Sénégal. Sénégal: nouveaux incidents à Dakar, Youssou Ndour blessé lors d'échauffourées

AFP Mercredi le 22 Février 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
DAKAR (AFP) - (AFP) - De nouvelles violences se sont produites mardi soir à Dakar entre policiers et opposants rassemblés notamment autour du chanteur Youssou Ndour, qui a été blessé à une jambe, pour exiger le retrait de la candidature du président Abdoulaye Wade à l'élection présidentielle de dimanche.

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Dans la soirée, la mission d'observation électorale de l'Union européenne (UE) au Sénégal a appelé "à l'arrêt des violences" ayant marqué la répression de manifestations d'opposants, interdites par les autorités, en souhaitant que "la libre réunion électorale" soit garantie.

Les violences ont éclaté dans le centre-ville lorsque, juché sur le toit d'une voiture, Youssou Ndour, farouche opposant au président Wade, s'est approché très près d'un cordon de policiers anti-émeutes qui l'empêchaient d'accéder à la Place de l'Indépendance où était prévu un rassemblement d'opposants interdit par les autorités.

Des pierres sont alors parties depuis la foule qui entourait son véhicule en direction de la police, qui a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes.

Youssou Ndour a très rapidement quitté les lieux après le début de la dispersion de la police. Un journaliste de l'AFP a vu une personne, évacuée par des secouristes, blessée à la jambe.
© AFP Un manifestant sénégalais demande le retrait de la candidature de Wade, à Dakar le 21 février 2012
© AFP Issouf Sanogo

 "Dans le feu de l'action", le chanteur "a été blessé à la jambe gauche, il a été examiné par un médecin, mais il ne souhaite pas en faire une affaire d'Etat", a déclaré Charles Faye, son conseiller en communication, qui n'a pas souhaité préciser le type de projectile l'ayant touché et décliné tout autre commentaire.

Après la dispersion, des jeunes se sont éparpillés par petits groupes dans des rues adjacentes, où des barricades de fortune ont commencé à être érigées et incendiées.

Près d'un millier de personnes étaient sur une avenue pour tenter d'accéder sur la Place de l'Indépendance, rassemblés autour de Youssou Ndour, mais également de trois autres opposants et candidats à la présidence: Idrissa Seck, ex-Premier ministre de M. Wade, Ibrahima Fall et Cheikh Bamba Dièye.

Pendant près de deux heures, les manifestants, face aux policiers, ont scandé des slogans et chanté des refrains d'une chanson hostile au président Wade.
© AFP Affrontements entre police et manifestants le 21 février 2012 à Dakar
© AFP Issouf Sanogo

Youssou Ndour et les trois opposants candidats sont tous membres du Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile réclamant le retrait de la course de M. Wade, élu en 2000 et réélu en 2007.

 Le M23 avait une nouvelle fois appelé à une manifestation Place de l'Indépendance, ce qu'il entend faire tous les jours jusqu'à vendredi. De précédents appels à s'y rassembler avaient déjà entraîné des violences entre manifestants, en grande partie des jeunes, et les forces de l'ordre.

C'est dans ce climat tendu que l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo est arrivé à Dakar comme chef de la mission des observateurs de l'Union africaine (UA) pour la présidentielle. Il a déclaré que "si nécessaire", il ne sera pas qu'un simple observateur "en raison de la situation sur le terrain".

"Nous l'attendons à bras ouverts", avait auparavant affirmé Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole de la présidence. S'il "profite" de sa présence "pour discuter avec les uns et les autres, nous sommes ouverts, mais restons fermes sur certains principes", en particulier sur le non-report du scrutin.

M. Obasanjo avait été contraint en 2006 de renoncer à un troisième mandat à la tête du Nigeria sous la pression de l'opposition et de pairs africains dont M. Wade. "Si le président Wade m'a conseillé de ne pas me présenter à un troisième mandat, ce que je n'ai pas fait, il est sans doute le mieux placé pour se conseiller lui-même", a dit M. Obasanjo.

Depuis fin janvier, des échauffourées se sont régulièrement produites à Dakar, sa banlieue et en province lors de manifestations contre un nouveau mandat de M. Wade.

Les violences ont fait au total six morts depuis la validation de sa candidature, le 27 janvier, selon des sources concordantes. Deux ONG sénégalaises de défense des droits de l'Homme ont évoqué "neuf morts et des dizaines de blessés" pendant cette période, une autre a appelé à "agir immédiatement pour mettre un terme à la violence d'Etat".

