés, les taximen ne respectent plus le code de la route, a constaté Martin Mbarga Nguélé, qui a initié une rencontre avec les chauffeurs, propriétaires et responsables des syndicats de taxis le 13 janvier dernier.

Au dessus de la loi

 « Il m’a été rapporté que depuis la suppression des contrôles de police, beaucoup d’entre vous ne respectent plus les policiers. Ils se considèrent comme au dessus de la loi. Il y en a même qui vont jusqu’à cravater les policiers en disant que le Dgsn a dit que vous ne devez plus nous embêter. Non, c’est l’anarchie ! Il ne s’agit pas de cela », a déclaré le délégué général à la Sûreté nationale.

«Nous avons pris l’engagement d’amener les taximen à payer les pièces officielles et à respecter les forces de maintien de l’ordre», réagit Patrice Samen, le président du syndicat national des conducteurs des transporteurs interurbain du Cameroun.
Une vraie révolution donc dans la longue histoire des relations entre taxis et agents de police. Les deux groupes sont en effet liés depuis longtemps dans leurs activités professionnelles. Alors que les taxis circulent à longueur de journée dans les rues des villes, les agents de police sont chargés d’encadrer l’activité, de s’assurer du respect du code de la route et, jusqu’à récemment encore, de la possession des documents nécessaires à l’exercice de l’activité.

C’est bien vite devenu un secret de polichinelle : les taxis servaient, pour certains agents de police véreux, de vaches à lait. D’où l’installation, dans le langage courant, d’une expression comme «mange mille», en référence à l’argent que les taxis remettaient aux policiers pour continuer tranquillement leur route lorsqu’ils étaient pris en infraction. La relation entre policiers et taximen s’est même imposée comme l’une des principales illustrations de l’état de la corruption au Cameroun, commise désormais en plein air.

Décembre 2010. Un taxi est surpris en train d’embarquer des passagers bien avant la zone réservée, au niveau du parc Charles Atangana. L’agent de police, une dame, vient à lui. Elle ne dit aucun mot, mais le conducteur du véhicule, souriant, lui remet des papiers dans lesquels il a glissé un billet de 500 FCfa. La dame retire l’argent, le remet au conducteur et garde le dossier. Notre taxi est tombé sur une qui ne veut pas se laisser corrompre. Dans le véhicule, des passagers lui reprochent sa conduite. On lui reproche de n’avoir pas respecté les règles, mais surtout d’avoir tenté de corrompre l’agent. Mais, lui, maintient qu’il n y a rien d’autre à faire pour éviter les ennuis avec la police que verser des pots-de-vin. Personne ne parviendra à lui faire entendre raison.

Plaintes

Au bout de la discussion, on va juste tirer la conclusion selon laquelle, pour les taxis, la corruption des agents de police chargés de la circulation faisait désormais partie de l’activité lorsque l’on avait un véhicule défectueux, des papiers incomplets, ou encore lorsque l’on était surpris avec des passagers en surcharge.
Pourtant, au niveau de la division chargée du contrôle des services à la Délégation générale à la Sûreté  nationale, des plaintes ont été enregistrées contre des policiers. Elles provenaient de taxis qui se sont dit arnaqués ou abusés par des policiers. Certains d’entre eux ont même eu gain de cause.

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