Cameroun - Energie. Subventions des carburants: Le Cameroun et le Fmi à couteaux tirés

Alain NOAH AWANA | Le Messager Mercredi le 15 Mai 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’institution de Bretton Woods insiste sur la nécessité pour le Cameroun de lever les subventions des prix des carburants à la pompe, les dirigeants camerounais résistent à la pression.

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Les relations entre le Cameroun et le Fonds monétaire international sont tendues. C’est le moins que l’on puisse dire au regard du déroulement de la mission statutaire du Fmi depuis la fin de la semaine dernière. Le pic de la tension a été observé hier, mardi 14 mai 2013 à Yaoundé. Le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey rencontrait, avec d’autres personnalités, les membres de la délégation du Fmi. En principe, une conférence de presse devait avoir lieu immédiatement après cette rencontre. Mais, il n’en a pas été ainsi. « Certainement pour éviter les questions qui fâchent », a-t-on commenté au sein de la presse. Les représentants du Fmi sont plutôt allés directement à l’Immeuble Etoile, où ils ont rencontré Philémon Yang pendant près de deux heures.

Aucune information, de manière officielle, n’a été rendue publique au sujet des deux rencontres du jour. Mais, de sources concordantes, il ressort que le point d’achoppement entre les deux parties concerne la subvention des prix des carburants à la pompe. Depuis de longs mois, le Fmi et la Banque mondiale préconisent que les autorités camerounaises revoient cette politique de subventions, dans la mesure où elle n’atteindrait pas les objectifs visés. Depuis 2008, le Cameroun a décidé de « geler » ces prix et de les maintenir à un « niveau abordable », de manière à éviter les inflations dans le transport et autres coûts induits. Au bout de 5 ans, on estime à plus de 1 000 milliards Fcfa les dépenses de l’Etat pour y parvenir. Ce qui fait dire au Fmi que ces dépenses sont inopportunes et qu’il faudrait plutôt les utiliser pour mettre en place des « filets sociaux » qui permettraient plutôt de réduire de manière considérable le taux de pauvreté dans le pays.


Option non envisageable

Dans son rapport de mai 2013 sur les perspectives économiques en Afrique au sud du Sahara, présenté le 11 mai 2013, le Fmi est revenu sur cette question. Estimant que les subventions énergétiques de la région sont coûteuses et empêchent la réalisation de dépenses sur des projets sociaux et d’infrastructures dont ces pays ont pourtant besoin. Seulement, au Cameroun, le gouvernement ne semble pas encore prêt à engager cette option. L’année dernière déjà, un vif débat avait été soulevé au sein de la société lorsque les autorités avaient émis l’idée de la levée de ces subventions, ce qui aurait entraîné une augmentation drastique des prix. Mais, la réaction de l’ensemble de la société, hostile à une probable hausse, avait fait que l’Etat revoie ses « ambitions ».

Les raisons d’un tel revirement sont, à en croire beaucoup d’observateurs, plus politiques qu’économiques. En effet, les pouvoirs publics camerounais craignent qu’une augmentation brusque des prix des carburants à la pompe n’entraine d’autres soulèvements populaires comme ceux de février 2008 où le pouvoir en place s’était senti fragilisé. Raison pour laquelle, selon une source au ministère des Finances, on aurait demandé au Fmi de « patienter » encore avant de revoir cette éventualité. On se souvient par ailleurs qu’une mission conjointe Minfi – Csph (Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures) avait séjourné au Sénégal pour tirer l’expérience de ce pays en matière de levée des subventions. Et en fait, l’Etat du Cameroun soupèse toutes les possibilités, avant de trancher définitivement sur la question. D’où l’impatience, et même l’exaspération du Fmi. Les négociations restent à suivre…

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