 Dans un communiqué, la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (MOE UE) a déploré tout recours à la violence "tant par les forces de l'ordre que par les manifestants" et appelé "à l'arrêt des violences et au respect du caractère pacifique que devrait revêtir tout débat politique démocratique".


Sénégal: Y'en a marre bouscule la donne dans le combat démocratique

DAKAR (AFP) - (AFP) - Le mouvement Y'en a marre, créé il y a treize mois par des rappeurs pour exprimer "le ras-le-bol" au Sénégal, a bousculé partis et syndicats en devenant le fer de lance du combat pour pousser le président Abdoulaye Wade à renoncer à briguer un troisième mandat.

"Nous voulons faire une révolution démocratique au Sénégal, en changeant les choses par le vote", déclare Fadel Barro, journaliste et coordonnateur du mouvement créé par un groupe d'amis.

A l'approche de la présidentielle de dimanche, le mouvement qui possède une forte capacité de mobilisation a multiplié les initiatives contre la candidature de M. Wade, 85 ans, élu une première fois en 2000, réélu en 2007 pour cinq ans et qui se représente pour un nouveau mandat de sept ans.

"Wade doit déclarer qu'il n'est pas candidat pour sortir par la grande porte. La Constitution et son âge ne lui permettent pas de se présenter", selon le rappeur Cyrill Touré dit "Thiat", un de ses dirigeants.

La dernière chanson des rappeurs du mouvement est intitulée "Faux! Pas forcé", un jeu de mots pour appeler M. Wade à éviter de "forcer" pour être candidat, "un faux pas" qui ferait trébucher le Sénégal, selon ses auteurs.

Les violences préélectorales ont fait au moins six morts sepuis fin janvienr, des dizaines de blessés et d'arrestations.


Les prises de position de Y'en a marre valent à ses responsables "harcèlement, intimidation, tentatives de corruption de l'autorité qui veut casser le mouvement", note Fadel Barro.

Sept de ses membres, dont les rappeurs Simon et Kilifeu, devaient ainsi être jugés mercredi pour "participation à une manifestation interdite".

Ils avaient été arrêtés le 16 février à Dakar par la police qui avait alors empêché le mouvement d'organiser l'opération Fanaan (veillée en langue wolof), un sit-in permanent interdit contre la candidature de M. Wade, que le ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom, a assimilé à "un délit de vagabondage".

"Pacifique et laïque"

Le 16 janvier 2011, quand le mouvement a été créé, "il y avait 20 heures de coupures d'électricité" par jour à Dakar, rappelle Fadel Barro. "Nous avons dit qu'il fallait faire quelque chose. Le mouvement a été porté par des rappeurs du groupe Keur Gui qui avaient un passé dans la contestation" des pouvoirs.

Y'en a marre, qui se veut "volontaire, pacifique, laïque et indépendant des partis", mobilise une large population, la jeunesse surtout qui se reconnaît dans ses appels à "changer le système et s'occuper des préoccupations des Sénégalais", selon M. Barro.

L'opposant Ibrahima Sène le voit comme "l'expression d'un ras-le-bol" d'une jenesse délaissée, sans travail, sans perspective d'avenir.


Depuis, Y en a marre s'est ancré dans le Mouvement du 23 juin, coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile, qui tire son nom de cette journée de 2011 où les manifestations ont contraint M. Wade à retirer le texte qui devait permettre d'élire président et vice-président avec 25% des voix.

"Thiat" reproche au président sa "gestion gabegique", de s'être détourné des préoccupations des Sénégalais pour avoir, par exemple, "préféré changer les moteurs de son avion à la place de ceux du navire Le Joola", qui assurait la desserte Dakar-Ziguinchor et dont le naufrage en septembre 2002 a fait près de 1.900 morts.

"Le combat ne s'arrête pas en 2012", dit-il, car Y'en a marre veut sensibiliser pour voir éclore un "nouveau type de Sénégalais", qui refuse de monter "dans un bus surchargé, ne jette pas de déchets dans la rue, refuse de corrompre un policier, un Sénégalais conscient de ses droits et devoirs".

Selon Malick Ndiaye, sociologue à l'université de Dakar, "Y'en a marre est un interprète du mécontentement social au Sénégal" et mène son action "au nez et à la barbe des cadres traditionnels" de contestation que sont les partis et les syndicats.

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